2 décembre 2001

Copine est venue souper chez moi hier soir. J'avais fait une chaudronné de ma super sauce à spaghetti, et je l'avais particulièrement bien réussie. Il y a longtemps que j'avais envie de lui faire goûter à ma sauce, mais Copine est végétarienne. Par contre il lui arrive de faire exception, et ce fut le cas hier soir, à son grand plaisir d'ailleurs, car comme je m'y attendais, elle a trouvé ma sauce absolument délicieuse.

Nous avons aussi beaucoup parlé de Lolita. Sachant que Copine avait probablement des sentiments pour moi, j'ai toujours évité de me servir d'elle comme confidente en ce qui a trait à mes relations avec d'autres femmes. J'avais pris le risque une fois auparavant, dans le temps de Lectrice, et ses commentaires plutôt blessants m'avaient découragé de recommencer. Et en ce qui concerne Lolita, la situation est d'autant plus délicate qu'il s'agit de sa grande amie.

Mais enfin bon, elle semblait vouloir se lancer dans le sujet, et j'ai décidé de lui faire confiance. À ma grande surprise, elle a fait preuve de beaucoup de maturité (bien plus que moi d'ailleurs), et sa lucidité face à la situation m'a finalement éclairé sur bien des points, et m'a fait voir ma propre attitude face à cette "relation" que j'entretiens avec Lolita.

Finalement, ce fut une belle soirée, semblable à celle que nous vivions souvent au début de notre relation.

Mais encore une fois, un lancinant mal de tête m'a accablé une partie de la nuit. C'est toujours la même chose, la même douleur, juste derrière les globes oculaires. Mes pauvres yeux fatiguées et vieux ne peuvent plus endurer le rythme que je leur impose. Et ça me frustre.

J'ai même été obligé encore une fois d'avaler un de ces atroces comprimés de Tylenol ce matin.

Je crois que je vais devoir me rendre à l'évidence que je vieillis. Mais cette constatation me fait terriblement peur, surtout parce que je suis continuellement habité par ce sentiment d'avoir gâché ma vie, d'avoir négligemment laissé passer mes plus belles années. J'aimerais pouvoir vieillir avec sérénité, mais je dois me rendre à l'évidence que ce n'est absolument pas le cas. Et même si, dans mon cas, les signes de la vieillesse se font généralement attendre, pour ce qui est de mes yeux ils sont pile à l'heure, le métier que j'exerce n'aidant sûrement pas les choses d'ailleurs.

Ma vue a tellement baissé ces derniers mois que bientôt je ne pourrai même plus voir d'assez près pour distinguer nettement les yeux d'une femme que je serrerai dans mes bras. Je n'ai jamais eu, de toute ma vie, la chance de plonger mon regard dans celui d'une femme que je désire vraiment et de la voir jouir alors que nous faisons l'amour.

Et bientôt, très bientôt, il sera trop tard. Je n'aurai plus jamais cette chance.

Bien sûr, me direz-vous, il restera toujours les lunettes ou les lentilles cornéennes. Dans le premier cas, vous conviendrez avec moi que ce n'est pas nécessairement une idée géniale de faire l'amour avec des lunettes... Et dans le second, et bien connaissant la propension qu'a mon corps à rejeter toute forme de corps étranger, il y a peu de chance que je tolère les lentilles cornéennes. Et puis d'ailleurs dans un cas comme dans l'autre, ce ne sera jamais vraiment tout à fait la même chose...

Sur une note plus positive, Cousine nous revient ! Elle va venir passer les trois prochains mois avec nous, pour terminer sa grossesse et accoucher ici. Je vais aller la chercher à l'aéroport demain. Elle aura sûrement beaucoup de choses à nous raconter.


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