10.2 STOP

 

 

-" Tes amis ont apparemment tous parfaitement tout saisi mais, au risque de paraître stupide, peux-tu me préciser comment on va se rendre dans une ville, en restant inaperçus, alors qu'il est environ deux heures du matin ?" Demanda Jacqueline un peu désabusée.

Sans un mot, je sortis de ma poche une protection crânienne typique, confectionnée dans un tissu bleu-nuit, et je l'enfonçais suffisamment pour recouvrir la moitié de mes pavillons auriculaires. Jacqueline me regarda avec des yeux ahuris avant de s'esclaffer.

-" Mais ou as-tu trouvé ce béret basque ?" Réussit-elle enfin à articuler. Sans répondre, et avec le plus grand sérieux, je sortis de mon autre poche une prothèse oculaire, spécifique aux Terriens, faite d'une armature de plastique noir et de deux lentilles de verre épais. Je la plaçais sur mon nez et pour la Jeune femme, ce fut le coup de grâce - Elle faillit étouffer de rire.

-" Enfiles donc comme moi l'anorak qui se trouve dans la poche abdominale de ta combinaison, dis-je. Les autres frères Dhryz sont déjà' partis, nous n'avons pas de temps à perdre."

La jeune femme se ressaisit. Elle comprenait peu à peu en s'habillant.

-" J'espère que toute l'équipe n'a pas choisi le même déguisement." Lança-t-elIe.

-" Nous sommes peut-être de piètres guerriers, mais nous savons faire la différence entre stratégie et tactique." Répondis-je

Cette réponse parut suffire. Je consultais mon positionneur, une route se situait à moins d'une demi-U de marche. De là, La Javie était toute proche mais j'avais le sentiment que nous n'aurions pas besoin de nous y rendre. Noua dévalâmes le flanc de la colline, et l 'éclairage d'un véhicule de transport qui approchait sur ses boudins pneumatiques confirma mon intuition, J'expliquais brièvement la marche à suivre à Jacqueline et lorsque je sortis d'une autre de ses poches une liasse de tickets monétaires en cours dans cette région, son regard s'alluma.

-" Mais tu as au moins cent mille francs entre les mains," fit-elle hilare.

-" J'ai mieux !" Dis-je.

Je lui montrais alors une minuscule imprimante qui servait à synthétiser ces billets et son visage s'emplit d'une expression située à mi- chemin entre la joie et le soulagement.

Nous nous mîmes en travers de la voie et le camion s'arrêta. La transaction fut brève - Pour une trentaine de ces coupons verts que Jacqueline appelait Curie, le routier nous embarqua pour Nice sans hésiter, et insista lui-même pour nous conduire jusque devant l'immeuble de l'avenue Bourriglionne ou habitait précédemment Jacqueline.

L'homme avait exprimé bruyamment sa joie tout au long du trajet, et il noua remercia longtemps à l'arrivée. Comme les premiers de nos explorateurs l'avaient raconté les tickets monétaires avalent une influence quasi magique sur les humains et nos frères avaient eu la bonne idée d'en ramener quelques échantillons, convaincus qu'ils pourraient servir un jour.

Les premières lueurs du jour apparaissaient nous montâmes l'escalier étroit qui menait à l'ancienne chambre de. Jacqueline. Sur la porte ; une pastille de silicone rouge perforée par une petite ficelle attira mon attention. Je pensais à une quelconque symbolique rituelle dont Je savais les hommes friands, mais la Jeune femme précisa, sans paraître étonnée :

-" Ce sont des scellés, la police enquête."

Cela ne nous empêcha pas d'ouvrir ta porte. La pièce semblait telle que nous l'avions laissée. Une seule chose laissait un vide dans son souvenir : le tableau de la Vierge à l'enfant.

-" Cela me parait étrange de me retrouver ici, Je me demande bien ce qui s'est passé depuis mon départ." Dit Jacqueline en regardant le chevalet vide.

La femme tourna un peu dans la pièce fouillant et déplaçant les affaires qui lui étaient familières. Elle caressait les, poil de ses pinceaux comme si elle entretenait un rapport charnel avec eux, puis elle les abandonna pour tourner le potentiomètre d'un petit récepteur d'ondes radios. Un flot continu de vibrations musicales s'en échappa. Elle modifia la fréquence jusqu'à ce qu'une voix annonce :

-" vous écoutez Info-plus, la radio d'informations continues, il est six heures du matin nous sommes le mardi s novembre l99l."

La jeune femme écarquilla les yeux et me regarda d'un air ébahi

-" As-tu entendu ce qu'il vient de dire ?" Demanda-t-elle.

-" Rien ne m'a frappé en particulier" Répondis-je.

-" La date, Kuhing, elle est de six mois antérieure à celle de mon départ de la Terre !"

la suite

 

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