23 juin 2000

Mon corps se régénère à une vitesse qui me surprend moi-même. Mes ecchymoses se décolorent si vite que les gens au bureau risquent de ne pas croire à mon histoire lundi matin... jusqu'à ce que je leur montre mon hideuse blessure à la tête... ouache.

Parlant de blessure à la tête, je suis allé à mon rendez-vous chez le médecin cet avant-midi. Il m'a confirmé ce que je pensais déjà: aucune infection, et la plaie, bien que laide, cicatrise très bien. Je devrais pouvoir me faire enlever mes points de suture mardi prochain comme prévu.

Je me suis rendu à l'hôpital par mes propres moyens et ça a très bien été. Mon bras et ma jambe ont très bien répondu. Je dois avouer que j'avais un petit pincement chaque fois que je croisais un vélo sur la route. Pas que je repensais à l'accident, mais plutôt que j'avais peur qu'une distraction ou un moment d'inattention de ma part en cause un.

Nous avons tous eu des distractions à un moment ou un autre au volant. Et chacune de ces distractions aurait pu causer une catastrophe. Vous savez une des pensées que j'ai eu lorsque j'étais étendu sur l'asphalte juste après l'accident ? Je me demandais si c'était moi le responsable. C'est bien moi ça. J'étais couché en plein milieu de la rue, sonné, les jambes et les bras paralysés, pissant le sang, et je me demandais si c'était de ma faute.

Mais au contraire, en y repensant, je me rend compte que j'ai été tout à fait lucide, vif d'esprit, et qu'en situation de crise, avec quelques fractions de secondes pour prendre une décision, j'ai eu d'excellents réflexes qui m'ont très probablement évité le pire. Je n'ai jamais été nerveux au volant ou en vélo car j'ai toujours cru en moi, en ma capacité à faire face à une situation lorsqu'elle se présenterait, et cet incident me prouve que j'avais raison de me faire confiance. Je dois conserver cette confiance en moi. La peur est une réaction émotionnelle normale face à une situation potentiellement dangereuse. C'est une bonne chose, elle nous incite à prendre les précautions nécessaires pour éviter une catastrophe. Mais je ne dois pas laisser cette peur se muter en angoisse, qui elle, nous handicape et nous paralyse.

J'ai passé une bonne partie de mon après-midi sur le bord du lac, nu, au soleil. J'avais définitivement besoin de son énergie régénératrice. En utilisant mon petit oreiller de camping sous ma nuque j'ai pu me coucher sur le dos, la tête bien droite, sans m'appuyer sur ma coupure à la tête. J'ai offert mon petit corps meurtri aux chauds rayons du soleil et à la caresse de l'eau du lac, dans laquelle, libéré de la gravité, je réussissais à oublier l'espace de quelques minutes mes contusions et mes entorses.

Encore une fois, j'ai été surpris de voir à quel point le lac est peu utilisé par ses résidants, même par de magnifiques journées de congé comme aujourd'hui. De tout l'après-midi je n'ai vu qu'une seule demoiselle qui faisait du kayak. D'ailleurs c'est peut-être mon imagination, mais j'ai eu la distincte impression que sa promenade sur l'eau l'amenait plutôt souvent à passer près de moi... curiosité sans doute. Enfin, espérons simplement qu'elle a aimé ce qu'elle a vu... ;-)

Seule ombre au tableau: les mouches à chevreuil ! En plus, ces sales bêtes n'arrêtaient pas d'essayer de me piquer sur ma coupure à la tête ! Pas opportunistes à votre goût les salopes ?! Et en plus une demi douzaine de libellules étaient plus occupées à se battre entre elles pour avoir les droits exclusifs à la piste d'atterrissage que constituait mon ventre qu'à faire leur travail, c'est à dire manger des mouches !

J'aimerais profiter de l'occasion pour remercier tous ceux et celles qui m'ont envoyé de beaux messages de sympathie et de prompt rétablissement pour mon accident. Merci de votre gentillesse :-) Je sais aussi que j'ai pris un peu de retard sur mon courrier. Je vais faire mon possible pour corriger la situation dans les plus brefs délais.

Bon, mon doigt est encore enflé... je suppose que rien ne sert de brûler les étapes, et qu'il faut laisser le temps à mon corps de faire son travail...

Je vais passer la journée seul demain et ça m'écoeure. Je suis trop dépendant de Copine pour mes fréquentations. Je n'ai pas à lui mettre ce genre de responsabilité sur les épaules d'ailleurs.


[jour précédent] [retour] [jour suivant]