22 janvier 2001

J'ai envie d'être à Montréal en ce moment. Chez Lolita, et CaroLargo, et Nikita. J'ai envie d'être assis avec elles, dans cette ambiance feutrée qu'elles seules savent créer, encens, chandelles, de siroter un délicieux verre de rhum et d'écouter en leur compagnie l'excellent album de Ibrahim Ferrer (du Buena Vista Social Club) qu'un de mes collègues de travail a eu la présence d'esprit de m'apporter aujourd'hui.

Ce matin, je voulais ouvrir la porte de ma maison et me retrouver devant le soleil brillant entre les feuilles des cocotiers. Je voulais respirer l'air chaud et humide, sentir l'odeur de la mer. Je voulais m'étendre dans le hamac, fermer les yeux, et laisser le soleil réchauffer mon visage. Je voulais prendre une marche jusqu'à la plage et regarder les vagues se briser sur le rivage.

Je dois arrêter de regarder mes photos de voyage. Mais il y a encore plein de monde au bureau qui veulent les voir.

Et le délicieux visage de Nikita se retrouve sur trop de ces photos.

Merde. Merdemerdemerdemerdemerdemerdemerdemerdemerde.

Pourquoi a-t-il fallu qu'elle m'embrasse ?

Je peux encore goûter ses lèvres sur les miennes.

Bon. Changement de sujet.

J'ai blessé quelqu'un au bureau aujourd'hui. Un commentaire que j'ai passé. Je ne l'ai pas fait exprès bien sûr, mais qu'est-ce que ça change ? Je l'ai fait quand même.

Rechangement de sujet.

Je me sens impatient. Impatient de vivre.

Ça me fait du bien, mais ça me tue en même temps.

Bon sang, en me relisant, je m'aperçois que mon billet de ce soir risque de vous donnez une fausse impression de mon état d'âme. Je ne vais pas mal. Je suis un peu dérangé par le fait d'avoir fait du mal à quelqu'un, encore une fois, mais je devrai apprendre à vivre avec ça. Que voulez-vous, je suis maladroit. Je dois apprendre à croire en l'amitié de gens qui m'entourent, qui me connaissent, et qui s'attendent à ce genre de chose.

Je suis seulement en manque ce soir. En manque de vie. La vie, j'y ai goutté il y a deux semaines. La chaleur, le soleil, la mer, une femme.

J'ai peur. Peur que l'impatience qu'engendre ce manque me fasse faire un faux pas, basculer dans le vide.

Il y a une lectrice que je veux rencontrer. Elle aussi d'ailleurs. Nous ne nous connaissons que par nos écrits respectifs. Je voulais aller la voir en fin de semaine, mais elle n'était pas disponible. J'ai réitéré mon offre pour la fin de semaine prochaine. Elle ne sait pas. Elle doit y penser. Je ne veux pas la brusquer. Je ne lui demande rien, je ne m'attend à rien. Je ne cherche pas une femme pour détourner mes pensées de Nikita, ou de Consoeur.

Je veux juste vivre.

Je sais qu'elle lira cette entrée. Je ne veux pas qu'elle croit que je l'écris dans le but de l'influencer. Je l'écris parce que j'en ai besoin. Parce que, comme toutes les autres choses dont je parle dans ce journal, je veux partager ce désir, l'offrir à tous ceux et celles que ma petite vie intéresse.

Que vais-je faire ? Attendre. Que puis-je faire d'autre ?

Attendre. Je suis bon là-dedans. C'est un de mes champs d'expertise.

Je ne sais même pas si je vais mettre cette entrée en ligne ce soir. Je vais peut-être tout effacer, je ne sais pas.

Et puis merde. Pas de masque, ai-je dit ?

Ça semblait si facile à dire à ce moment là. Mais c'est foutrement plus dur à mettre en pratique.


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