24 décembre 2001

Je n'ai pas eu le choix de sortir hier, dans un centre commercial en plus. Je déteste ça d'avance, alors dans le temps des fêtes comme ça, vous imaginez...

Ça n'a pas été si pire en fin de compte. Sauf que ce dont j'avais besoin n'était pas disponible. À la place, ils avaient rempli les rayons avec toutes sortes de cochonneries de décorations de Noël minables. Ne voulant pas m'être fait chier dans un centre commercial l'avant veille de Noël pour rien, je me suis fait un cadeau, de moi à moi pour moi en passant par moi. Je me suis offert la bande sonore du fabuleux destin d'Amélie Poulin. Bien sûr j'aurais pu le dénicher sur l'Internet, mais il faut bien que je paye de temps en temps pour ma musique, histoire de faire vivre ces pauvres artistes qui meurent de faim (mais pas leur compagnie de disque).

Beaucoup de trafic à la sortie du stationnement. Une voiture s'avance pour s'engager dans la circulation et, tout naturellement, je lui cède le passage. La passagère m'envoie la main. Quelques mètres plus loin, ils font de même pour un autre automobiliste. La courtoisie, ça coûte pas cher et c'est contagieux. Ou peut-être est-ce le temps des fêtes qui inspire ainsi les gens.

Sur le chemin du retour, "Te Quiero" écrit à la peinture sur une falaise en bordure de la route. La personne à laquelle était destinée ce message réalise-t-elle la chance qu'elle a ?

Un jour, j'avais invité Copine à souper et elle m'a apporté un bouquet de fleurs. Elle est restée estomaquée quand je lui ai appris que c'était la première fois de toute ma vie qu'on m'offrait des fleurs. Pourquoi les gens semblent avoir tant de difficulté à me croire quand je leur décris le vide de mon existence ? Vous pensez que ça m'encourage de constater que non seulement je vis une vie minable, mais qu'en plus, c'est si rare que presque tout le monde croient que je blague ou que je leur monte un bateau quand je leur en parle ?

Comme je l'avais dit avant-hier, j'ai invité mon ami d'enfance et sa copine à venir passer le réveillon ici. En fait, je lui ai laissé un message sur son répondeur hier soir. Pas eu de nouvelles depuis, alors je ne les attendrai pas. Il aurait pu me retourner mon appel au moins. Et ne venez pas me dire qu'il n'en a sans doute pas eu le temps, c'est de la foutaise. Je connais son emploi du temps. C'est plutôt qu'il s'en fout, comme la plupart des gens d'ailleurs. À la veille de Noël, ils ont d'autres chats à fouetter que de me donner signe de vie. Tous le monde se crisse complètement de moi d'ailleurs.

Un psy me dirait que je parle en extrêmes, que la vie n'est pas noire et blanche, que j'ai besoin d'apprendre à nuancer les choses.

Ok. Je vais nuancer: Pas mal tout le monde se crissent plus ou moins complètement de moi.

D'ailleurs les psy, je les emmerde. Quand quelqu'un vient les voir pour se plaindre qu'il n'a pas d'amis et que personne ne s'intéresse à lui, et qu'au fil des sessions ils découvrent que la raison en est que leur client est tout à fait fade et totalement inintéressant, que voulez-vous qu'ils fassent ? Que voulez-vous, dans la vie, il y a des gens intéressants et des gens plates, et j'appartiens à la deuxième catégorie.

Bon, bon... Je vais nuancer encore.

Disons que dans ma vie, il y a un certain nombre de personnes pour qui je compte un peu, et personne pour qui je compte beaucoup.

C'est mieux comme ça ?

Bon, tout un cadeau de Noël que je vous fais, avec mon chiâlage. C'est pas si pire dans le fond. Je vais passer la soirée seul, comme n'importe quelle autre soirée. Et demain, je soupe chez mes parents, les seules personnes sur terre qui m'aiment inconditionnellement, parce qu'ils ont investi toute leur vie dans leurs trois enfants, et que ne pas aimer l'un d'eux impliquerait qu'ils ont gâché le tiers de leur vie.

Bon je sombre dans le cynisme. Mes parents m'aiment, réellement, sincèrement, inconditionnellement. Je peux le sentir quand je suis en leur présence, je le vois dans leurs yeux. Ils sont fiers des beaux et bons enfants en santé qu'ils ont élevés. S'ils savaient que leur fils est malheureux, ça leur briserait le coeur. Demain, je passerai la soirée avec mon père, que nous avons bien cru perdre il y a quelques années. Mais il a vécu, pour voir naître le vingt-et-unième siècle avec sa femme et ses enfants.

Bon. Je crois que je vais aller finir mon ménage, que j'ai commencé en prévision de recevoir des gens qui ne viendront pas. Il me semble que j'ai fait ça souvent dernièrement.

Et un très Joyeux Noël à vous tous et toutes.

Ho ho ho.


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