12 août 2001

Hier à la plage d'Oka, alors que j'étais dans l'eau en train de me rafraîchir, la demoiselle dont j'ai parlé hier et qui accompagnait le beau couple s'est levée pour venir faire saucette près de moi. Peut-être me fais-je des idées, mais je crois qu'elle m'avait remarqué de loin et qu'elle venait tâter le terrain, mine de rien.

Je ne dû pas lui plaire, ou peut-être est-ce mon air bête qui la découragea, car sa baignade fut de courte durée et elle rejoignit bientôt ses amis. Cependant, alors qu'elle était près de moi, je remarquai que ses seins et son ventre étaient marqués de nombreux plis, signe indéniable qu'elle avait accouché récemment. De plus, les marques blanches de maillot très apparentes me permettait de supposer que cette femme n'était pas une habituée du nudisme, qu'elle pratiquait sans doute depuis peu. Elle portait d'ailleurs son maillot lorsque je suis arrivé sur la plage en début d'après-midi, et ne le retira que plus tard.

En voyant cela, je ne pu m'empêcher de penser qu'elle avait fait preuve d'un grand courage pour transcender la névrose collective du corps parfait, et afficher publiquement les marques de sa grossesse, que notre société stigmatise encore malheureusement, alors qu'il s'agit là de la fonction la plus naturelle et la plus noble du corps humain, celle de donner la vie.

Je profite de l'occasion pour dénoncer un mythe courant à propos du nudisme en général.

Il y a bien des décennies, la croyance populaire était que tous les nudistes étaient des exhibitionnistes pervers pluri-sexuels échangistes pédophiles obsédés qui se livraient nuit et jours à des orgies indescriptibles derrière les portes closes des clubs de nudistes.

Ceci étant évidemment faux, et pour faire taire leur détracteurs qui profiteraient du plus petit écart de conduite pour crier au scandale et à l'immoralité afin de faire fermer et interdire pour de bon ces lieux de débauche et de perdition, les organisations naturistes ont dû, et doivent encore, imposer en leur sein les plus hauts standards de moralité et d'éthique, et les faire respecter scrupuleusement. Ainsi, toute forme d'activité sexuelle, quelle qu'elle soit, qui pourrait être considérée de près ou de loin comme une violation de l'article 173 du code criminel, est strictement interdite dans un camp naturiste.

Mais il est aussi malheureusement vrai que la plupart des lieux où se pratique le nudisme attirent des voyeurs et des déviants sexuels (la plupart du temps des pédophiles). On ne peut malheureusement pas grand chose contre cet état de fait dans les lieux publics, comme les plages libres (sauf dans les plus connus comme la plage d'Oka où la Sûreté du Québec patrouille régulièrement en VTT pour assurer la sécurité). Mais pour ce qui est des clubs naturistes, leurs responsables, très décidés à éviter les indésirables, filtrent avec soin les candidats. Par exemple, beaucoup de clubs, pour ne pas dire la plupart d'entre eux, n'acceptent que les couples ou les familles, refusant les hommes seuls (mais acceptant souvent les femmes seules). Aussi, rares (sinon inexistants) sont les clubs qui reconnaissent les conjoints de même sexe.

Cette attitude a des bons et des mauvais côtés. Par exemple, rien de surprenant qu'une étude américaine ait démontrée que les milieux naturistes sont les endroits où l'on retrouve le plus bas taux d'agression sexuelle sur des enfants. Par contre, ces milieux sont malheureusement aussi plutôt contraignants. On regarde d'un très mauvais oeil un homme qui aurait une érection tout à fait anodine, où qui, mû par un légitime amour des enfants, passerait beaucoup de temps avec ces derniers (qui ne seraient pas les siens bien sûr). En fait, paradoxalement, on se sent souvent moins libre dans un milieu naturiste qu'ailleurs. Et c'est bien dommage. Les responsables de ces organisations disent qu'il s'agit d'un mal nécessaire, que les détracteurs du naturisme n'ont besoin que de la plus insignifiante excuse pour crier au scandale et exiger haut et fort la fermeture de ces lieux de perdition, et que pour cette raison ils se doivent de maintenir et de faire respecter les plus hauts standards de moralité au sein de leur organisation.

De plus, toutes les organisations et associations naturistes crient haut et fort dans leur publicité et leurs sites Internet que la pratique communale de la nudité n'a rien à voir avec le sexe, et que les deux phénomènes sont complètement et totalement disjoints.

Yeah, right...

Voilà où je diverge d'opinion avec eux.

Et voilà, après cinq longs paragraphes de digression, où je voulais en venir.

Mettons les choses au point: il n'existe aucun endroit, aucune situation où se retrouvent ensemble hommes et femmes et dont on peut exclure complètement le sexe.

C'est totalement ridicule d'affirmer le contraire, et personne n'est assez dupe pour gober une chose pareille.

Quand je suis sur une plage nudiste et que je suis entouré de belles femmes au corps splendides et extrêmement désirables, et bien je fais ce que tout homme hétérosexuel fait: je les désire. Mais je ne fais pas que les désirer. Je peux aussi m'abreuver de leur beauté sur un plan plus spirituel, un peu comme on peut apprécier, en art, la beauté et la grâce d'un nu artistique.

Les portes-parole des organisations naturistes minent leur propre crédibilité en affirmant des choses aussi incroyable que le supposé fait qu'il n'existe aucune forme de sexualité entre homme et femme dans un contexte de nudité communale. Ce qu'ils devraient dire, c'est qu'il n'existe pas plus de sexualité entre homme et femme dans ces milieux. Et cette fois, ils auraient tout à fait raison. Je le sais, pour l'avoir expérimenté pendant près de vingt ans.

Hier, au parc d'Oka, je vous ai parlé de cette femme qui était un sosie d'Alegria. Elle était très belle, possédait un corps superbe, et de toute évidence, elle le savait. Elle et son conjoint s'étaient installés sur la plage assez près de moi. Elle m'avait surpris alors que mon regard s'égarait vers elle à quelques reprises. Mais ce regard demeurait discret et respectueux, et de toute évidence, cela lui plaisait. Plusieurs fois durant l'après-midi, elle se levait pour aller faire saucette quelques minutes seulement après que j'aie fait de même. Elle se baignait toujours plutôt près de moi, et il lui est même arrivé de m'adresser quelques sourires, que je lui rendais d'ailleurs. Mais les choses ne sont pas allé plus loin. Il n'y avait rien de malsain ou de dépravé dans son attitude, il s'agissait simplement d'un jeu de séduction que ni elle ni moi ne voulions pousser davantage. Les femmes aiment se sentir désirées, celle-ci voyait bien que son corps me plaisait, cela la flattait et elle profitait des occasions qui se présentaient pour l'offrir à ma vue, pour notre plus grand plaisir à tous les deux. Rien de plus, rien de moins.

La morale de cette histoire ?

Tout ce dont je viens de parler au paragraphe précédent aurait pu tout aussi bien se dérouler sur une plage publique conventionnelle, où la demoiselle en question aurait peut-être porté un très beau bikini affriolant qui aurait particulièrement mis en valeur ses courbes délicates.

Donc, en ce qui concerne l'énergie sexuelle entre hommes et femmes dans un contexte nudiste, il y a peu ou pas de différence avec un contexte non-nudiste, et les fervents défenseurs de ce mode de vie (dont je fais partie) auraient fortement intérêt à corriger leur tir et à tenir ce genre de discours beaucoup plus conforme à la réalité s'ils veulent gagner en crédibilité auprès de la population en général.

c.q.f.d.

Et moi, je m'en vais faire dodo.


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