21 décembre 2001

Premièrement.

Je suis en train de me conditionner depuis plusieurs jours à l'idée qu'il ne se passera jamais rien de sexuel entre Lolita et moi. Pourquoi ? Parce que sa relation avec son ami de Montréal, qui se voulait à l'origine un simple trip de cul, est en train de prendre une tournure beaucoup plus sérieuse, et ce malgré ce qu'elle peut en dire. Qu'est-ce qui me fait penser ça ? Oh, un certain nombre de petits détails insignifiants, par exemple, le fait qu'elle va passer le réveillon et la journée de Noël avec lui dans sa famille...

Elle m'a d'ailleurs laissé un message sur mon répondeur ce matin, me souhaitant un joyeux Noël et me disant qu'elle ne serait pas de retour avant le 26 décembre au soir.

Deuxièmement.

Le lever du corps fut un peu plus difficile que d'habitude. Cette délicieuse Alegria m'a encore fait la surprise de me donner un coup de fil hier soir. Elle m'a tenu (en fait, nous nous sommes tenus) au téléphone jusqu'à une heure du matin. J'ai adoré chaque minute de cette délicieuse conversation. Je ne m'étais pas retrouvé dans un tel état second, sur cet espèce de petit nuage, depuis mes douces conversations téléphoniques avec Lectrice, le côté sexuel en moins. Pas qu'Alegria ne soit pas désirable en s'en frapper la tête sur les murs, mais plutôt que ça a toujours été clair entre nous que nos rapports n'incluraient pas cette dimension des relations humaines. Because trop loin, trop grosse différence d'âge et trop pas disponible.

N'empêche que je m'ennuie terriblement de ce petit bout de femme pleine d'énergie et d'entrain et que je meurs d'envie de la revoir en personne. Cette fois, nous nous sommes fermement réservés la fin de semaine du 29 et 30 décembre.

Pourtant, à mon réveil ce matin, j'étais assailli par toutes sortes de doutes et d'interrogations. Est-ce une bonne idée de m'attacher à ce point à une femme pour laquelle je ressens de l'attirance ? Ne suis-je pas encore en train de répéter pour la millième fois le même pattern de craquer pour des femmes inaccessibles ? Et puis, même si elle m'assure que oui, serai-je vraiment le bienvenu auprès de son conjoint ? Comme vous le savez sans doute si vous la lisez, elle vient de vivre une période délicate dans son couple, et si j'étais à la place de son chum, il me semble que je passerais par une petite période réfractaire à voir des hommes tourner autour d'elle, et ce, même dans le contexte d'une relation purement platonique. Il ne fait aucun doute dans mon esprit qu'il fera montre à mon endroit de la plus irréprochable des hospitalités, mais que ressentira-t-il au fond de lui ? Je n'aime pas du tout l'idée que quelqu'un pour qui j'ai de l'estime se sente mal à cause de moi.

Et puis, dans quelle mesure mon affinité pour elle est-elle teinté par cette attirance ? Me sentirais-je aussi bien à échanger avec elle si je la trouvais hideuse ? Me serais-je permis de me sentir aussi près d'elle ? N'empêche que l'énergie et le dynamisme qu'elle dégage, ce bonheur qui lui sort pas les oreilles et lui suinte pas les pores de la peau, n'a que peu à voir avec son apparence physique. Et j'ai déjà ressenti de l'attirance physique pour d'autres femmes, dans certains cas beaucoup plus d'attirance, sans jamais me sentir autant en affinité avec celles-ci.

