13 avril 2001

J'en ai marre de me faire offrir des diplômes universitaires, des billets d'avion gratuits (yeah, right...), ou de me faire promettre des méthodes infaillibles pour effacer tout mon dossier de crédit, pour perdre deux à quatorze pouces de tour de taille en dix minutes, ou de gagner deux pouces de longueur de pénis.

Comment se fait-il que toutes ces compagnies de merde aient mis la main sur mon adresse de courriel ? J'ai beaucoup d'autres amis qui ont une adresse Hotmail et qui pourtant ne reçoivent jamais de pourriel. Pourquoi moi ?

J'AI PAS BESOIN DE ME FAIRE ALLONGER LE PÉNIS BON ! MON PÉNIS, J'EN SUIS TRÈS SATISFAIT ! JE L'AIME TEL QU'IL EST MON PÉNIS ! C'EST TU ASSEZ CLAIR LÀ ?

Justement, parlant de pénis...

Je ne pouvais m'empêcher d'esquisser un sourire en lisant les quelques dernières chroniques de l'Idéaliste, où il fait mention de son lent apprivoisement de son propre corps. Sa réflexion s'inscrit d'ailleurs dans la démarche d'apprivoisement de sa propre sexualité qu'il semble avoir entreprise depuis quelques semaines.

Mon sourire en est un de sympathie bien sûr. Son cheminement actuel ressemble étrangement à celui que j'ai moi-même suivi il y a quelques années. Comme lui, j'ai reçu une éducation judéo-chrétienne assez stricte, où le corps était considéré comme une chose "honteuse", de même que les plaisirs de la chair et les pulsions érotiques, qui étaient nécessairement inspirés par le diable (qui d'autre !). L'acte sexuel était donc permis, pour des fins de reproduction uniquement, dans un contexte amoureux seulement. Il était "mal" de rechercher le plaisir uniquement pour le plaisir, d'où l'inflexible condamnation des contraceptifs, de la masturbation et de l'homosexualité par l'église catholique. De plus, tout bon chrétien qui se respecte devait nécessairement tendre durant sa vie à s'éloigner le plus possible des diaboliques plaisirs charnels pour chercher à rejoindre les valeurs plus spirituelles, comme l'amour par exemple.

Bien sûr, tout ceci est de la bouillie pour chat. Et encore, j'insulte la bouillie pour chat.

Cette stigmatisation maladive du plaisir en général, et de la sexualité en particulier, ne faisait absolument pas partie de la démarche chrétienne d'il y a deux mille ans, et n'a été introduite dans le christianisme qu'au début du moyen âge par une pognée de membres du clergé paranoïaques et névrosés, et malheureusement aussi très influents. Si bien que leur névrose s'est perpétuée pendant des siècles et perdure encore de nos jours. C'est à cette époque, entre autre, que les prêtres se sont vus retirer leur droit de se marier et de fonder une famille.

Quand à moi, j'ai pris la décision consciente de rejeter ces principes malsains il y a plusieurs années de cela. Comme je l'ai déjà mentionné ici, ma démarche naturiste m'a beaucoup aidé en ce sens. Aujourd'hui, je n'ai aucun problème à regarder mon corps à la sortie du bain ou de la douche, à l'apprécier, et je ne me prive ni d'en retirer du plaisir à la pleine lumière, ni de m'offrir en spectacle à une quelconque partenaire un peu voyeuse à qui cela plairait.

Malheureusement, il me reste encore inconsciemment des traces de mon éducation puritaine. Par exemple, encore aujourd'hui, j'ai beaucoup de difficulté à proposer à une femme d'avoir une expérience sexuelle avec moi pour le seul plaisir sexuel, pour le seul désir que je ressens pour elle. Pourtant, il ne s'agit pas là d'une demande égoïste. Je désire sincèrement un échange, une réciprocité. Je ne m'épanouis pleinement dans une relation sexuelle que lorsque que je sens que je procure à ma partenaire autant de plaisir que j'en ressens moi-même.

