8 juillet 2000

Ma vie pour un bain chaud.

Chaleur... chaleur... chaleur...

Chaleur du sable, de la pierre... chaleur des rayons du soleil, d'une brise du sud... chaleur d'un corps contre le mien, d'un souffle dans mon cou, d'une peau moite de désir et de passion...

La chaleur c'est la vie. Le froid, la mort...

Mon terrain est couvert de petites fraises sauvages ! Je ne sais plus où donner de la tête. Il était temps ! Mieux vaut tard que jamais :-) Peut-être que les ours pourront finalement commencer à se nourrir en forêt au lieu de s'approcher trop près des humains...

Parlant d'ours, vous avez sans doute entendu parler aux nouvelles de cet ours à Trois-Rivières qui a dû être abattu après que les agents de conservation de la faune aient vainement tenté de l'endormir avec des fléchettes tranquillisantes. En fait, voila plusieurs minutes que je reste planté devant mon clavier, à me demander si je vais en parler ou non. Je ne veux pas ici partir un débat sur la protection des animaux, la chasse, le végétarisme, ou tout autre sujet du genre. Je ne suis pas végétarien, j'aime la viande, je l'adore même et je ne suis pas naïf du tout. Je sais très bien que les animaux que je mange ont dû être tués par quelqu'un. Mais les plantes que je mange aussi, et personnellement je n'ai jamais accordé plus d'importance à une forme de vie qu'à une autre. Je ne juge pas la valeur d'un être vivant en fonction de sa grosseur, son nombre, son espèce (incluant les êtres humains), ni même du règne auquel il appartient, animal ou végétal. En fait, j'essaie autant que possible de ne pas juger du tout la valeur de la vie. Je veux simplement dire que j'ai été bouleversé par la vue de cet animal qu'on abat, de le voir changer frénétiquement de direction, pris de panique, alors que les balles lui pénétrait le corps dans un petit nuage de fumée... bang ! bang ! bang !... de voir ses pattes arrières devenir inerte lorsqu'une balle lui a sectionné la moelle épinière, et de le voir continuer désespérément à se traîner avec ses seules pattes avant, à s'accrocher au peu de vie qui lui restait... jusqu'à ce que la mort miséricordieuse viennent finalement mettre fin à ses souffrances...

J'en entend déjà me dire que je devrais faire preuve de la même compassion pour la pauvre Mary Bette Miller, tuée par un ours dans la région de Valcartier cette semaine. Et vous avez fort probablement raison. Comme je l'ai dit plus haut, je ne veux pas partir un débat. Je ne prétend pas que mes sentiments face à ce qui s'est passé sont logiques et cohérents, je ne juge pas ceux qui ont pris la décision d'abattre cet ours, ni la façon dont ils l'ont fait. Je suis sûr qu'ils ont pris la meilleure décision possible dans les circonstances et dans le peu de temps qu'ils avaient pour la prendre.

Je ne veux pas non plus prendre parti ni pour les défenseurs des droits des animaux ni pour les chasseurs et pêcheurs. Je possède parmi mes amis des gens qui appartiennent aux deux clans. Je veux seulement dire ceci, et c'est là strictement mon opinion personnelle: si tous les chasseurs sont régulièrement témoins du genre de spectacle que la télévision nous a offert aujourd'hui, alors je ne réussirai jamais à comprendre comment ils peuvent en venir à retirer un quelconque plaisir à pratiquer ce loisir.

Merde, j'espère que je ne vais pas me faire "blaster" pour ces commentaires. Mais même si c'est le cas, je m'en fout. Ceci est mon site, j'y exprime mes opinions, qu'elles soient ou non logiques, cohérentes ou morales. Et j'avais besoin de sortir ça de mon système. Voila, c'est fait, tournons la page.

Changement de sujet. Si je vous parlais de ma semaine de vacances maintenant ?

Comme vous avez pu le lire hier, Copine, sa copine (que j'appellerai désormais Lolita) et moi avons passé les cinq derniers jours dans la région de Keene Valley, près de Lake Placid, en plein coeur de la région des Highs Peaks des Adirondacks, dans le nord de l'état de New York. Nous avions originellement planifié de passer ce temps en camping sauvage et étions équipés en conséquence. Cependant, le hasard et la présence d'esprit de Lolita nous ont fait découvrir un charmant établissement ouvert depuis peu et semblable à une auberge de jeunesse (avec douches, cuisinettes, et lits à l'étage) où un couple très gentil nous ont accueillis. Pour un montant dérisoire, ils nous ont permis de piquer notre tente dans leur cour, tout en nous donnant accès à toutes les autres commodités de leur établissement. Nous avons donc décider d'y passer toute la semaine. Il va sans dire que la rencontre d'hôtes si gentils et hospitaliers a grandement contribué au plaisir de notre voyage. Nous avons développé une relation particulière avec eux au fil des jours. Dave m'a même apporté un coussin chauffant pour mon genou après notre premier jour de randonnée ! Quand à moi, je lui ai fait profiter de mes connaissances botaniques en lui apprenant à reconnaître l'herbe à puce, abondante dans cette région, et sur laquelle il avait eu le malheur de se frotter deux semaines plus tôt en travaillant sur son terrain. C'est même lui qui nous a apporté un matin un exemplaire du journal local qui, croyez-le ou non, faisait mention en première page de l'attaque de Mary Bette Miller par un ours dans la région de Valcartier. Leurs conseils furent également d'une grande valeur pour nous permettre de planifier nos randonnées et découvrir les merveilleux petits coins de nature où nous avons flâné au soleil.

