8 avril 2001

Avez-vous remarqué qu'un grand nombre de diaristes sont enseignant(e)s ? Je suis sûr que la proportion est plus élevée que dans la population en général. Comment expliquer cela ? S'il s'agissait de profs de français, je pourrais comprendre; amour des mots oblige. Mais ce n'est pas l'explication.

Se pourrait-il que le désir de communiquer et celui d'enseigner soient reliées ?

Je viens de passer les deux derniers jours à regarder la neige fondre et à réinstaller mon ordinateur. Palpitant n'est-ce pas ? J'avais bien invité des amis à venir prendre un verre chez moi samedi soir, mais tout le monde avait un empêchement. Seule Lolita m'a invité à l'accompagner au cinéma avec sa mère. Mais j'ai refusé. J'ignore si cela est dû à ma relation avec ma propre mère, mais je suis toujours très mal à l'aise en présence des parents de mes amies. On dirait que je ne peux m'empêcher de les voir pour ce qu'ils sont: des parents. Pas des amis. Je ne me sens pas bien avec eux, je ne me sens pas libre. J'ai peur d'être jugé. Cette peur d'être jugé, je dois la combattre au quotidien depuis que je suis sorti de ma coquille et que j'ai recommencé à avoir une vie sociale.

Pourquoi ai-je si peur d'être jugé ? Mais parce que je l'ai été, bien sûr. Beaucoup même. Par le passé. Plus maintenant, du moins plus autant qu'avant. Autrefois, mes idées et mes choix de vie plutôt non-conformistes m'ont attiré l'incompréhension et le mépris de mes semblables. Maintenant, ils m'attirent surtout l'amusement, ou dans certains cas la curiosité. Je réussis même à faire quelques adeptes ! Par exemple, en ce qui a trait au nudisme.

Mais même aujourd'hui, avec ces nouveaux amis qui semblent sincèrement apprécier ma compagnie (la plupart du temps du moins), je ne peux m'empêcher de me sentir quand même un peu "misfit", un peu rejet (mais un tout petit peu là...).

Bon sang, mon billet est décousu et insipide ce soir. Habituellement, c'est le signe que je suis en état de léthargie émotionnelle. Et effectivement c'est le cas. C'est d'autant plus surprenant que ça m'arrive une fin de semaine de pleine lune.

Elle était magnifique, la pleine lune, illuminant de sa douce lumière les paysages de campagne que je traversais alors que je revenais de chez Cousine dans le milieu de la nuit.

Et oui, Cousine m'a invité chez elle vendredi soir. C'était bon de la revoir après quatre mois. Elle n'avait pas beaucoup changé, même après tout ce temps en Europe, sauf qu'elle a maintenant un petit accent français à propos duquel je l'ai beaucoup taquiné, ce qui faisait bien rire son nouveau chum avec qui j'ai eu l'opportunité de faire connaissance.

En fait, elle était un peu plus radieuse que quand elle est partie en décembre. Elle dégageait un certain bien-être. L'amour sans doute...

Nous avons partagé nos photos de voyage, bu de la bière, mangé des croustilles et parlé de tout et de rien jusqu'à tard dans la nuit. Je devais continuellement retenir mes élans pour ne pas la prendre dans mes bras et de la serrer contre moi à tout moment. Je ne m'en privais pas avant, Cousine étant aussi affectueuse que je peux l'être. Mais la présence de son conjoint m'intimidait un peu je suppose, même s'il essayait de se faire discret et nous laissait seuls la plupart du temps.

Elle repart en mai, pour trois ans au moins. Après elle verra. Nous avons bien l'intention de nous revoir d'ici son départ.


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