15 août 2000

Pleine lune. Voilà quatre lunes que j'écris ce journal. Presque quatre mois. Un tiers d'année. Qui l'aurait cru ? Bon sang que le temps file... les feuilles des arbres vont commencer à rougir d'une semaine à l'autre.

J'ai pris congé cet après-midi, et même si les nuages sont arrivé exactement au dessus de chez moi au moment précis où je descendais de ma voiture (grrr) j'ai quand même profité de ces quelques heures pour m'étendre dans la pelouse et lire un bon livre. Le fond de l'air était si chaud de toute façon que l'absence du soleil se faisait à peine ressentir. Et l'eau de mon lac caressait toujours ma peau avec autant de douceur et de volupté.

Je me suis rendu utile aussi. J'ai coupé un arbre en avant de mon terrain qui était mort depuis plusieurs années. Il était temps d'ailleurs car j'ai réalisé qu'il était très pourri et il menaçait de tomber sur les fils électriques.

J'ai également taillé mes chardons. Et oui, vous avez bien lu, mes chardons. Laissez-moi vous expliquer.

Le chardon est une plante bisannuelle. La première année il produit cet espèce de petite plante aux feuilles rampantes et piquantes sur laquelle on se fait mal en marchant pied nu dans l'herbe (ce qui m'arrive très souvent). La deuxième année pousse une grande tige pouvant atteindre deux mètres de haut, couverte des feuilles aux aiguilles acérées (et parraît-il excellentes en salade mais il faudrait me payer très cher pour essayer) et portant des fleurs roses montées sur de véritables pelotes d'épingles. Une fois fécondées, ces pelotes s'ouvrent et libèrent des centaines de petites graines duveteuses que le vent emporte. Puis la plante meurt, laissant à ces graines (dont les chardonnerets sont très friands, d'où leur nom) le soins d'engendrer la prochaine génération. Voilà pour la leçon de botanique.

Donc, la première grande plante est apparue l'an passée dans ma cour et à ce moment là je trouvais ça très rigolo. Ses fleurs arrivaient à la hauteur de ma galerie et je pouvais donc m'asseoir bien tranquille et regarder toutes sortes de petites mouches, syrphes, papillons et abeilles venir les butiner allègrement. Et lorsque les fruits se sont ouverts j'ai même reçu la visite de quelques chardonnerets et autres petits oiseaux granivores.

Mais cet été, ils sont au moins une quinzaine de grands chardons couverts de fleurs, et les graines de l'an passé ont semé dans ma cour une multitude de plante de première année qui ont transformé une simple balade pieds nus en une expérience très angoissante.

Mais je ne veux pas les couper, car j'aime encore observer les abeilles les butiner. Que fais-je alors pour éviter de transformer mon terrain en champs de mines l'an prochain ? Très simple: dès que les fruits sont fécondés et ne sont donc plus d'aucune utilité pour les insectes, je les coupe. En les empêchant ainsi de se reproduire ils devraient avoir complètement disparu de ma cour dans deux ans.

Toute une histoire pour pas grand chose finalement...

La pleine lune ne me maltraite pas trop ce mois-ci. C'est la moindre des choses après ce qu'elle m'a fait subir la dernière fois. Je peux même dire que dans l'ensemble je me porte bien. Sauf pour ce vide que je ressens encore lorsque je sors sur ma galerie en fin de soirée pour regarder le jour céder sa place à la nuit, ce vide que j'ai essayé d'ignorer pendant tant d'années mais qui ne me quitte plus maintenant.


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