28 août 2000

Je suis allé faire immatriculer ma nouvelle voiture ce matin et c'est en voulant poser ma nouvelle plaque que j'ai réalisé que le pouce de ma main droite ne guérit vraiment pas comme il devrait. Cela fait plus de deux mois maintenant que j'ai eu mon accident et j'ai encore beaucoup de difficulté à exercer une quelconque force physique avec cette main. La douleur est encore très vive dans mon pouce dès que je lui demande un effort, et j'ai encore beaucoup de difficulté à le plier.

Je suis en ce moment dans un état qui m'arrive assez régulièrement depuis quelques mois: j'ai envie de manger quelque chose mais sans avoir vraiment faim, et aucun aliment auquel je peux penser ne me semble être ce dont j'ai envie. Ceci est un message très clair que mon alimentation n'est pas suffisamment variée. De toute évidence mon corps manque de quelque chose, mais ne sachant pas dans quel aliment le trouver, la sensation d'appétit que je ressens reste vague et imprécise, au lieu de me donner le goût de quelque chose en particulier. Je devrai donc écouter mon corps et prendre soin de varier davantage mon alimentation à partir de maintenant.

J'aimerais également vous parler de sauterelles.

Aucun rapport, me direz-vous.

Et vous aurez raison.

Mais ces petites créatures me fascinent ces derniers jours, ayant amplement le temps de les observer depuis que je profite de mes vacances en me faisant bronzer dans ma cour. Par exemple, elles semblent ressentir une attirance presque hypnotique pour ma serviette de plage. Peut-être est-ce le coton, mais quoi qu'il en soit je peux régulièrement les observer s'approcher subrepticement de moi en se faufilant à travers les longues herbes, puis, dès qu'elles embarquent sur ma serviette, se mettre à essayer d'en grignoter les fibres. Si je les chasse d'un geste de la main, elles s'échappent d'un bond qui les fait atterrir à quelques centimètres de distance, puis recommence immédiatement leur approche sournoise vers la serviette. Curieux, ne trouvez-vous pas ?

Autre information intéressante: elles mordent.

Et oui.

S'il arrive que, au hasard de leurs bonds, l'une d'entre elle atterrisse sur moi, elle se mettra presque infailliblement à essayer de grignoter ma peau pour voir si elle est comestible. Sans être vraiment douloureuse, cette morsure n'en est pas moins suffisamment saisissante pour mériter à la petite créature effrontée une bonne claque sur la gueule qui, je l'espère, lui enlèvera toute envie de répéter l'expérience à l'avenir.

Mais ce que j'aime le plus, c'est de regarder les mâles chanter, de les voir frotter rythmiquement leurs deux fortes pattes arrières sur leurs petites ailes rugueuses pour produire ce son si caractéristique; de les entendre se répondre les uns les autres, comme s'ils ne pouvaient pas permettre à leurs compétiteurs d'avoir le dernier mot; de les voir redoubler d'ardeur lorsqu'une femelle, intriguée par leur sérénade, se risque à pénétrer dans leur territoire tout en affichant son air le plus désintéressé qui soit. Étendez-vous dans l'herbe par une belle journée ensoleillée, choisissez-vous environ un mètre carré de pelouse que vous observerez attentivement pendant un certain temps, et vous verrez se dérouler sous vos yeux un scénario digne des meilleures intrigues amoureuses. Séduction, compétition, sexe, triangle amoureux, jalousie... tout y est.

Nous sommes si différents de toutes ses créatures qui nous entourent, et pourtant si semblables.


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