27 mai 2000

J'ai passé une belle journée. Deux de mes amis sont venu ici et nous sommes allés explorer des abris sous roche dans la falaise derrière chez moi. Le ciel était surtout couvert, et quelques gouttes tombaient à l'occasion, mais le soleil s'est également pointé le bout du nez, et à des moments bien choisis en plus, comme par exemple lorsque nous nous reposions après l'ascension de la falaise. Il a illuminé de ses chauds rayons à la fois nos visages et tout le paysage qui s'offrait à nos yeux. C'est alors que j'ai pleinement réalisé à quel point ce paysage m'avait manqué, à quel point il peut être beau tout drapé de verdure.

On dit toujours que s'il n'y avait pas l'hiver on ne pourrait pas apprécier autant l'été. Vous croyez à ça vous ?

Je me dois cependant de souligner un événement qui est venu ternir cette journée.

Tout à l'heure, alors que je revenais de faire une commission en voiture, j'ai tué un oiseau.

Une petite vie s'est éteinte, comme ça, sous mes yeux. Une petite silhouette brune apparaît dans mon champs de vision, pour en disparaître aussitôt une fraction de seconde plus tard. J'entend un petit "poc", à peine audible, et voilà, tout est fini. En arrivant chez moi, je craignais de trouver son petit corps disloqué imprimé dans ma grille de radiateur, mais non... rien... aucune trace.

C'est si fragile, une vie.

Je sais que pour plusieurs la vie d'un oiseau ne représente pas grand chose. Mais en ce qui me concerne je ne juge pas la valeur d'une vie en fonction de l'espèce à laquelle elle appartient. Peut-être que quelque part dans un nid douillet, de petits oeufs refroidissent lentement et que demain, plus aucune vie ne palpitera à l'intérieur de leur fragile coquille, par ma faute.

Alors, petit être, l'ironie du sort a voulu que ce soit ton meurtrier qui dise ton apologie. Il ne peut que te demander pardon pour avoir si abruptement mis fin à ta brève existence, et immortaliser par écrit la grande tristesse qui l'habite.


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