3 décembre 2000

Sept heures de route en deux jours, une plus ou moins bonne nuit de sommeil, un jeûne imprudent ce midi et un rhume agonisant mais qui lutte avec l'énergie du désespoir ont eu raison de ma bonne mine. Mon teint est blafard et de gros cernes trônent sous de petits yeux qui piquent. Rien dont une bonne nuit de sommeil ne réussira pas à venir à bout.

Malgré tout j'ai bien aimé ma fin de semaine.

Cousine et moi sommes partis seuls en direction de Montréal en début d'après-midi hier. Trois heures dont nous avons tiré profit pour jaser de tout et de rien, de nos relations passées et présentes, de notre relation que nous avons encore une fois clarifiée. Après trois passages consécutifs sur le pont Jacques-Cartier (longue histoire...) nous sommes arrivés au restaurant où nous avions rendez-vous avec sa copine qui devait nous héberger pour la fin de semaine. Celle-ci était en retard, mais un couple de ses amis nous attendaient et nous avons fait connaissance. Notre hôtesse est finalement arrivée quelques minutes plus tard, suivie peu de temps après par Lolita et l'une de ses colocs, qui partira avec nous dans le sud cet hiver. Cette dernière et moi-même avons profité de l'occasion pour faire plus ample connaissance. Durant le cours de la conversation, alors qu'elle venait juste de me souhaiter bon anniversaire en retard, elle m'a regardé silencieusement quelques secondes, un sourire au coin des lèvres, avant de lancer finalement:

- C'est presque impossible de croire que tu puisses avoir trente-neuf ans, on t'en donnerais à peine un peu plus de trente !

Ce compliment m'a d'ailleurs été réitéré quelques heures plus tard, quand Cousine dormait dans la chambre de notre hôtesse, alors que cette dernière et moi poursuivions notre conversation, emmitouflés dans nos sacs de couchage dans le salon où nous allions passer la nuit. Je disais à notre hôtesse qu'une des amies de Lolita m'avait déjà suggéré de mentir sur mon âge, car je pourrais sûrement me faire passer pour trente-trois ans.

"Très facilement en effet", me répondit notre hôtesse, avec un sourire.

Pourquoi cela est-il si important pour moi ? Je peux penser à au moins deux raisons. Premièrement, Je crois que tout humain qui rêve d'immortalité et qui est arrivé à un âge où il peut vraiment commencer à voir les ravages du temps sur son corps (i.e. les cheveux poivre et sel que je regardais avec dépit tomber sur le plancher alors que je me faisais couper les cheveux la semaine passée), ne peut faire autrement qu'être ravi de voir que le passage des années laissent sur lui moins de marque qu'il ne fait avec la moyenne des gens.

Deuxièmement, J'ai déjà dit dans ces pages que je vivais au quotidien avec l'impression que j'avais complètement gaspillé les huit dernières années de ma vie, au moins. Et maintenant, je me sens comme si le destin me redonnait ces années en disant: "Tiens, maintenant que tu as réalisé l'ampleur de ton erreur et pris la décision de la réparer, je t'offre une seconde chance."

Il n'en tient qu'à moi de ne pas la gaspiller cette fois.

Et maintenant je vais vous quitter pour aller rejoindre la douceur et le confort de mes draps.

Je me sens bien. Et je vous aime tous :-)


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