7 août 2001

Une histoire d'araignée.

Un petit arachnide de quelques millimètres à peine avait élu domicile dans mon lavabo de salle de bain depuis quelques jours. Chaque fois que je me brossais les dents ou utilisais le lavabo pour quelque raison que ce soit je faisais attention de ne pas asperger la pauvre bête qui trônait patiemment au centre de sa toile minuscule, ignorant que ses chances de capturer à cet endroit un insecte susceptible de la sustenter étaient pour ainsi dire inexistantes.

Chaque jour je me disais que je ferais mieux de la capturer et de la mettre dehors, là où elle aurait finalement plus de chance de survivre. Mais, par procrastination (vous vous en doutiez), je remettais à plus tard, me disant qu'elle finirait bien par comprendre elle-même qu'elle n'avait pas trouvé un bon "spot" et qu'elle déménagerait ses pénates ailleurs.

Un jour, l'inévitable arriva.

Vidant dans mon lavabo le fond d'un verre auquel je venais de boire, le flux d'eau emporta la pauvre bête au fond du drain.

Rongé par la culpabilité, j'essayais de me faire dans ma tête des scénarios où elle survivrait malgré tout, flottant à la surface de ma fosse septique, grimpant finalement le long de la parois de béton pour finalement réussir, grâce à sa petite taille, à se faufiler dans le joint imparfait que représente le couvercle de ma fosse, pour se retrouver dans le puit d'accès, avec ses congénères, où les arthropodes de toute sorte abondent et où elle pourrait enfin écouler des jours heureux dans la joie et l'abondance.

Mais la cruelle réalité était inévitable. Elle allait se noyer dans ma tuyauterie et mourir, et sa carcasse irait se décomposer avec la masse de matière fécale pourrissante au fond de ma fosse.

Triste fin, pour une si jeune araignée. Et j'en étais responsable.

C'est sur ces idées sombres que je trouvai le sommeil ce soir là.

Mais le lendemain matin, une surprise m'attendait...

Elle était de retour ! Bien campée au fond de mon lavabo, la petite créature tenace et invincible avait trouvé moyen de grimper hors du drain et s'était même construite une autre toile !

La morale de cette histoire ? Hum... qu'en pensez-vous ?


Dernières nouvelles concernant mon collègues de travail: l'opération a été un succès, sa jambe est sauvée. Il devra demeurer au soins intensifs encore deux semaines, sa plaie devant rester à l'air libre car, le streptocoque de type A étant une bactérie anaérobie, elle ne peut se multiplier dans une atmosphère d'oxygène. Laisser sa plaie exposée à l'air diminue donc considérablement ses chances de rechute, même si cela augmente celles d'un autre type d'infection. Quoi qu'il en soit, même si tout se déroule bien, ils ont dû enlever beaucoup de tissu malade, et mon collègue s'expose à plusieurs mois, voire quelques années de réhabilitation afin de pouvoir recommencer à marcher correctement.


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