30 décembre 2001

Peut-être ma dernière entrée de l'année.

Je suis finalement de retour chez moi sain et sauf, après avoir affronté pendant plus de six heures des conditions routières et météorologiques variant du simplement chiantes au carrément dangereuses, mais toujours exécrables. Et pour mal faire, j'ai manqué de lave-glace, alors que j'en avais pourtant rempli le réservoir avant de partir. Alors je me suis tapé les deux cent derniers kilomètres avec un pare-brise plus ou moins propre, à jurer contre tous les automobilistes qui me dépassaient en l'aspergeant encore plus de cette eau sale et visqueuse que mes essuies-glace essayaient tant bien que mal de nettoyer sans aide.

Et ça, c'est sans compter les trois quarts d'heure que j'ai passé la journée précédente, complètement perdu, à errer dans la ville d'Ottawa pour essayer de trouver le chemin pour traverser le pont, en sacrant, en pestant contre moi-même de ne pas m'être renseigné davantage sur le chemin à prendre lorsque j'arriverais par l'Ontario, et en culpabilisant à l'idée que j'allais arriver en retard et que mes hôtes allaient probablement s'inquiéter à cause de ça.

Mais vous savez quoi ? Avec le recul, et maintenant que je suis un peu refroidi, toutes ces émotions désagréables ont fondu comme neige au soleil. Et ce qui demeure, c'est la joie et le bien-être d'avoir passé quelques heures en compagnie de ma petite perle outaouaise.

Alegria et son conjoint m'ont accueilli chaleureusement, encore une fois, dans leur humble demeure. Et encore une fois, je suis littéralement tombé sous le charme de ce petit paquet de nerfs, de cette boule d'énergie, de vitalité et de bonheur.

Contrairement à notre première rencontre, je ne sentais pas que j'avais beaucoup de bon à offrir cette fois. Je n'aime définitivement pas mon humeur et mes idées noires depuis quelques semaines, et mon expérience dans la ville d'Ottawa n'aidait pas vraiment les choses. Cependant, jamais une seule fois je ne me suis senti jugé de sa part. Elle m'a toujours assuré de son acceptation totale et inconditionnelle de ce que je suis, et je crois que c'est en grande partie pourquoi je me sens si à l'aise d'échanger avec elle. Après tout, elle continue jour après jour, semaine après semaine, à lire mon sempiternel chapelet de jérémiades, et elle ne s'en lasse pas. Et comme je suis beaucoup moins "chiâleux" en personne que dans mon journal, je suppose que pour elle, me rencontrer face à face est toujours une agréable expérience.

Cependant, lorsque nous discutions plus sérieusement en fin de soirée hier, je pouvais souvent voir dans ses yeux une certaine tristesse de me savoir malheureux, tout en sachant qu'elle ne peut rien y faire, que ce problème est mien et que je dois y faire face moi-même. Et de mon côté, je ne pouvais me débarrasser d'une certaine culpabilité à l'idée de n'avoir que mon malheur, mes craintes et mes angoisses à offrir à ceux que j'aime ces temps-ci.

Pour cette raison, entre autre, je me suis fait beaucoup plus silencieux cette fois-ci que lors de notre première rencontre. Elle a vécu tant de choses et d'expériences diverses, bonnes et mauvaises, au cours des derniers mois, que je savais qu'elle voudrait partager tout ça avec moi. Je me suis donc mis davantage sur le mode écoute, en essayant de m'oublier, de me reposer de moi-même en quelque sorte, en la laissant me raconter tout ce vécu avec toute sa passion et son énergie habituelles.

Bien entendu, elle ne s'est pas privée de me chicaner allègrement sur mes doutes concernant ma soirée du nouvel an et mon voyage à Cuba avec Lolita.

Ce matin, alors que j'étais réveillé depuis un certain temps déjà, et que je les entendais de ma chambre, elle et son conjoint, discuter et se taquiner sous les couvertures, je réalisais plus que jamais à quel point il manque quelque chose de fondamental dans mon existence.

Vous vous rendez compte ? Le père d'Éric est à toute fin pratique de mon âge ! Et celui d'Alegria pourrait aisément être mon frère. C'est sidérant de voir où ils en sont rendus dans leur vie, par rapport à moi.

Tout ça pour dire qu'encore une fois, les au-revoirs furent difficiles. Mais cette petite fin de semaine de détente et de décrochage m'a fait le plus grand bien, et nous nous sommes promis de renouveler l'expérience le plus tôt possible.

C'est bien beau tout ça, mais toute cette route et ce manque de sommeil des deux derniers jours m'ont littéralement tué. J'ai des spasmes au dos et les épaules en compote. Je prendrais bien un bon massage, moi.

Avec une cerise. Pourquoi pas ? ;-)


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