Vous le savez, toutes ces interrogations en rapport avec le rôle de mon attirance dans mes relations avec les femmes sont continuellement présentes en moi, particulièrement lorsqu'une nouvelle femme apparaît dans ma vie. Elles sont la conséquence directe de mon vécu personnel en ce qui a trait à mes relations avec l'autre sexe. Je me rend compte que, même si ce n'est presque jamais le cas, je ne me permet tout simplement pas de ressentir de l'intérêt pour une femme pour des raisons purement sexuelles. Il semble que l'idée de s'intéresser à une femme pour ces seules raisons soit encore clairement qualifiée de "mal" dans mes petits neurones. Que ce soit Consoeur, Lolita, l'organisatrice, la collègue avec qui je m'entend si bien, et même Alegria, ces questionnements sont toujours les mêmes.

Merde. Ça devient lassant de toujours se sentir assaillis par toutes sortes de doutes et de malaises comme ça. Comment voulez-vous que dans ces conditions j'en vienne un jour à développer avec une femme une relation saine, qu'elle soit amicale, amoureuse, sexuelle, ou une quelconque combinaison des trois ?

L'avantage avec Alegria, c'est que même si elle me lit, je peux laisser libre cours à ces questionnements dans mon journal, puisque ce sont des choses qu'elle sait déjà, et qu'elle m'a connu par ce journal, justement avec toutes ces contradictions, ces doutes et ces interrogations qui me font la vie dure depuis trop longtemps.

Mais bon. Quoi qu'il en soit, je serai au rendez-vous chez elle comme convenu en fin de semaine prochaine, et ce sera génial, et nous aurons énormément de plaisir, et elle me racontera sa vie pendant des heures, et je lui montrerai mes photos de voyages, et ça me fera du bien de passer quelques jours avec une personne de qui je me sens vraiment et sincèrement apprécié.

Troisièmement.

Voilà. Fin de mon dix-neuvième jour consécutif de travail. Je suis officiellement en congé pour cinq jours. Ça me fera du bien, j'en suis sûr, même si, moralement, je devrai continuellement lutter contre la déprime et les idées noires. Je suis fragile émotionnellement et je m'en rendais compte ce matin. En prenant ma pause cet avant-midi, j'étais seul à ma table. En fait, pas tout à fait. Pour la première fois depuis longtemps, il y avait aussi Consoeur et son groupe, à une autre table. Encore une fois, ses éclats de rire me faisaient mal. Mais je feignais de l'ignorer, gardant mes yeux rivés sur mon journal. C'était mieux ainsi. Après ma pause, en passant en face de la salle à dîner, j'ai réalisé que presque tout le monde y était. Automatiquement je me suis fais toutes sortes de scénarios de persécution dans ma tête. On ne voulait pas me voir, on avait fait exprès pour m'exclure. Jusqu'à ce que je redescende à mon bureau, que je lise mon courrier que je n'avais pas pris le temps de consulter parce que j'étais arrivé un peu tard au travail (à cause de vous-savez-qui ;-) et que j'y lise un message adressé à tous, de la part de notre directeur, qui invitait tout les employés à une petite santé dans la salle à dîner, à l'heure de la pause, dans le cadre du temps des fêtes.

Je me trouvais plutôt con.

L'organisatrice m'a d'ailleurs demandé pourquoi je n'avais pas été présent, preuve qu'elle s'en préoccupait. J'étais un peu honteux de lui expliquer ma raison.

Et puis pour clore la journée, nous avons eu droit, dans cette même salle à dîner, à un petit concert trompette et guitare de la part de deux de nos talentueux collègues, qui nous ont interprété quelques airs de Noël. Rien de l'envergure de l'an passé, mais sympathique quand même, et je me suis beaucoup amusé. Pourtant, je ne pouvais pas m'empêcher de regarder de temps en temps par dessus mon épaule pour voir si Consoeur n'allait pas se pointer le bout du nez. Ce ne fut pas le cas.

Au moment de partir, je souhaitai de joyeuses fêtes à mes collègues, la plupart desquels je ne reverrai pas avant le 7 janvier. En faisant la bise à l'organisatrice, et après une longue accolade, elle m'a confirmé que nous ne nous reverrions pas avant l'an 2002.

Ce qui implique que je ne verrai pas France non plus.

Snif.


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