17 décembre 2001

Voici une de ces soirées où je n'ai pas grand chose à dire, mais où j'ai vraiment envie d'écrire.

Vous parler de ma journée ? Bien sûr, je peux le faire en quelques phrases. J'ai mangé ce midi avec ce collègue chiant dont je vous parlais hier. En fait, il peut être d'agréable compagnie lorsqu'il décide d'être un peu sérieux, et qu'il n'y a pas de femme aux alentours pour pavaner. Et à ma grande surprise, il n'a pas une seule fois fait allusion au party de bureau. Peut-être l'avais-je mal jugé après tout... (yeah, right...)

Et puis j'ai eu à faire avec une fille du laboratoire aujourd'hui. Quand je suis monté la voir, elle était en train de discuter avec Consoeur, et cette dernière ne s'est pas sauvée en courrant quand elle m'a vu arriver. De plus en plus bizarre comme journée...

Je repensais aujourd'hui à la façon dont mes relations sont en train de se transformer face à mes lecteurs/trices, et aux autres diaristes, et je me rend compte que mes propos des derniers jours ont sans doute été blessants pour plusieurs d'entre vous. Et même s'il y a cette espèce de règle non écrite dans le milieu qui dit qu'un diariste doit d'abord écrire avant tout pour lui, et non pour les autres, je crois en fait qu'aucun d'entre nous ne prendrait la peine de publier son journal sur le web s'il ne désirait pas être lu. La relation auteur-lecteur est ce qu'elle est: une relation. Et de ce fait, elle appelle à un minimum de respect d'un côté comme de l'autre. Je crois que je n'ai pas particulièrement respecté ma part de l'entente dernièrement. Je ne peux pas me permettre d'écrire ici, d'avoir des lecteurs et lectrices qui prennent la peine de prendre quelques minutes de leur temps pour me lire à chaque jour, et parfois même à me donner signe de vie, sans faire preuve envers eux des plus élémentaires signes de politesse et de respect.

Que ça me plaise ou non, écrire un journal intime et choisir de le mettre en ligne implique une certaine part de responsabilité, et comme je suis profondément réfractaire à toute forme de responsabilité, je crois que c'est la raison pour laquelle je me rebiffe à ce point depuis quelque temps face à mes relations virtuelles.

Si je ne suis pas prêt à assumer ces responsabilités, je ferais aussi bien d'arrêter ce journal.

Mais n'ai-je pas justement entrepris cette démarche pour affronter mes peurs, pour transcender mes limitations ?

Je sais que j'ai surtout agi de façon égoïste. Je n'ai pensé qu'à moi dans cette démarche, qui se veut intrinsèquement bilatérale.

Mais comment une fleur qui se sens mourir à petit feu par manque de soleil peut-elle se préoccuper d'autre chose que de sa propre existence ?

Ce n'est pas une excuse, seulement une explication.


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