10 septembre 2000

J'avais vraiment, mais alors là vraiment, besoin d'une telle fin de semaine.

M'a-t-elle réellement fait du bien ? Je me plais à le croire, mais je n'en suis pas certain. Dans l'état où je suis depuis quelques jours je ne suis plus certain de rien.

J'ai passé la majeure partie de ma journée d'hier seul, et je ne filais pas particulièrement bien. Toujours cette angoisse. Cette peur que je ne retrouverai plus jamais un sens à la vie, ce désespoir qui refuse de se laisser déraciner de mon âme. La soirée fut différente cependant. Souper chez Copine, avec la petite gang, dont Lolita, toujours aussi séduisante. Nous avons mangé, nous avons bu, nous avons ri, et moi comme les autres. Ri de bon coeur, ri à chaude larme par moment. J'étais bien, la très grande majeure partie du temps. Mais il m'arrivait brièvement de penser à mon angoisse, et je la sentais toujours bien présente. Mais je chassais cette pensée de mon esprit et je continuais à m'amuser. Nous avons veillé assez tard, je suis rentré chez moi à 3 heure du matin. Pendant mon trajet en voiture je me parlais à moi-même, me disant des choses comme: "c'est fini le niaisage, tu vas reprendre sur toi, reprendre goût à la vie, arrêter d'avoir peur de ton ombre".

Ce malaise est tellement étrange. Il semble complètement indépendant de mes autres émotions, bonnes ou mauvaises. Il est présent, peu importe que je m'ennuie royalement ou que j'aie du plaisir.

J'avais deux messages sur mon répondeur en arrivant chez moi. L'un de Lola, qui se disait libre pour aujourd'hui si je voulais qu'on fasse quelque chose ensemble, et l'autre de Cousine, pour la même raison. J'ai donc décidé aujourd'hui de faire ce que je ne fais jamais d'habitude: mélanger ensemble des amies de deux sources différentes. J'ai donc amené Lola, Cousine, son chum, et la soeur de ce dernier dans un de mes petits coins de nature que j'adore et qui, je le savais, ne pouvait faire autrement que leur plaire, et me faire le plus grand bien, ce qui fut le cas. Je les ai brièvement amené faire un tour chez moi sur le chemin du retour, car Cousine et son chum n'avait jamais vu mon petit coin de paradis. Je dis "petit coin de paradis", même si ces derniers temps je le perçois davantage comme une cage dorée, et ce parce qu'aujourd'hui, à travers leurs yeux, brièvement, j'ai recommencé à le percevoir comme l'endroit merveilleux qu'il est et qui m'a tant charmé quand je l'ai découvert il y a huit ans. C'est alors que j'ai réalisé à quel point le partage est important dans ma vie, et aussi à quel point il me manque cruellement.

Hier soir au souper chez Copine, les filles ont proposé de partir ensemble pour une ou deux semaines dans le sud cet hiver. Excellente idée. Et même dans l'excitation du moment, je sentais germer dans ma tête des pensées du genre "Est-ce vraiment cela que je désire de la vie ?" ou alors "Qu'est-ce que cela va accomplir ?". Toujours ce malaise, ce désespoir qui essayait de faire surface et d'empoisonner ma soirée.

Objectivement, cet état dans lequel je suis ne peut pas être mon état normal. Il y a un dérèglement quelque part dans le taux de sérotonine dans mon cerveau. La raison est psychologique ou biologique, je n'en sais rien. Mais je vais faire des démarches pour le savoir. Quand cela m'est arrivé la première fois il y a neuf ans, j'ai bien failli en mourir. Quand cela m'a repris au printemps, cela m'a fait vivre un enfer pendant des semaines. Cette troisième crise, bien que moins intense que les deux précédentes, n'en est pas moins très pénible et très angoissante et j'en ai marre. Marre d'avoir peur de penser, peur de sentir, peur de vivre. Et je vais faire quelque chose très bientôt. Ça coûtera ce que ça coûtera.

Mes vacances sont terminées. Je reprend le travail demain. Je replonge dans ma petite routine. J'étais si bien durant mes deux premières semaines de vacances. Peut-être cette troisième était-elle de trop.


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