1 janvier 2002

Bonne et heureuse année à vous tous et toutes :-)

J'ai été surpris de ma soirée d'hier. Pourtant, elle s'annonçait plutôt mal. En effet, je voulais me garder toutes les portes ouvertes en m'y rendant, ce qui signifiait pour moi la possibilité de décider en tout temps de quitter le chalet et de rentrer chez moi, ce qui impliquait que je ne voulais pas que qui que ce soit dépende de moi pour le retour. Cela a frustré un peu Copine, qui a finalement décidé d'embarquer avec Salma. Devant la frustration de Copine, combinée aux complications d'ordre logistique de tous nous rejoindre là-bas, et considérant mon humeur des derniers jours, je dois avouer que j'y allais à reculons.

Cousine, qui habite non loin du chalet de Lolita, nous avait invité chez elle en début d'après-midi. J'y ai rejoint Copine quelques heures avant de nous rendre tous ensemble au chalet. Celle-ci avait changé d'humeur, et ce temps passé en leur compagnie m'a mis dans un état d'esprit un peu plus agréable.

Cousine, ayant reçu une interdiction stricte de la part de son gynécologue de se livrer à toute activité physique d'ici la fin de sa grossesse, hésitait à se joindre à nous à cause des deux kilomètres de ski ou raquette qui sépare le chalet de la barrière au bord de la route. Lui ayant assuré que mon véhicule passerait aisément à travers le peu de neige qui est tombé à date cette année, et ce même en Beauce, elle et son conjoint nous ont finalement accompagné.

Rendu sur place, nous fûmes agréablement surpris de constater qu'il était en fait tombé si peu de neige que tous les véhicules furent capables de se rendre directement au chalet sans problème (ce qui faisait bien mon affaire car, comme je l'ai dit plus haut, je tenais à rester totalement autonome).

Au fond de moi, j'avais bien sûr cette appréhension de voir Lolita et son trip de cul ensemble. Elle m'a accueilli avec une bise et une longue accolade, ce qui m'a surpris un peu.

Ce qui m'a surpris aussi, c'est mon humeur. Toute la soirée, je me suis amusé beaucoup. J'étais souriant, enjoué, rieur, blagueur, au grand plaisir de mes amis, certains desquels en paraissaient tout aussi surpris que moi. Le pire, c'est que je n'avais ni à faire semblant, ni à me forcer. Finalement, j'étais comme j'aime être, comme j'étais souvent par le passé, comme je sais pouvoir redevenir un jour. C'est alors que j'ai réalisé que l'absence de certaines personnes (JG entre autre), avec lesquels j'ai un peu plus de problèmes, y était sûrement pour quelque chose. J'ai bu très peu, désirant demeurer sobre pour pouvoir prendre mon véhicule en tout temps, alors cela n'avait certes pas d'influence majeure sur mon caractère. En aucun moment je ne me suis ennuyé ou senti déprimé ou pas à ma place. Lolita et son amant firent d'ailleurs preuve d'un certain tact en limitant leur manifestations d'affection au stricte minimum.

J'ai même joué une parti d'échec avec son amant ! Ce dernier a d'ailleurs fini par coucher son roi après avoir considéré que je l'avais suffisamment humilié... ;-)

Puis, vint l'heure du bilan, cette petite séance ou chacun d'entre nous fait à tour de rôle le récit de son année qui s'achève, des conclusions qu'il en tire et de ses objectifs de vie pour l'année qui commence. On m'a passé la chandelle en premier, étant l'instigateur de cette tradition en devenir. Surpris, et n'avant pas eu vraiment le temps de réfléchir à ce dont je voulais parler, j'ai passé la parole à ma voisine, en précisant que j'allais reprendre mon tour à la fin.

C'est alors que les choses se gâtèrent un peu pour moi. Juste un tout petit peu.

