26 décembre 2001

J'ai vraiment une sainte horreur du froid. Je me rend compte à quel point cette aversion est profondément viscérale et me paralyse. Voilà plus de deux heures que je regarde dehors, que je vois les splendides paysages que je suis bien obligé d'admettre que je trouve beaux, que je regarde mon voisin déneiger une fois de plus sa grande patinoire sur le lac, que je ferme les yeux et que je me vois marcher dans la neige peu profonde dans le sentier de la montagne derrière chez moi.

Et pourtant, dès que je pense mettre le nez dehors et profiter de cette magnifique journée pendant au moins quelques heures, une seconde plus tard le souvenir de la sensation du froid me bloque instantanément, et je ne peux tout simplement pas me résigner à sortir.

Tout le monde, de tout temps, m'a toujours dit que je n'avais qu'à m'habiller suffisamment chaudement. Mais ils ne comprennent tout simplement pas. Même habillé de la tête aux pieds avec les vêtements les plus chauds et les plus "hi-tec" possible, on sent quand même le froid, ne serait-ce que sur nos joues, nos yeux, nos lèvres, nos poumons lorsqu'on respire, c'est inévitable. Il est là, toujours présent, partout autour de nous, ce froid, cette sensation parmi les plus désagréables de l'existence. Et elle veut notre mort. Sans protection, elle finira inévitablement par nous tuer.

Je déteste le froid. Et je le déteste d'autant plus qu'il me force à rester ici, prisonnier de ces quatre murs, alors que j'aurais le goût de sortir, le goût des grands espaces.

Mais je ne resterai pas enfermé chez moi tout l'hiver. Comme à chaque année, je vais finir par me raisonner, ne serait-ce que pour aller déneiger l'entrée après les grosses chutes de neige, ou pour aller faire un peu de raquette avec mes amies.

N'empêche que je déteste l'hiver, je déteste cette saison qui m'oblige à choisir entre le moindre de deux maux.


J'ai finalement trouvé le courage de mettre le nez dehors. Le froid était présent bien sûr, mais il se laissait aisément oublier. En fait la température était idéale.

J'ai voulu secouer un peu mes chaises de patio pour en enlever la neige avant de les ranger sous ma galerie. Le froid avait rendu le plastique fragile, et le léger choc sur le sol a cassé net le dossier de l'une d'elle. Merde. Des chaises neuves, que j'avais acheté ce printemps, afin que mes amis puissent s'asseoir lorsqu'ils viendraient chez moi les soirs où je ferais des feux dans mon foyer. Elles n'ont finalement jamais servi. Et l'une d'elle est brisée maintenant.

Alors que je criais à plein poumon que je tuerais le premier imbécile qui oserait essayer de me convaincre qu'il y a plein de bons côtés à l'hiver, j'ai entendu les cris de joies d'une mère et de son enfants qui s'amusaient sur le lac gelé.

Bon. D'accord. Il y a des bons côtés à l'hiver.

Mais bordel de merde, pourquoi c'est toujours les autres qui en profitent et pas moi ?

Finalement, après avoir déneigé mon entrée, je suis allé prendre une marche dans le bois près de chez moi. J'ai remonté le ruisseau qui alimente le lac pendant un certain temps. Le temps doux aidant, ses eaux coulaient librement, et cela faisait du bien d'entendre leur clapotis. Les paysages étaient beaux aussi. Purs. Immaculés. Et la couche de neige au sol était parfaite, juste assez épaisse pour aplanir la surface et la rendre plus facile à parcourir, mais pas assez épaisse pour entraver la marche.

À mon retour, j'ai constaté que la contagion avait atteint plusieurs personnes. Trois nouvelles patinoires étaient en train de naître, et un couple et leur chien prenaient une marche en plein milieu du lac. Ne pas avoir été seul, j'aurais bien pris une grande marche moi aussi, mais c'est un peu risqué à cette période de l'année lorsque personne ne nous accompagne.

S'il ne tombe pas d'autre neige et que le temps se refroidit un peu, ce sera peut-être possible au chalet de Lolita la semaine prochaine. Et même s'il neige, et bien on traînera nos raquettes.

C'est une autre similitude entre la nature et les femmes. Comme celles-ci, elle est aussi belle à regarder lorsqu'elle dort.


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