4 décembre 2001

Another Beatle bites the dust.


Angoisse cette nuit.

Mes yeux se sont ouverts à deux heures du matin. Je ne sais pas pourquoi. Mais j'ai très vite réalisé que je me sentais comme lorsque j'étais en dépression. Encore cette sensation de se noyer, de couler à pic, submergé par la peur et le désespoir, tentant désespérément de me raccrocher à une pensée réconfortante, une idée, une image, un souvenir rassurant. Mais il n'y avait rien. Le vide. Le néant.

J'ai discipliné mon esprit. J'ai maîtrisé ma peur. Je n'ai pas cédé à la panique. J'ai fait appel à cette discipline de pensée que j'ai développé il y a quelques années pour combattre mes insomnies. J'ai fait le vide dans ma tête. Si je ne peux avoir de bonne pensée, alors je n'aurai pas de pensée du tout.

J'ai rapidement retrouvé le sommeil, heureusement.

À mon lever ce matin, ça allait mieux.

Mais cette rechute ponctuelle, probablement le résultat de la charge émotionnelle de ma conversation avec Lolita et des conclusions que j'en ai tiré, cette rechute dis-je me rappelle à l'ordre. Je me suis beaucoup immergé dans le travail ces derniers temps. Je n'ai fait qu'endormir le mal. Aujourd'hui, toute la journée, j'étais très lucide. Une lucidité pas très plaisante. Une lucidité qui me rappelait, encore et toujours, que je ne vis pas la vie que j'aimerais vivre, que le temps s'écoule, jour après jour, me laissant toujours insatisfait, avec comme seuls compagnons ma solitude, mon vide intérieur et mes désirs inassouvis.

Aujourd'hui, j'ai plongé dans mes souvenirs. Je me suis retrouvé à Cuba, étendu sur mon lit, dans ma hutte maintenant détruite, regardant par la porte entrouverte les feuilles des palmiers se balancer dans la brise. Je me suis rappelé l'une de ces matinées ou je somnolais dans le hamac, laissant les doux rayons du soleil des tropiques réchauffer mon visage. Je me suis dit, à ce moment là, que je devais fixer à tout jamais dans ma mémoire ces images, le bien-être que je ressentais, que je n'avais pas ressenti depuis des années, l'immense bien-être d'être enfin délivré de ce vide, de se sentiment de laisser passer la vie sous mon nez, et ce, même si je ne faisais rien d'autre que me laisser bercer par cette vie qui passait.

Je me suis accroché à ces souvenirs. À cette fin d'après-midi où Lolita et moi nous lancions de longs regards par nos yeux rougis par l'eau salée, nos sourires tatoués sur nos visages, alors que nous sautions nus et libres dans les vagues. À cette soirée, collé contre Nikita dans le hamac, où elle a mis sa main derrière ma tête, a tiré doucement mon visage contre le sien et m'a fait goûter ses lèvres pour la première fois.

Elle est là, la vie. J'en ai soif. Il ne me reste qu'à apprendre à la saisir.


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