11 octobre 2000

Beaucoup de beauté s'est offerte à moi aujourd'hui. Beauté des montagnes dont seuls les sommets étaient couverts de neige qui cachait leurs coloris d'automne, beauté de cet arc-en-ciel dont l'une des extrémités semblait pleuvoir sur le clocher d'une église à l'horizon, beauté de Consoeur qui me fait si mal...

La suite.

Lundi matin. Copine et moi nous levons pour contempler un soleil aveuglant qui brille dans un ciel sans nuages. Après un copieux déjeuner incluant rôties, jambon, chaussons aux pommes, pommes de terre rissolées et oeufs au miroir, nous devons sortir le grattoir pour dégivrer le pare-brise de ma voiture avant de prendre la route, direction Gananoque. Et oui, retour à cette ville où nous arrivons un peu avant midi. Le temps s'est lentement ennuagé tout le long du trajet, et nous entreprenons une croisière d'une heure dans les mille-îles sous un ciel complètement couvert. La croisière est agréable, mais le vent glacial nous oblige à rester à l'intérieur du bateau la majeure partie du temps. Coup de chance: nous apercevons un immense maskinongé surgir hors de l'eau quelques secondes à peine avant que le haut-parleur du bateau nous informe que la région des mille-îles est réputée depuis plus d'un siècle pour la pêche de ce poisson.

De retour au quai, nous reprenons la route. Bref arrêt dans une petite ville le long du trajet pour faire provision de quelques beignes qui nous tiendrons lieu de dîner. Une fois de retour au Québec, nous choisissons de continuer le chemin du retour par la route 20. Malheureusement, à la sortie de l'île de Montréal par le pont Champlain, nous tombons victime de l'infâme sortie de Brossard, et nous nous retrouvons bien malgré nous dans cette ville. Après quelques détours plutôt aléatoires, nous choisissons finalement de poursuivre notre chemin par l'autoroute 30 vers Sorel, d'où nous terminerons notre route par la 132, à travers les petits villages qui bordent la rive sud du fleuve Saint-Laurent. Nous ne regretterons pas cette décision, car à la hauteur de Nicolet (où je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire en constatant que le célèbre institut de police qui s'y trouve est construit juste en face d'un Tim Horton de l'autre côté de la rue...), une mince bande de ciel bleu à la limite de l'horizon laisse paraître un soleil couchant dont la chaude lumière enflamme le feuillage d'automne des arbres dont le contraste sur le gris sombre d'un ciel d'orage offre un spectacle magnifique. Le tout ne dure que cinq minutes au total. Copine a tenté de prendre la scène en photo. J'ignore ce que cela va donner.

Le temps passe, le ciel s'assombrit, la nuit tombe. Après avoir déposé Copine, j'arrive finalement chez moi vers 20h. Je me prépare à souper, je vérifie mes courriels (vide) et les messages sur mon répondeur (un seul de Lola). Fatigué et tellement hypoglycémique que j'ai l'impression d'être sous l'effet d'une drogue légère, je me sens quand même bien, voire soulagé. Ces trois jours passés seul avec Copine, que j'appréhendais tant, sont un peu comme une libération. Finalement, tout s'est passé à merveille. J'ai redécouvert l'amie avec laquelle j'avais tant de plaisir il y a quelques années à voyager et à partager toutes sortes de belles aventures. En fait, je crois que je ne l'ai jamais perdue, j'ai simplement cessé de la voir comme telle. Ma vue était brouillée par la peur et l'angoisse. Mais cette fois, au lieu de fuir, je l'ai affronté, et elle s'est dissoute comme un spectre sans substance.

Ce fut la grande erreur de ma vie: fuir mes peurs. Il est maintenant plus que temps de faire volte-face et de les regarder droit dans les yeux, l'une après l'autre. Ces salopes m'ont volé trente-huit années de ma vie, elles ne m'en voleront pas une seule de plus.


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