10 octobre 2000

Trois jours. Mille cinq cent kilomètres. Une température qui n'a jamais dépassé dix degrés. Et pourtant une voyage qui fut somme toute fort agréable.

Nous avons pris la route tôt samedi matin, sous un ciel nuageux et par un temps plutôt froid pour la saison. Mais sur la route le soleil nous a quand même fait de nombreux clins d'oeil. Bien sûr, malgré le fait qu'il s'agissait d'une journée de fin de semaine, il a quand même fallu que le trafic nous ralentisse en traversant l'île de Montréal, mais bon...

Sans vouloir dénigrer ou juger qui que ce soit, je me suis toujours demandé comment quelqu'un pouvait aimer vivre dans une grande ville comme Montréal. Par le passé on m'y a déjà offert un emploi fort intéressant, alors que mon travail actuel était encore incertain. Mais j'ai refusé. Je ne pouvais tout simplement pas m'imaginer ruiner ma qualité de vie pour gagner ma vie.

Mais je digresse.

Copine et moi avons passé la fin de semaine dans la région des mille îles en Ontario. La première journée fut essentiellement de la route. Nous sommes surtout demeurés sur l'autoroute jusqu'à la "Tousand island parkway" ou nous avons roulé le long du fleuve Saint-Laurent jusqu'à la ville de Gananoque où nous avons pris une chambre dans un Bed & Breakfast avant de souper et de flâner le reste de la soirée dans la maison de nos hôtes, que nous avions à nous seuls puisque ceux-ci sont partis faire la fête alors que nous revenions du restaurant.

Départ tôt le lendemain matin en direction du parc provincial Sandbanks. Il s'agit d'une flèche littorale s'avançant dans le lac Ontario. Ses dunes de sables sont les plus grandes au monde en eau douce. Journée froide, venteuse, et la plupart du temps nuageuse. Polar, veste imperméable, gants et couvre-chef étaient de mise. La baignade était bien sûr hors de question, mais il était quand même aisé de comprendre pourquoi ce parc grouille de monde pendant la belle saison. Les dunes de sable, qui forment de petites collines arrondies et partiellement fixées par une végétation éparse, s'étendent aussi loin que porte le regard. Chaque colline gravie révèle un nouveau paysage. À un endroit, un promontoire de sable était surmonté par un bouleau blanc aux branches tordues. Ses racines partiellement dégagées par les vents réussissaient quand même à fixer suffisamment en place le sable des dunes pour assurer la survie de cette petite colline. Les creux suffisamment profonds pour que l'eau s'y accumule étaient colonisés par une végétation marécageuse entre les tiges de laquelle des petites grenouilles vertes, apparemment peu affectées par le temps froid, sautaient à l'eau pour se cacher sous les feuilles à notre approche.

Un regard vers le sol nous révèle aussitôt les traces de pas de ce qui semblait être un quelconque cervidé, fort probablement un chevreuil. Les traces sont dérisoirement facile à suivre dans le sable. Nous marchons donc dans les pas de notre animal inconnu pendant une bonne demi-heure, jusqu'à l'orée d'un des rares bosquets d'arbres dans lequel nous perdons sa trace, à cause de la végétation trop dense au sol. En passant: l'herbe à puce est abondante dans ce parc; avis aux intéressés.

Puis, un mystère. Partout dans le sable, on peut déterrer des coquilles de ce qui est de toute évidence une sorte de gastéropode aquatique, alors que nous sommes encore à plus de cent mètre du rivage. Comment ces coquilles ont-elles fait pour se retrouver là ? Les marées ? Elles sont loin d'être suffisamment haute sur le lac Ontario. Les tempêtes ? Très possible. Après tout, les grands lacs sont de véritables mers intérieures, et par mauvais temps, les vents déchaînés peuvent aisément y soulever des vagues qui n'ont rien à envier à celles des océans, comme en témoigne d'ailleurs l'histoire maritime de cette région ainsi que les nombreuses épaves qui jonchent les fonds sablonneux et qui font la joie des plongeurs amateurs.

Nous voyons de gros nuages noirs et menaçants poindre à l'horizon, et nous décidons donc de revenir vers la voiture par la très belle plage, longue de plusieurs kilomètres, qui donne sur le lac Ontario, si immense qu'on n'en voit pas l'autre rive. L'illusion est parfaite, on se croit réellement sur le bord de l'océan, à l'exception de deux indices qui trahissent la supercherie: l'absence de l'odeur caractéristique de la mer, et la présence partout dans le sable de coquilles vides de moules zébrées, une espèce d'eau douce. Sur le chemin du retour, nous nous laissons bercer par le bruit du ressac, essayant d'oublier le vent froid qui tente vainement de traverser notre armure textile pour nous glacer les os. À notre grande surprise, nous voyons le long de la plage des papillons Monarque, en retard sur leur migration et incapables de voler à cause du froid, qui n'ont d'autre choix que d'attendre là, sur le bord du lac, que les températures des jours suivants remontent suffisamment pour leur permettre de prendre leur envol et de rejoindre leurs congénères, déjà en train de se rassembler à la pointe Pelée, en préparation de la longue traversée du lac Érié.

À l'instant précis où j'ai enfoncé la clé dans la serrure de la portière de ma voiture, la grêle a commencé à s'abattre sur nous. Plus loin dans le stationnement, on pouvait observer une jeune femme jouer avec son bambin sous les éléments, alors que le papa filmait la scène par la fenêtre ouverte de leur véhicule dans lequel il restait à l'abris, sans doute pour  ne pas risquer d'endommager la vidéo-caméra.

Dans la petite municipalité de Picton, à quelques kilomètres du parc, nous avons eu de la difficulté à trouver une chambre. Presque tous les Bed & Breakfast étaient déjà pleins, et ce malgré la saison, car apparemment cette région est une destination assez populaire en automne, et il s'agissait quand même d'une fin de semaine de trois jours. La chance nous a quand même permis de trouver un endroit où les deux seules chambres, occupées la veille par les membres d'une même famille, s'étaient libérées quelques minutes auparavant à peine à cause d'une "family emergency". À notre arrivée, notre hôtesse était d'ailleurs encore en train de faire les chambres et de nettoyer la salle de bain. L'endroit était moins luxueux que ce à quoi nous sommes habitué, mais nous n'avions guerre le choix. D'ailleurs notre hôtesse semblait fort sympathique. Elle nous a recommandé un petit restaurant à l'ambiance très agréable, au service impeccable et à la nourriture excellente. Si un jour vous allez en vacance dans la région, je ne peux que vous recommander le "Hidden Bistro", sur la route 49 à Picton. Malgré son nom, il est aisé à trouver et vous ne le regretterez pas.

Note: Je n'ai pas été payé pour cette publicité ;-)

Je suis fatigué. La suite demain.

Bonne nuit à vous :-)


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