29 septembre 2000

En sortant du bureau cet après-midi, deux jeunes filles que je ne connais pas, des stagiaires sans doutes, discutaient avec un garçon qui était sans doute venu les chercher. Sans leur faire plus attention, je me suis engagé dans le sentier pour aller chercher ma voiture. C'est en passant devant l'entrée principale que j'ai vu l'une des deux demoiselles, assise sur le capot de la voiture qui roulait lentement, l'autre fille marchant à côté. Ma première réaction fut de me dire "Stupide !" dans ma tête, et pourtant j'avais le sourire aux lèvres !

Je suis vraiment bizarre.

Je suis bourré de contradictions. Par exemple, j'adore lire. Or, vous ne trouverez que très peu de livres chez moi. Pourquoi ?

Encore aujourd'hui j'ai passé la majeure partie de la journée sans penser à mon angoisse. Néanmoins, mon esprit ne ratait pas une occasion de me rappeler que je ne suis pas encore bien. Mes pensées étaient cependant plus cohérentes. Je crois que le moment serait approprié pour entreprendre une thérapie. Je ne me sens pas assez bien pour me dégonfler, me dire que tout est réglé et oublier l'idée d'aller consulter (comme je l'ai fait ce printemps), mais pas assez mal pour m'empêcher de regarder ma souffrance en face et chercher à l'expliquer, à la décrire, à la comprendre. On peut en penser ce qu'on voudra, mais la souffrance est une excellente opportunité d'apprentissage, de connaissance de soi. Mais si ce n'était que de moi, je choisirais des méthodes un peu moins pénibles...

Je ne trouve plus aucun plaisir à quitter le bureau en fin de journée. Je n'ai plus hâte ni à mes soirées ni à mes fins de semaines. Puisque je travaille selon un horaire variable, j'avais l'opportunité de quitter le bureau une demi-heure plus tôt aujourd'hui, la plupart des gens ayant également quitter le bureau plus tôt, comme ils le font souvent le vendredi après-midi. Mais dès que j'ai pensé à quitter, je me suis aussitôt dit "Pourquoi ? Qu'est-ce que je ferais de ce temps supplémentaire chez moi ? M'ennuyer une demi-heure de plus ?". C'est peut-être pathétique, mais je crois que je me sens mieux, plus confortable, davantage à ma place au bureau que chez moi.

Oh, en passant. Je vous ai parlé hier que je ressentais des engourdissements dans le bras droit, que j'attribuais au stress des dernières semaines. Et bien aujourd'hui j'ai réalisé que j'étais dans les patates. Je ressentais encore occasionnellement ces engourdissements, mais je me suis rendu compte que quand je penchais la tête ou que je bougeais le cou dans certaines positions, cela envoyait comme une légère décharge électrique le long de mon bras. De toute évidence, j'ai un nerf coincé quelque part dans le cou, ce qui ne me surprend guerre. Voilà presque deux ans que je souffre souvent de mal de cou en me levant le matin. Je dois avoir un problème avec mon matelas ou mes oreillers, ou alors je dors de façon réellement bizarre. En plus d'un psy, j'ai maintenant besoin d'un chiropraticien. Il va falloir que je révise sérieusement mon budget. J'ignore si j'en ai déjà parlé, mais sans vraiment avoir de problèmes financiers, je suis quand même un homme qui vit dans une maison qu'il paye seul, et ma marge de manoeuvre financière n'est pas excessivement grande.

J'ai réalisé aujourd'hui que je passe mes jours, mes semaines sans le moindre toucher humain, sans la moindre caresse, le moindre contact, autre que la très occasionnelle bise à mes copines, et ce depuis des années et des années. Est-ce si surprenant que je sois si perturbé ?


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