28 décembre 2001
RHUM !
Je commence à comprendre un peu les alcooliques maintenant...
Instant hapiness...
Ne vous inquiétez pas. Je suis trop lucide pour tomber dans le piège des paradis artificiels. N'empêche que quelques fois, par exemple ce soir, quelques gouttes d'alcool sont excessivement bienvenues.
Ma journée ?
Consoeur s'est stationnée complètement de l'autre côté de l'édifice ce matin. Ne venez pas me dire qu'il s'agit là d'une simple coïncidence.
Elle a fait une bref passage dans la salle à dîner ce midi, pour mettre son lunch dans le micro-onde, et revenir le chercher quelques minutes plus tard. Pas un seul regard en ma direction, même après avoir salué les autres personnes présentes dans la salle. En fait, elle a soigneusement évité mon regard.
J'ai dû aller travailler dans le laboratoire en fin d'après-midi. Ce n'était pas mon premier choix, mais bon. Un de mes collègues, que j'ai salué brièvement et qui m'a vu entrer dans le labo, a dû croire que j'allais parler à Consoeur. Ne me demandez pas pourquoi. Toute personne qui ne s'est pas encore aperçu de ce qui se passe entre nous a les deux yeux bouchés. Quoi qu'il en soit, il m'a suivi quelques minutes plus tard, et a semblé très surpris de nous voir, moi d'un côté, elle de l'autre, faisant chacun nos affaires sans échanger le moindre mot. Il a finalement choisi d'aller jaser avec elle. Comme si le choix était difficile.
Je les entendais parler et rire ensemble et ça me faisait chier. D'autant plus que ça me déconcentrait.
Et comme on devait s'y attendre, l'amant présumé est entré à son tour. Bref regard dans ma direction, avant d'aller se joindre au sympathique duo. Maintenant ils étaient trois à parler et rigoler ensemble.
C'est comme je l'ai déjà dit auparavant. Il semble que tout le monde dans l'édifice ait le droit de parler et de s'amuser avec Consoeur. Tout le monde sauf moi.
Pour ce qui est de l'amant présumé cependant, je vois clairement quelque chose dans son regard, chaque fois qu'il est présent lorsque moi et Consoeur sommes dans la même pièce, à faire comme si l'autre n'était pas là. Lui, il sait. Et cela semble évident que ça le désole profondément. Mais que peut-il y faire ? Il n'y a que Consoeur et moi qui puissions mettre fin à cette situation ridicule.
J'ai pris à distance mes messages sur mon répondeur. Je n'aurais pas dû. Message de Lolita qui, une fois de plus, s'arrange pour m'appeler aux heures où je ne suis pas chez moi, bien qu'elle ait mon numéro au travail, vu qu'elle me l'avait elle-même demandé il y a quelques mois. En gros, elle me parle du réveillon du jour de l'an au chalet, en précisant qu'elle ne pourra pas me parler ce soir car elle part très tôt en direction de Montréal et elle montera au chalet lundi directement à partir de là. Elle précise: "Nous vous attendrons vers 15h". Ce "nous" étant bien sûr elle et son "trip de cul", qui, de toute évidence, est maintenant beaucoup plus que cela.
D'ailleurs cela confirme ce que je craignais. Il sera avec nous au chalet. Et ces temps-ci, je n'ai vraiment vraiment vraiment pas envie de voir Lolita dans les bras d'un autre homme pendant deux jours consécutifs.
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Et en plus, ce sera la pleine lune. Comme si je n'avais pas déjà les émotions suffisamment à fleur de peau comme ça.
Encore une fois, je me vois confronté à un choix. Aller au chalet pour défoncer l'année et souffrir le martyre, ou rester seul chez moi, et souffrir le martyre.
Crisse que j'en ai marre d'avoir toujours à choisir entre deux situations qui me rendent malheureux, en essayant de savoir laquelle des deux sera la moins pire.
Pourtant, bordel, est-ce que je demande la lune ? Je veux juste être heureux, me sentir entouré de gens qui m'aiment autant que je les aime, qui partagent les mêmes goûts et les mêmes passions que moi. Est-ce donc si compliqué à obtenir ? Qu'est-ce que je fais de pas correct ? Où diable ai-je donc pris un mauvais virage dans ma vie ?
J'avais quand même une bonne nouvelle dans ma boîte à malle en arrivant chez moi. Une carte de Noël, de la part de Lola.
Ma chère Lola, si tu savais comme je t'aime, et comme j'ai peur de cet amour. J'ai peur de le perdre, de le corrompre, de dire ou faire quelque chose qui va tout gâcher entre nous, parce que je finis toujours par corrompre tout ce que je touche. Peut-être est-ce pour ça que je ne cherche pas à te voir plus souvent.
Durant les deux prochains jours, je vais décrocher complètement. Je vais aller voir ma chère Alegria, et durant ce temps, je laisserai toute ma misérable existence derrière moi. Je vais me plonger entièrement dans son univers à elle, son univers de joie, de bonheur et d'amour. Et peut-être qu'après ces deux jours, la tête un peu refroidie, je serai plus en mesure de prendre une décision éclairée concernant ce que je vais faire à propos du nouvel an. Et du voyage à Cuba aussi. Parce que ça me semble de plus en plus être une très mauvaise idée. Surtout que comme c'est parti là, son "trip de cul" risque fort de nous y accompagner aussi.