J'ai pourtant réussi à faire tomber cette dernière barrière avec mes relations virtuelles. Durant les dernières années, j'ai rencontré plusieurs correspondantes avec qui j'ai échangé des petits courriels coquins, ce que je fais encore à l'occasion d'ailleurs, et ce avec grand plaisir. Il y a quatre ans, j'avais même une relation basée strictement sur le cybersexe qui a duré plus de six mois. L'intensité de la jouissance que je ressentais avec cette femme alors que nous nous livrions à nos ébats auto-érotiques devant nos claviers respectifs était même supérieure à tout ce que j'ai pu vivre à date avec des femmes en chair et en os que j'ai pu serrer dans mes bras. Je sais, dit de cette façon, ça semble absolument pathétique. Et c'est d'ailleurs ainsi que je le percevais à l'époque, me disant que tout cela ne faisait que confirmer à quel point j'étais un pauvre looser. Mais j'ai arrêté de croire cela le jour où j'ai réalisé que mes partenaires de cybersexe (qui n'ont pas été si nombreuses que ça quand même) étaient toutes sans exceptions des femmes très belles et désirables (photos à l'appui, et même dans certains cas rencontres en personne qui m'ont confirmé la chose) possédant déjà pour la plupart une vie sexuelle, et que c'était sur leur initiative à elles que notre relation virtuelle avait pris cette tangeante. Selon toutes les définitions du terme, ces femmes n'étaient pas des loosers, et elles m'avaient choisi moi pour enrichir leur vie sexuelle de cette nouvelle expérience.

Parenthèse.

L'autre jour, Lolita et moi parlions justement de masturbation. Elle m'a fait remarqué à quel point, malgré nos moeurs sexuelles supposément libérés, notre société considère encore la masturbation comme une activité dévalorisante, voire dégradante, surtout chez les femmes. Par exemple, si dans une soirée une demoiselle se mettait à raconter les détails d'un trip à trois qu'elle a vécu dernièrement, elle gagnerait instantanément l'attention de son auditoire qui serait alors pendu à ses lèvres et lui envierait son ouverture et sa capacité à explorer de nouvelles facettes de sa sexualité. Mais si elle avait le malheur de dire quelque chose du genre "l'autre soir je me suis masturbée pendant deux heures et j'ai jouis comme une folle", il y a fort à parier que ses dires n'intéresseraient que son auditoire masculin, et ne lui attireraient de la part de ses copines que des regards plutôt condescendants, voire méprisants...

Fin de la parenthèse.

Ben voyons Laqk ! Tu parles de choses comme ça avec ta copine et pis vous faites rien ensemble ? C'est vrai que t'es un looser !

Bon, on discutera de ça une autre fois ok ? Revenons à nos moutons si vous voulez bien...

D'ailleurs, c'était quoi nos moutons ?

Ah oui. Le cybersexe.

Donc je disais que j'ai réussi à franchir le blocage du "sexe pour le sexe" avec mes relations virtuelles. J'ai même réussi à le faire avec mes relations téléphoniques (expérience, soit dit en passant, extrêmement jouissante pour un voyeur et/ou "entendeur" comme moi...). Mais avec une femme en chair et en os se tenant debout devant moi: jamais. Les quelques relations sexuelles que j'ai eu dans ma vie ont été avec des femmes que je ne désirais pas vraiment, et à leur demande à elles. Avec du recul, je réalise aujourd'hui que j'ai eu par le passé de nombreuses occasions de faire des propositions à des femmes que je désirais beaucoup, et que celles-ci m'auraient fort probablement dit oui.

Mais je ne l'ai jamais fait.

Wow, j'ai commencé par parler de l'Idéaliste qui prenait goût à se reluquer le cul, et j'en suis rendu à disserter sur ma pathétique vie sexuelle. Je crois que je vais aller me relire car je ne suis pas sûr d'avoir bien suivi toute la chaîne de raisonnement...


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