19 octobre 2000

Vous l'aurez peut-être deviné, j'ai encore réinstallé mon ordinateur au complet hier soir. Je n'étais pas satisfait de ma première installation. Que voulez-vous, je suis comme ça en informatique. Si je n'ai commis qu'une seule erreur durant une installation, aussi minime soit-elle, ça me démange et je dois recommencer au complet, jusqu'à ce que ce soit parfait. Ce perfectionnisme tend vers l'obsession d'ailleurs. Ça en dit long sur ma personnalité je crois. Par contre, cette obsession de la perfection semble être très appréciée par mon entourage, puisque j'ai encore été sollicité pour une installation d'ordinateur personnel par un de mes collègues de travail. Encore quelques sous de plus dans mes poches en perspective. Si je dois suivre une thérapie bientôt, chaque rentrée d'argent supplémentaire sera la bienvenue.

Je devrais noter tout ça. Je le fais dans ce journal, bien sûr. Ce que je veux dire c'est que je devrais noter tout ça dans un cahier, pour essayer d'y voir clair, de mettre un peu d'ordre.

La soeur de Lolita organise un souper meurtre et mystère chez elle la fin de semaine du 28. Je suis invité. Comme d'habitude j'ai hésité. Mais, pour être fidèle à ma nouvelle philosophie d'affronter mes peurs, j'ai finalement accepté.

Le téléphone a sonné deux fois ce soir. Cousine m'a confirmé l'invitation chez elle pour samedi. Je vais donner un "lift" à deux de ses amies. Celle qui nous a accompagné en fin de semaine passé, et la soeur de son "ex".

Ce que je constate depuis le début de l'été, c'est que tous mes efforts pour sortir de mon isolement, vaincre ma misanthropie, me faire de nouveaux amis, et plus généralement, retrouver une vie sociale qui me plait, tous ces efforts donc commencent à porter fruit. En fait, tout ce que j'entreprend réussi. Sauf sur le plan amoureux, mais ça c'est une autre histoire. En fait, je crois en moi, en ma capacité de me sortir de toutes les difficultés, de trouver le bonheur.

Est-ce vraiment l'attitude d'une personne dépressive ? Je ne pense pas.

Et pourtant, je ne suis pas bien.

Même si je passe la plupart du temps sans m'en rendre compte. C'est au moins ça.

Hier soir, en arrivant du travail, je filais bien. Vraiment bien. C'était une de ces rémissions, et j'en profitais pleinement. Puis le téléphone a sonné. C'était Copine. Nous avons jasé du voyage que nous voulons faire cet hiver. Elle n'était plus sûr de vouloir y aller.  Sans entrer dans les détails, disons qu'elle m'a fait encore part de toutes ses peurs et ses angoisses.

J'ai une réaction très négative chaque fois que Copine me rabat les oreilles avec ses sempiternelles peurs. J'en ai marre d'en entendre parler. Je ne veux plus les subir, j'ai assez des miennes ! Toujours la même rengaine. Quand j'ai eu raccroché le téléphone, mon malaise était revenu. Je crois que ma réaction face aux peurs de Copine (comme le démontre clairement la façon dont j'en parle ici même) me prouve qu'elles touchent une corde sensible en moi. Et le fait qu'elles rallument mon malaise me le confirme. Une autre piste à suivre.

Analyse. Analyse analyse analyse analyse.

Je suis émotionnellement et intellectuellement épuisé de m'analyser depuis des semaines. Si j'entreprend une thérapie prochainement, je serai encore davantage obligé de m'analyser. Aussi bien me faire à l'idée tout de suite. De toute façon j'ai confiance en moi et en ma capacité à me comprendre. Et puis j'ai toujours aimé penser.

J'ai eu une crise aujourd'hui au bureau. Je jase depuis quelques jours avec une jeune demoiselle. Elle est nouvelle. Nous nous entendons bien. Je crois bien que je lui plais. Je la trouve jolie aussi. J'ignore si nous nous entendrions bien par contre, même si c'est un peu tôt pour le dire. Elle est beaucoup plus jeune que moi, mais cela ne semble pas la déranger outre mesure. Bref, je travaillais sur son ordinateur pour le configurer à ses besoins, et nous jasions ensemble. Lorsque j'ai eu terminé, je me suis levé pour partir et lui souhaiter une bonne fin de journée. C'est alors que je l'ai regardé dans les yeux, intensément, et je n'ai eu qu'une seule envie: m'approcher d'elle, assez près pour sentir son souffle, passer ma main dans ses cheveux, derrière son cou, attirer sa tête vers moi, poser mes lèvres sur les siennes et l'embrasser passionnément, tout en pressant mon corps contre le sien...

Après quelques secondes de silence pendant lesquelles je la fixais intensément, elle a détourné son regard, ce qui est compréhensible, mais le sourire sur son visage ne s'est pas effacé. A-t-elle lu dans mes yeux ce que je ressentais à ce moment précis ?

Abstraction faite du malaise qui me hante depuis quelques semaines, je commence vraiment à être très très en manque...


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