9 avril 2001

Bon. Y en a marre. Ça fait une demi-heure que j'écoute une émission sur le sexe à canal D et là c'est trop. Ça me sert à quoi de me torturer à ce point ?

Les gens qui peuvent avoir du sexe, de l'affection et de la tendresse aussi facilement qu'un verre d'eau ne peuvent plus comprendre la souffrance qu'entraîne cette soif insatiable. Et contrairement à la faim ou la soif, la mort ne vient pas éventuellement mettre fin à cette souffrance. Elle perdure, et perdure, et perdure...

Rares sont les diaristes qui parlent de leur vie sexuelle dans leur journal, même s'ils sont en couple. Pudeur, me direz-vous. Oui, il y a de ça bien sûr. Mais je ne crois pas que ce soit la seule raison. Je crois aussi qu'ils sont devenus si habitués à leur vie sexuelle et affective que celle-ci n'est même plus digne de mention. D'une certaine façon, je les envie, mais en même temps je ne peux m'empêcher de trouver cela un peu triste.

Enfin, je dois bien être le seul. Ils ne trouvent pas ça triste, eux, quand à chaque nuit, lorsqu'ils se glissent sous les draps, ils n'ont qu'à tendre la main pour toucher ce corps chaud contre lequel ils se blottiront toute la nuit.

Je dois trop idéaliser les relations de couple...

Bon. Changement de sujet.

Je vous avais dit que je planifiais de partir quatre jours sur la côte est des États-Unis durant le congé de Pâques ? J'avais juste envie de m'évader, de m'étendre sur la plage et de me faire bronzer au soleil, en bonne compagnie. Mon offre a semblé intéresser énormément Nikita, qui cherchait justement une destination pour faire du camping avec son chum. J'aurais bien aimé que Lolita nous accompagne aussi, d'abord parce que j'aime bien sa compagnie, et aussi parce que je ne serais vraiment pas vu partir quatre jours seul avec Nikita et son chum...

Lolita s'était montrée intéressée naturellement, mais ne pouvait me faire de promesse à cause de ses problèmes familiaux. Et aujourd'hui, j'ai reçu un courriel de Nikita qui se désiste elle aussi car elle est malade. Labyrinthite. Elle doit se tenir après les murs lorsqu'elle se lève pour ne pas tomber. Je sais très bien ce qu'elle a à endurer, ayant moi-même subit un traumatisme labyrinthique lors de mon accident de vélo l'été passé.

N'empêche que c'est poche. Je crois qu'elle aurait vraiment aimé faire ce voyage avec moi.

Elle ne peut aller à ses cours naturellement, et elle m'a demandé de lui écrire cette semaine, car elle trouve le temps long toute seule chez elle.

Je crois qu'elle m'aime bien, Nikita. Beaucoup même. Je l'aime bien moi aussi.

Comme c'est parti, je crois bien que je vais devoir le faire tout seul ce voyage. La mélasse, encore la mélasse. La mélasse de ma vie de laquelle j'ai toute la misère du monde à me sortir.

Aussi étrange que cela puisse paraître, ça me fait moins chier que je l'aurais cru.

C'est que je me sens étrangement bien depuis quelques jours. Vous avez bien lu. Et je ne peux l'expliquer. En fait, je préfère ne pas l'expliquer, mais plutôt simplement en jouir pendant que ça dure.


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