16 mai 2000

À mon réveil ce matin, le soleil brillait du tous ses feux dans un ciel bleu d'azur. Je n'ai pu (ni voulu) m'empêcher d'aller flâner quelques minutes sur le bord du lac, dont la surface était lisse comme un miroir. La tentation d'y plonger fut grande, mais j'y résistai, n'osant pas violer cette tranquillité si sereine (et aussi, avouons-le, craignant la froideur printanière de l'onde). L'eau était si calme et transparente que je n'ai eu aucune peine à distinguer un banc d'une dizaine de crapet-soleil s'approcher lentement de la rive et examiner avec curiosité cette étrange silhouette bipède qui les observait avec ravissement. Partout autour de moi, les oiseaux s'en donnaient à coeur joie, au grand plaisir de mes oreilles. De l'autre côté du lac, dans le marais, me parvint le cri étrange d'un butor. Un léger clapotis attira mon attention et je vis apparaître de derrière les arbrisseaux un petit rat-musqué, avançant lentement sur l'eau et s'apprêtant à passer devant moi. Lorsqu'il m'aperçut, il eu tôt fait de s'éloigner de la rive et de commencer à décrire un grand demi-cercle pour passer le plus loin possible de moi, pour finalement décider que le risque était trop élevé et plonger sous l'eau, où je pus continuer à suivre sa progression par le filet de petites bulles d'air qu'il semait derrière lui.

C'est alors qu'un mouvement à mes pieds attira mon regard. Baissant la tête, j'aperçu une magnifique petite salamandre qui se faufilait entre les brindilles, pour elle des tronc d'arbre, avant de pénétrer dans l'eau et de s'immobiliser. La curiosité étant trop forte, je la pris dans ma main pour l'observer, à son grand déplaisir d'ailleurs. Mais après une minute, réalisant sans doute qu'elle ne pourrait m'échapper de toute façon, elle cessa de se débattre et accepta de se prêter, de bien mauvaise grâce, à mon investigation. Son ventre était jaune ocre, et son dos d'un brun irrégulier, parsemé de petits points de couleur rouille. J'ignore à quelle espèce elle appartient, mais ces salamandres sont assez fréquentes par chez moi. On les voit souvent sur le bord des rues après une pluie chaude de fin d'après-midi au début de l'été. Je me permet d'ajouter que je les trouve mignonnes comme tout. Saviez-vous que ces petites créatures se déshydratent si rapidement que de les tenir loin de toute source d'humidité peu causer leur mort après quelques minutes seulement ?

Ne voulant pas abuser davantage de la bonne volonté de ma prisonnière, j'ouvris ma main, sur laquelle elle donna quelques coup de queue de protestation avant d'en descendre et de retourner dans l'eau, où après une minute elle sembla avoir complètement oublié l'expérience qu'elle venait de vivre.

J'adore mon petit coin de paradis.

Et vous voulez que je vous raconte ma journée au bureau après ça ?

C'est bien ce que je croyais ;-)

De toute façon, il ne s'y est rien passé qui soit digne de mention, à l'exception bien sûr d'une courte jasette en fin de journée avec ma consoeur de travail, dont la compagnie, si brève soit-elle, ajoute toujours un rayon de soleil à mon existence parfois un peu triste.


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