Nos hôtes semblaient même triste de nous voir partir. Lorsque nous leur avons demandé leur numéro de téléphone afin de réserver notre prochain séjour, ils nous ont simplement répondu: "No need. There will always be room for you here, no matter how full we are". 

Il y a tant de choses à dire que je serais tenté de tout vous raconter par ordre chronologique, mais je crois que ce serait emmerdant au possible, autant pour vous que pour moi. Voici donc une version télégraphique.

Jour un: Temps couvert et très humide mais chaud. Légère pluie occasionnelle. Randonnée sur le mont Hurricane.

Jour deux: Ciel variable mais de plus en plus ensoleillé au fur et à mesure que la journée avance. Aucune randonnée. Journée de rêve sur le bord d'une rivière à nous baigner et nous faire bronzer au soleil.

Jour trois: la plus belle journée sur le plan météorologique. Temps chaud et sec, le regard porte à l'infini, aucun nuage, ciel bleu immaculé du matin au soir. Ascension du mont Noonmark. On finit la journée sur le bord de la même rivière que la veille.

Jour quatre: Sous un ciel nuageux et un temps frais, ascension des monts Cascade et Porter. Comme ceux-ci font parti des quarante-six sommets des Adirondacks dont l'altitude dépasse quatre mille pieds, nous avons donc officiellement commencé notre démarche pour devenir des "46ers". Plus que quarante-quatre monts à gravir ! Le ciel se dégage au retour de Porter, et nous finissons donc la journée une fois de plus sur le bord d'une rivière.

Jour cinq: Sous un soleil radieux, nous emballons notre matériel, remercions et disons au revoir à nos hôtes et prenons la route pour le retour.

Entracte.

Malgré le soleil qui brille, le tonnerre gronde au loin. Un gros nuage noir s'approche. Il va masquer le soleil d'une minute à l'autre... voila, c'est fait.

Je me rend compte que quand j'écris des gros textes comme aujourd'hui, je me sens toujours pressé de le publier sur mon site, et j'ai tendance à vouloir abréger, écourter, couper les coins ronds.

Relaxe Laqk, relaxe. Ce n'est pas un journal commercial que tu produis. Il n'y a pas d'heure de tombée ici.

Fin de l'entracte.

Ma jambe: Voici certainement un des points les plus positifs du voyage ! Durant la semaine précédent mon départ, je n'avais constaté aucune amélioration significative de sa condition et cela m'inquiétait beaucoup. Lorsque je me suis retrouvé au départ du sentier du mont Hurricane, mon bâton de marche à la main, je dois avouer que je me demandais ce que je faisais là. Mais je me suis mis en marche, sous les encouragements de mes gentilles compagnes.

Après deux heures de douloureuse montée, j'arrivai finalement au sommet. Épuisé, souffrant, mais gonflé d'orgueil, je posai fièrement mon pied endolori sur le point géodésique indiquant le sommet. À ma grande surprise, après quelques minutes de repos seulement, la douleur de ma jambe s'était résorbée au niveau d'avant la montée. J'entrepris donc la descente avec un certain optimisme.

Bien mal m'en pris.

Celle-ci fut rien de moins qu'agonisante. La pauvre Lolita, compatissante mais visiblement blasée, décida finalement de partir en avant et de nous attendre à la voiture. Quand à Copine, elle choisit de rester avec moi pour m'accompagner dans ma douloureuse épreuve qui se termina finalement après une heure et demi.

De retour à l'auberge, c'est là que notre hôte m'a apporté le coussin chauffant dont je me suis emparé avec grand plaisir.

Le lendemain matin, et à ma grande surprise, ma jambe me faisait moins mal que la veille ! C'est alors que nous avons décidé de ne pas faire de randonnée cette journée là, question d'accorder vingt-quatre heures de repos à mon pauvre corps.

Les deux jours suivants furent quasi miraculeux. Mercredi, je suis parvenu sans peine à suivre Lolita, pourtant une randonneuse accomplie, lors de l'ascension du mont Noonmark et ce sans bâton de marche, et nous sommes donc parvenus au sommet tous les trois en même temps. La douleur était présente mais parfaitement supportable. J'ai quand même pris soin d'entreprendre la descente avec prudence, et de ma taper une autre petite séance de coussin chauffant à la fin de la soirée. Notre plus longue randonnée de la semaine, Cascade et Porter, s'effectua sans encombre le lendemain, et jeudi soir, pour la première fois depuis trois semaines, je pouvais poser ma main sur la zone sensible de ma jambe sans sursauter de douleur. À l'heure où j'écris ces lignes, je vous dirais que ma jambe a récupéré à 95% ! Comme quoi, quand on aime son corps, qu'on en prend soin et qu'on lui donne ce qu'il nous demande, mais sans le traiter en "moumoune", il peut récupérer à une vitesse surprenante. J'ai d'ailleurs l'impression que l'effort que je lui ai demandé lundi, loin de lui nuire, fut au contraire l'élément déclencheur du processus de régénération.

Bon ! Assez pour ce soir. La suite demain.

Quoi ? Ma journée d'aujourd'hui ? Et bien je l'ai passé à faire la navette entre mon clavier et le bord de mon lac, lorsque le soleil réussissait à percer à travers les nuages.

Voila, c'est tout. Bonne nuit à vous, vous m'avez manqué :-)


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