5 août 2000

J'arrive de chez Copine où nous avons parlé de tout et de rien, mais surtout de relations humaines (quoi d'autre) devant un bon verre de porto.

Ça arrive presque à tous les coups, si une conversation se prolonge suffisamment longtemps, même si elle est au départ totalement décousue et incohérente, quelque chose de positif finira par en sortir.

Nous parlions de nos manières respectives de faire face à la solitude. Quand j'ai acheté ma maison il y a huit ans, j'ai dû apprendre à apprivoiser cette solitude, car je suis profondément convaincu qu'on peut difficilement réussir à entretenir une relation saine avec une autre personne tant qu'on n'a pas appris à vivre avec soi-même. Pendant mes six premières années ici, je croyais avoir réussis à accomplir cela. Il y a environ deux ans je me suis mis à nouveau à la recherche de quelqu'un avec qui je pourrais partager ma vie.

Mais ma réaction des derniers mois face à la solitude m'a emmené à douter de moi, de ma démarche. J'en suis venu à croire que finalement je m'étais peut-être illusionné toutes ses années, que peut-être n'avais-je fait aucun progrès. Et l'idée de devoir tout recommencer à zéro me terrifiait.

Ce soir, j'ai compris quelque chose.

Je ne me trompais pas. Ces années passées seul avec moi-même, en paix, à profiter pleinement de la vie, n'étaient pas une illusion. Elles étaient un choix.

Maintenant, j'ai fait un autre choix, celui de quitter mon isolement, de partager ma vie.

Mais de compagne douce et attentionnée qu'elle a été pendant tant d'années, ma solitude est devenue une amante jalouse, possessive, presque psychotique. Elle refuse de me laisser partir, elle m'empoisonne l'existence. Si je réagis si violemment contre elle c'est que je m'y sens prisonnier, pris au piège.

Mes mots ne sont pas clairs ce soir, j'ai de la difficulté à matérialiser mes idées en phrases intelligibles. Mais je crois quand même que vous comprenez ce que je veux dire.

Bref, ce n'est pas parce qu'on rejette la solitude qu'on n'a pas fait la paix avec elle. C'est peut-être simplement parce qu'on veut passer à autre chose. Et on rage contre elle lorsqu'elle refuse de nous laisser partir.

Finalement, je ne suis peut-être pas aussi tordu et névrosé que je le pensais.


[jour précédent] [retour] [jour suivant]