30 mai 2000

Depuis plusieurs jours je suis obligé de débrancher la batterie de ma voiture pour éviter qu'elle ne se draine. De plus, j'ai peur que ma portière me reste dans les mains chaque fois que je l'ouvre, ma porte arrière prend l'eau, mon câble d'embrayage rouille au point qu'il m'est de plus en plus difficile de changer de vitesse, ma roue avant gauche grince à tel point que j'ai peur de la perdre, je peux aisément arracher mon bas de caisse à mains nues, et pour couronner le tout, un languette de plastique décollée du haut de mon pare-brise bat au vent sur le toit de ma voiture, imitant à la perfection le son d'un pic-bois s'en donnant à coeur joie sur une poubelle de métal.

Je crois pouvoir affirmer que ma voiture peut être officiellement qualifiée de "minoune".

Je suis chanceux. J'ai toujours le soleil à ma gauche dans le ciel, lorsque je vais au travail le matin ou lorsque j'en reviens en fin d'après-midi, ce qui me permet de sentir sa chaleur sur ma joue tout le long du trajet.

Le printemps est vraiment la saison de l'éveil des sens, en ce qui me concerne en tout cas. Les couleurs succèdent au noir et blanc de l'hiver, tout ces nouveaux sons, ces odeurs, les caresses du soleil, de l'eau et de la brise sur notre peau, qui est maintenant plus libre de les ressentir parce que moins entravée par d'épais vêtements lourds et inconfortables...

Je suis content que mon état d'âme se soit considérablement amélioré ces derniers jours. À toutes les autres angoissent qui m'étreignaient s'ajoutait celle de ne pas pouvoir profiter pleinement du printemps et du regain d'énergie et de joie de vivre qu'il m'apporte habituellement.

Partout autour de moi, je n'entend que des plaintes que le mois de mai est froid, gris, pluvieux... Mais pour moi, il est une délivrance.


[jour précédent] [retour] [jour suivant]