12 avril 2001

L'orage fait rage.

Vers la fin de l'après-midi, je regardais la pluie tomber par les fenêtres du bureau et je rageais intérieurement d'avoir laissé mon parapluie dans ma voiture. Mes collègues, faisant montre d'une cruauté sadique que je ne leur connaissait pas, se plaisaient à me rappeler que j'allais être détrempé en quittant le bureau en fin de journée. Mais je ne m'en faisais pas outre mesure.

Je fus le dernier à partir, comme c'est souvent le cas. Courte visite au labo pour remplir les bidons de l'humidificateur. Salutations à Consoeur juste avant de partir. Elle me répond avec un sourire poli.

J'ai vécu cette scène des dizaines de fois.

Lorsque j'ai mis le pied dehors, la pluie avait cessé. Elle a reprise après que je sois arrivé chez moi.

Si la nature recommence à me faire cadeau de ses indulgences, c'est qu'elle commence enfin à sortir de sa torpeur. Elle commence à renaître, et le Phoenix va renaître avec elle.

Encore ce soir, elle me fait cadeau d'un bel orage. J'aime lorsqu'elle se déchaîne ainsi. Pour la première fois de l'année, je sens enfin que l'hiver est terminé. Cette pluie qui tombe et qui en fait déprimer plusieurs est pour moi régénératrice. Elle est annonciatrice des jours meilleurs que la nature nous réserve une fois qu'elle aura terminé sa toilette printanière.

Même si je n'aime toujours pas ma situation actuelle et la vie que je mène, je sens au fond de moi une énergie nouvelle, une soif de vivre, un désir de m'ouvrir au monde et aux gens qui m'entoure. Et surtout, l'espoir. L'espoir de pouvoir reprendre un peu plus le contrôle de ma vie, de ma destinée.

Ce bien-être retrouvé n'est pas encore profondément enraciné en moi, j'en suis conscient. Il est fragile et chancelant. Mais il est là, et je peux déjà en jouir.

Longue fin de semaine de quatre jours qui s'annonce. À date la seule chose officielle est ce souper de samedi soir. Mais Nikita est en ville, et m'a déjà proposé d'aller prendre un café. Et puis il y a Cousine aussi, qui ne refusera sûrement pas une invitation à faire une quelconque activité. De plus, j'ai tellement de choses à faire ici. Je me suis négligé encore une fois dans les tâches ménagères et ça parait.

Rien de cette fin de semaine ne s'annonce comme je l'avais prévu. Mais je vais essayer d'en tirer le meilleur parti. Après tout, Rome ne s'est pas bâti en un jour. Et moi, c'est toute une vie que j'essais de rebâtir.

Alors la patience ne sera certainement pas superflue.


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