21 octobre 2000

La faim me chatouille l'estomac. Pourtant, je viens juste de grignoter. Apparemment pas assez.

J'arrive de chez Cousine où j'ai passé la journée, en sa compagnie ainsi que celle de la soeur de son "ex", avec laquelle elle a gardé contact malgré sa rupture avec son frère. Nous l'avons aidé à rentrer son bois pour l'hiver et à faire quelques autres menus travaux autour de la maison. En échange, elle nous a nourri. Mais surtout, nous avons jasé, jasé, jasé. Je leur ai partagé le mal de vivre qui me tenaille. Elles m'ont confié des expériences similaires. J'ai trouvé la journée très enrichissante et la compagnie très agréable. Le point marquant de la journée fut ce moment où, alors que nous prenions une marche seuls Cousine et moi, pendant que notre troisième convive faisait un somme dans la maison, elle a abordé le sujet de l'attirance qu'elle croyait que je ressentais pour elle. Nous avons parlé de cela très candidement. Elle m'a précisé qu'elle ne ressentait pas d'attirance pour moi, et qu'elle était de toute façon encore beaucoup trop perturbée par la relation à laquelle elle venait de mettre fin. Je lui ai confirmé qu'elle me plaisait, tout en lui précisant que c'était avant tout sa compagnie que je recherchais. Le fait que mon attirance pour elle n'était pas partagée me décevait un peu, mais que toute façon je ne nous avais jamais imaginé en relation de couple, ce qui est vrai. Mais ce que j'ai surtout aimé de cette petite mise au point entre nous, c'est la façon franche et spontanée avec laquelle elle a eu lieu. Toute ambiguïté fut résolue en quelques minutes entre nous, et après coup, malgré le fait que je venais d'apprendre une nouvelle qui me décevait un peu, je me sentais bien et détendu, et c'était son cas aussi. Bref, c'était totalement le contraire de ma relation avec Consoeur, caractérisée par une ambiguïté absolue et un manque total de communication depuis des années. Le genre de relation qui commence à naître entre Cousine et moi est exactement ce que je désire: franchise, honnêteté, désir de régler les malentendus avant qu'ils dégénèrent, volonté mutuelle de communiquer.

Je crois qu'une belle amitié est en train de naître. Et je suis aussi content que mon attirance pour elle, bien que réelle, ne soit quand même pas trop intense pour interférer avec cette amitié. Il n'en tient qu'à moi qu'il en reste ainsi.

Pouvoir parler de ce que je ressens me soulageait tellement. Voilà une amitié naissante que j'ai choisi d'entreprendre sans masque. Cousine m'a vu aujourd'hui et me verra à l'avenir comme je me montre à vous qui me lisez. Cette nouvelle amitié va partir du bon pied.

Alors que je revenais chez moi, et encore même en ce moment, pour la première fois depuis plusieurs semaines, je pouvais me projeter dans l'avenir sans souffrir, en imaginant la répétition du genre de journée que j'ai vécu aujourd'hui. Je sentais l'espoir revenir, je sentais que, peut-être, le genre de vie dont j'ai envie existe et est possible.

Bon, je suis tellement mal assis que je n'ai plus une goutte de sang dans une fesse, et celle-ci est complètement insensible. Peut-être devrais-je me botter le cul une bonne fois pour toute et me faire une station de travail décente avec un vrai bureau et une chaise confortable.


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