16 juin 2000
Toutes les fenêtres sont ouvertes. Le chant des grenouilles se superpose à tous les autres sons de la maison. La condensation coule lentement sur ma bouteille de bière. Une brise rafraîchissante entre occasionnellement par la fenêtre derrière moi et souffle doucement sur ma nuque chaude.
Un insecte voltige depuis une heure autour de moi. Ce n'est pas un insecte piqueur. Il aura la vie sauve. Quand à cet autre, un maringouin, il n'est plus qu'une tache au creux de ma main...
C'est la première vraie nuit d'été. C'est également la pleine lune. Cela fait donc deux lunes que j'écrit mon journal.
J'ai complètement nettoyé ma chambre à coucher hier soir ! Cette nuit, malgré mes légers draps de coton, je crois bien que je vais dormir sur mes draps, vu la chaleur. Mais pas avant d'être allé faire un bain de minuit dans le lac.
Et bien non. Pas d'amour au clair de lune au milieu du lac ce mois-ci. L'occasion aurait pourtant été idéale.
J'ai passé la première moitié de l'après-midi avec Copine aujourd'hui. Nous sommes allés sur une petite plage de sable sur le bord d'une rivière pour savourer la chaleur, l'eau et le soleil. Après une petite jasette pendant laquelle nous avons dispersé quelques malentendus entre nous (dont je vous donnerai peut-être les détails un jour), notre conversation a glissé vers notre sujet préféré: nos vies sexuelles respectives (ou plutôt notre absence de vie sexuelle...).
Notre conversation fut brièvement interrompue par l'arrivée impromptue de trois rafts descendant la rivière, remplis d'une dizaine de personnes chacun, qui obligèrent Copine à se précipiter vers la serviette la plus proche... Voyez-vous, elle n'est pas encore tout à fait à l'aise avec sa nudité. Elle ne se fait bronzer nue que depuis l'an passé, et ne l'a fait qu'avec moi à date.
C'est en revenant vers la voiture que nous avons eu une belle surprise. Dans le sentier à une dizaine de mètres devant nous, nous avons d'abord aperçu la silhouette de ce qui nous a d'abord semblé être un très gros chien. Mais quelques secondes seulement nous fûmes suffisante pour réaliser notre erreur, quand l'animal en question tourna la tête dans notre direction. Il s'agissait d'un magnifique chevreuil. Nous sommes resté ainsi de longues secondes à nous regarder, immobiles. Copine et moi partagions le même émerveillement. Quand à notre visiteur, il choisit la prudence et décida de s'enfoncer dans le bois, sans un bruit, sans casser une seule brindille. La dernière partie que nous vîmes de lui fut sa petite queue blanche dressée en signe d'alerte.
Ça me fait tellement du bien de pouvoir partager toutes ces merveilles avec vous.
Malgré ce qui semblait être une journée de rêve, j'ai quand même ressenti une légère déprime en arrivant chez moi, à la pensée que j'allais encore passer une fin de semaine complètement seul, car Copine la passera à l'extérieur de la ville. Mais ce sentiment fut de courte durée. L'isolement dans lequel je me suis cantonné depuis des années ne se brisera pas du jour en lendemain, je dois en être très conscient.
En allant faire un tour de canot après le souper, je suis allé à la source du lac, pour constater que les meuniers noirs ont commencé leur montée printanière. Ils étaient si nombreux qu'à l'arrivée de mon canot, leur fuite provoquait un tourbillon d'eau et un nuage de vase qui obscurcissait complètement le fond du lac ! Plusieurs d'entres eux avaient déjà atteint la rivière, alors que plusieurs autres frétillaient allègrement dans le tunnel métallique passant sous la route. Espérant les voir émerger, je suis resté assis à la sortie du tunnel aussi longtemps que le nuage de moustique qui m'entourait me le permit. Je dû finalement me résigner à retourner à mon canot, exaspéré par la horde de vampires qui me harcelait.
La nuit est si belle et douce. Le ciel est variable en ce moment, et c'est tellement beau de voir la pleine lune émerger puis disparaître à nouveau derrière le chapelet de nuage qui défile rapidement dans le ciel.
Bonne nuit à vous. Et si vous avez un conjoint ou une conjointe, et bien abusez-en... ;-)