8.4   DECAPITE

 

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J'appelais le grand Magellan sur Drhyz 08 mais la commutation ne s'opérait pas.

J'essayerais plus tard. Pour l'instant, je devais me sortir de cette zone de chaos, où des blocs de matière gros comme des montagnes me passaient au-dessus de la tête.

Heureusement, l'ordinateur du bord était suffisamment précis pour se frayer un chemin cohérent dans cet environnement de désordre.

Après une unité de vol, l'espace redevint calme. A cette distance, toute la matière propulsée s'était déjà consumée mais le cosmos gardaient la brillance de la déflagration.

Je me dirigeais vers ma planète avec la satisfaction du travail accompli. Pourtant, il me faudrait encore affronter Mioxe et ses milliers de mutants installés sur Drhyz 08.

Je n'eus pas le temps pour y penser davantage, j'arrivais déjà aux abords de Ghya.

La flottille des soucoupes volantes des agresseurs encerclait l'agglomération. Ils savaient sans doute que leurs planètes étaient pulvérisées.

Je survolais la grande cité et je mis le cap sur le stade de démonstrations sportives.

Par chance, le terrain était libre et Je pus m'y poser à nouveau. J'enfilais mon scaphandre qui me propulsa vers le laboratoire.

La vapeur finissait de se disloquer et les rues désertes reprenaient une allure presque normale. Arrivé au bâtiment des recherches, j'ouvris le sas et je me débarrassais de mon harnachement.

Je montais vers le niveau d'observation ; un silence inquiétant y régnait et j'eus soudain un affreux pressentiment. Je marchais prudemment dans le vaste niveau et, après quelques pas, je fis la découverte à laquelle je m'attendais : prés de la sphère centrale de contrôle, les corps déchiquetés du Grand Magellan, et des deux ingénieurs gisaient dans une mare de sang.

Je ne pus réfréner un mouvement de recul, et un sentiment de profond dégoût monta en moi.

Ce crime odieux avait sans doute été commis par Mioxe qui connaissait les codes d'entrée du bâtiment.

Soudain, je sentis une présence derrière moi. Dans un frisson, je fis demi-tour et je vis prêt à bondir, Mioxe et son regard brillant de cruauté.

Je me précipitais avec toute mon énergie vers l'escalier. Mioxe me poursuivait en poussant des grognements saccadés qui m'informaient sur son intention de me dévorer.

Je dégringolais les marches mais je l'entendais tout proche de moi. Je ne mis alors à repenser à cette terrible douleur que Jacqueline me transmettait au moment où j'absorbais les âmes des Terriens à purifier. Je focalisais toute mon attention sur ce souvenir, et ce sentiment d'agressivité intense remonta en moi. Je me retournais ; Mioxe s' apprétait à me sauter dessus mais là, ma haine fut bien plus puissante que la sienne. Je bloquais sa tête dans mes mains, et je saisis sa gorge entre mes mâchoires jusque a que mes dents se rejoignent. Un sang carmin jaillit comme un geyser de sa carotide sectionnée. J'arrachais la moitié de son cou. Il s'affaissa, avec un regard figé qui témoignait encore de sa surprise.

Il eut quelques sursauts convulsifs et mourut, baigné dans le sang qui finissait de se vider de son corps.

Je regardais cette scène encore dans un état second. J'avais, dans tous les sens du terme, décapité l'Invasion des mutants. Je recrachais les morceaux de chair que je tenais encore entre mes dents et je réalisais seulement ce que je venais de faire. Une violente nausée monta du plus profond de moi-même, et je courus vers une pièce d'hygiène pour me nettoyer le corps.

Je me déshabillais et j'actionnais le gyrostat. Le cylindre de lavage sortit du sol pour m'entourer. Les petits jets d'eau pulsée qui s'éjectaient de toute la surface de cette paroi rotative, me lavèrent des taches de sang et aidèrent à me remettre les idées en place.

Je me mis à réfléchir à ce qui venait de se passer. Mioxe, le mutant, n'avait pas eu la même réaction que son semblable qui se trouvait dans mon immeuble. Pourquoi en avais-je effrayé un et pas l'autre ?

Le gyrostat de lavage tournait autour de moi, et je faisais le vide dans ma tête en appréciant les micro-massages des innombrables petits jets d'eau qui me fouettaient. Soudain, le déclic s'opéra dans mon esprit : ce n'était, bien sur, pas moi mais Jacqueline qui avait terrorisé le premier mutant.

Je stoppais là ma toilette et j'enfilais ma combinaison qui, heureusement recouverte d'une substance anti adhérente, avait été épargnée de toute trace de Bang.

J'empruntais un passage parallèle et je pus rejoindre le sas de sortie sans croiser à nouveau le cadavre de Mioxe.

Dehors, la brume avait presque disparu permettant maintenant une visibilité parfaite.

La température se situait aux alentours de 42~ mais les rues restaient toujours désertes. Je me dirigeais vers mon immeuble avec la ferme intention de connaître le rôle exact de Jacqueline dans cette affaire.

En chemin, je croisais le grand auditorium des vibrations musicales puis la façade de granit turquoise du palais Magellaire ; je sentais mille regards m'observer à travers les parois de quartz des immeubles.

J'arrivais bientôt devant chez moi ; l'accès était débloqué. Je pénétrais dans le premier niveau, et je vis la silhouette de Jacqueline allongée sur le matelas d'hélium allégé qui flottait au milieu de la pièce. Je m'approchais doucement d'elle et une surprise de plus me saisit : Jacqueline était endormie dans une complète nudité. Une absolue sérénité se dégageait d'elle.

Elle avait retrouvé son aspect de femme humaine.

la suite

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