Au sein d'une atmosphère propice aux confidences crée par un éclairage tamisé et une musique d'ambiance, les témoignages se succédèrent les uns après les autres. Certains simplement narratifs, d'autres plus chargés d'émotions. Quand le tour de parler vint à l'amant de Lolita, et que celui-ci parla entre autre de sa rencontre avec cette dernière, et nous remercia tous de l'accueillir si chaleureusement dans notre groupe, j'eus alors la confirmation de ce dont je me doutais déjà. Je compris que cet homme qui venait de faire son apparition dans la vie de Lolita était destiné à devenir beaucoup plus qu'un simple amant, et ce malgré les complications que risquent d'engendrer la distance physique qui les sépare. Et je n'eus d'autre choix d'admettre que oui, ils allaient bien ensemble, ils formaient un beau couple, partageant les mêmes visions, la même philosophie. Une partie de moi était contente de voir que Lolita semblait avoir enfin trouvé ce qu'elle cherchait depuis longtemps, ce qu'elle méritait, ce que je n'aurais jamais pu lui donner. Et je me sentais un peu "cheap" et égoïste d'avoir intérieurement souhaité pendant si longtemps que ce moment tarde à arriver, et ce pour de simples considérations sexuelles de ma part.

Puis, autre chose me donna une boule dans la gorge. Ce fut la constatation que tous les témoignages que je venais d'entendre, bien que variant beaucoup dans leur fond et dans leur forme, tous ces témoignages dis-je, sans exceptions, parlaient essentiellement des mêmes choses: bonheur, découverte, évolution, accomplissement, révélation, transition...

Lolita fut la dernière à parler. Elle me regarda, puis me passa la chandelle.

Et c'est alors que je réalisai que mon bilan à moi n'avait rien de positif. Que j'étais malheureux, anxieux, que je vivais chaque jour avec la sensation que je n'ai aucun contrôle sur mon existence, dans la solitude et l'ennuie, et que je ne vis pas la vie que je voudrais vivre. Je réalisai que j'ai peur du temps qui passe, des jours qui s'écoulent sans direction et sans but. Bref, j'étais obligé de constater que, durant la dernière année, j'avais l'impression d'avoir stagné, d'en être au même point qu'à la même date l'an passé. Et que de plus, quelques heures à peine auparavant, je me disais que je ne serais jamais à ma place parmi ce groupe qui étaient maintenant tous silencieux, pendus à mes lèvres, dans l'expectative de mon premier commentaire.

Et je ne pus tout simplement pas parler.

Je reposai la chandelle sur la table.

Il y eu un long silence. Tout le monde était un peu mal à l'aise.

Puis, quelqu'un annonça qu'il était passé minuit, et alors commença la ronde des embrassades et des poignées de main. Encore une fois, Lolita me serra très fort dans ses bras en me souhaitant bonheur, paix et amour.

C'est alors que je me dis que le moment était venu pour moi de tirer ma révérence. La soirée avait été trop belle, trop agréable, et je voulais en garder un bon souvenir. Quand les filles se rendirent compte que je m'habillais pour partir alors qu'elles venaient tout juste de mettre un bon CD de musique pour danser tout le reste de la soirée et qu'elles s'apprêtaient à ouvrir la bouteille de champagne, elles semblèrent excessivement surprises, étant donné qu'elles ne m'avaient pas vu depuis longtemps avoir autant de plaisir dans une soirée. Lolita me demanda pourquoi je partais. Devant mon silence et le simple sourire que je lui donnai en guise de réponse, elle eut le tact de ne pas insister. Elle se contenta de s'assurer que je n'étais pas trop fatigué pour conduire et de me souhaiter bonne route.

Quelques bises et poignées de main plus tard, je quittais.

Sur le chemin du retour, j'avais le coeur léger. Aucun malaise, aucun ressentiment. Je roulais avec la sensation d'avoir passé une agréable soirée en bonne compagnie. Mais je réalisais aussi que parmi tout ces gens, je n'ai aucun confident, aucune personne à laquelle je peux m'ouvrir complètement comme je le fais ici. Et même si j'avais un tout petit pincement au coeur en pensant qu'ils étaient encore tous là-bas en train de s'amuser, je ne regrettais pas d'être parti au bon moment, et je me couchai, avec le sourire aux lèvres, dans des draps froids mais qui me parurent un peu plus accueillants qu'à l'habitude.


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