10 avril 2001

J'ai les yeux pleins d'eau. J'ai une boule dans la gorge.

Voilà maintenant plus de deux semaines que je suis sans nouvelle de Lectrice. Je tenais à garder le silence durant cette période, question de ne pas la harceler, de lui laisser son espace vital.

Je viens de me permettre de lui écrire une courte missive. Tout ce que je lui demande, c'est de me donner signe de vie si elle va bien, car je meurs d'inquiétude pour elle. Je ne sais même pas si elle recevra mon courrier. Peut-être a-t-elle complètement abandonné sa boîte postale. Peut-être a-t-elle mis mon adresse dans sa liste de courrier indésirable. Je n'ai aucun moyen de le savoir. Et c'est cette incertitude qui me tue.

Dans le dernier courriel qu'elle m'a fait parvenir, elle me disait que je lui manquais. Et depuis, plus rien.

Devait-elle absolument couper les ponts avec moi de cette façon ? N'aurait-elle pas pu m'écrire une courte missive pour me faire part de sa décision ? Ne méritais-je pas cette élémentaire marque de respect ? Elle continuait à correspondre malgré tout avec ce lecteur qui la harcelait et la pourchassait de sa jalousie maladive, afin, disait-elle, de ne pas le vexer. Ai-je donc moins de valeur à ses yeux que lui en avait ?

Je ne lui demande pas d'explication, ni de justification, pour sa décision. Je veux juste qu'elle calme mes inquiétudes, je veux juste savoir qu'elle va bien.

Je ne lui écrirai plus. Aujourd'hui, c'était mon dernier message à son endroit. Je ne veux pas garder d'elle un mauvais souvenir. Je ne sais pas si je garderai les messages qu'elle a laissé sur mon répondeur. J'essaierai d'apprendre à vivre avec l'amertume de savoir que, à ses yeux, je n'aurai même pas eu assez de valeur pour mériter un simple au revoir.

Elle aura fait un court passage dans le tunnel de mon existence, dont elle aura, brièvement, par sa lumière, dissipé les ténèbres. Mais elle laissera pour toujours sa marque dans mon coeur et dans mon âme.

Au revoir Lectrice. Puisses-tu trouver, dans la voie que tu auras choisie, ce que je cherche encore en vain. Puisses-tu trouver le bonheur.

Tu me manqueras.


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