18 août 2000

Je vous avertis d'avance, mes propos risquent d'être très décousus ce soir.

C'est drôle. Quand je me fais bronzer nu avec mes amies, elles se sentent toujours obligées de m'avertir quand quelqu'un arrive par un sentier, quand un canot s'approche, etc. On dirait qu'elles sont tellement étonnées de voir que je ne suis pas gêné qu'elles se sentent obligées d'être gênées à ma place. Et même celles qui se font aussi bronzer nu agissent de la sorte. Étrange...

Je me sens comme une vieille photo mal fixée, accrochée à un mur. On la remarque encore, il arrive quelque fois qu'on s'arrête pour la regarder, mais c'est tout. Et au fil des années on la remarque de moins en moins, on l'ignore de plus en plus. Et lentement elle pâlit, elle s'efface, elle disparaît peu à peu, dans l'indifférence générale. Et toutes ses tentatives pour renverser ou ralentir le processus sont puériles et vaines.

J'étais invité pour une soirée chez Lolita ce soir. Je suis arrivé assez tard du travail, pour trouver sur mon répondeur un message de Copine pour me rappeler cette soirée et me préciser qu'elle commençait à 19h. Je ne m'attendais pas à ce que ça commence si tôt. L'avoir su d'avance, je me serais arranger pour finir de travailler moins tard. Mais j'aurais pu me dépêcher à souper, sauter dans la douche, et j'aurais sûrement pu m'y rendre aux environs de 21h30. Mais je ne me suis pas pressé plus que d'habitude. Maintenant il est trop tard.

Mais qu'est-ce que je veux au juste ? Qu'on me supplie à genou ? Lolita me plait, j'avais l'opportunité de passer une soirée en sa compagnie, elle m'avait invité et semblait sincèrement tenir à ma présence, et je n'ai pas fait plus d'effort qu'il faut pour y aller.

S'il y en a parmi vous qui me comprennent, de grâce donnez-moi signe de vie parce que moi je ne me comprend pas du tout.

J'ai envie d'une bière tient.

L'une des demoiselles dont je lis quotidiennement le journal en ligne écrivait il y a quelques jours qu'elle avait peur que la mort lui enlève ceux qu'elle aime. Vous savez, pas besoin de la mort pour faire le vide autour de soi. Il suffit simplement d'agir de façon suffisamment stupide pendant assez longtemps.

Demain, je suis également invité à passer la journée au chalet de Lolita, avec d'autres de ses ami(e)s. J'ai envie d'y aller. Quelle connerie vais-je encore faire pour saborder ma journée ? Les paris sont ouverts.

Mise en contexte: Je n'aime pas la vieille musique. Plus précisément: je n'aime pas que les gens de mon âge, pour la très grande majorité des cas, continuent à écouter la musique qu'ils écoutaient dans les années 80, en se fermant complètement à ce qui se fait aujourd'hui.

L'autre jour, au travail, en fin de journée, j'écoutais de la musique comme je le fais souvent lorsque tout le monde est parti sauf moi. L'une des chansons que j'écoutais avait environ cinq ans, et je me demandais si je n'étais pas en train de faire comme ceux que je critique tant, à savoir écouter de la vieille musique. Je me suis dit finalement que cinq ans, ce n'était pas si vieux que ça. Cinq ans, c'était hier à peine.

Et c'est alors que ça m'a frappé...

Cinq ans, hier à peine ? C'est pourtant l'intervalle de temps qui sépare le jour où j'ai acheté mon premier "dix vitesses", et le jour où j'ai atteint l'âge de la majorité. Et à l'époque, ce temps m'a paru une éternité !

Chacun sait que le temps semble passer plus vite au fur et à mesure que l'on vieillit. Mais la grande question c'est: pourquoi ?

Peut-être parce qu'à notre âge, on vit pour la prochaine fin de semaine, pour l'été qui s'en vient, pour nos vacances qui approchent. À treize ans, on ne vit que pour une chose: la fin de la journée, où on pourra aller jouer avec nos petits amis après l'école. Et il est bien certain que le temps semblera passer beaucoup plus lentement si on compte les jours au lieu de compter les semaines ou les saisons.

Serait-ce aussi simple que ça ? S'agirait-il tout simplement de vivre un jour à la fois ?


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