24 janvier 2001

Journée très ordinaire aujourd'hui. La routine habituelle. J'ai abattu beaucoup de besogne, rigolé avec mes collègues de travail, montré mes photos de voyages à une secrétaire qui ne les avait pas encore vu. Consoeur m'a fuit, comme d'habitude.

Mais j'ai eu comme un goût amer dans la bouche toute la journée. En ouvrant mon courriel ce matin au travail, j'ai trouvé la réponse au message d'excuse que j'avais envoyé au collègue que j'avais froissé par mes propos dans la journée d'hier (non, je n'ai pas l'habitude de faire mes excuses par écrit, mais dans ce cas il m'avait lui-même exprimé son indignation dans un courriel). Dans son message, il disait accepter mes excuses, acquiescer que je ne l'avais certes pas fait exprès, et affirmait que pour lui, l'incident était clos. Mais ce même message contenait des commentaires plutôt blessants à mon égard. Manque de diplomatie ? Rétribution inconsciente ? Je ne saurais le dire. Je n'ai pas l'intention de le relancer là-dessus. On pourrait dire que j'ai eu ce que je méritais.

N'empêche que ce message m'a inspiré des sentiments négatifs, et ceux-ci m'ont accompagné une bonne partie de la journée. Et ce qui n'a pas arrangé les choses, j'ai reçu aujourd'hui un courriel d'un lecteur qui me contactait pour la première fois et dont les propos m'ont plutôt dérangé. Il fallait bien que ça arrive un jour. Voilà plus de dix mois que j'écris mon journal, et jusqu'à aujourd'hui j'avais eu la chance de ne recevoir que des courriels positifs, provenant de personnes fort gentilles et sympathiques. Si je me fie aux dires des autres diaristes avec lesquels je suis en contact, mon cas serait plutôt l'exception que la règle. Alors l'arrivée de ce courriel ce matin ne m'a guerre surpris. À force de voir les fleurs, je m'attendais à recevoir le pot un jour.

En fait, j'exagère probablement la portée de ce message. Après relecture, la tête un peu plus froide (le moment où je l'ai reçu dans la journée était vraiment mal choisi), j'ai réalisé que son auteur ne nourrissait vraisemblablement aucune mauvaise intention à mon égard. Il serait plus juste de dire qu'il a fait montre d'un manque de tact évident. Serais-je donc destiné à mourir par l'épée ces jours-ci ? Quoi qu'il en soit, j'ai décidé de vous laisser juger par vous-même. N'ayez crainte, je n'en prendrai pas l'habitude, mais comme son texte est quand même assez concis, j'ai décidé d'en inclure ici le contenu intégral, en espérant qu'il ne m'en tiendra pas rigueur:

"Je suis tombé sur ton journal qui m'a beaucoup plu. Mais je dois dire que tu m'as pas mal agacé. Tu dis adorer les femmes (moi aussi), et si j'ai bien compris tes conquetes féminines ne font pas légion (pardonnes moi). Tu te retrouves avec 5 nanas super dans un cadre de rève. L'une d'elle veut manifestement coucher avec toi, et toi tu fais quoi : TU TE SAUVES !!!??? Tu dois avouer, que le tunnel, c'est toi qui le creuse, mon coco, et tres profond ! Tu avais l'occasion de sortir avec une jolie nana, dont tu es tombé amoureux (ne dis pas le contraire) et tu as tout foutu en l'air. Et ne me dit pas que ce sont les scrupules qui t'ont fait réfléchir (son chum), non non. C'est que tu es lache avec les femmes. Tu as peur d'elles et certainement peur de perdre ta liberté et ton indépendance. Mais réflechis, tu avais tout servi sur un plateau, les avantages, une femme belle, désirable, chaude et pas les inconvénients, vie en couple etc.... Alors, un conseil, revois-la et va jusqu'au bout, bon dieu. Et t'en fais pas pour son chum, si elle a fait ça avec toi, c'est qu'elle y tient plus trop...

«identité non-révélée» qui trouve que ce que t'ecris, c'est pas mal du tout.

PS: Vas-y mon vieux, hesites pas !"

J'ai hésité avant de mettre ce courriel en ligne, craignant de lui accorder plus d'importance qu'il ne le mériterait. Et d'ailleurs, je ne l'aurais certainement pas fait si j'y avais senti des intentions malveillantes ou franchement mesquines. Mais de toute évidence, ce n'est pas le cas ici. J'irais même jusqu'à dire que dans une certaine mesure, ce message se voulait une marque de sympathie face à ma situation, une sorte d'encouragement. N'empêche que, de par sa forme mais aussi partiellement par son contenu, il m'a blessé quand je l'ai lu. Je me sentais obligé de me justifier presque à chaque ligne que je lisais. Force m'est donnée d'admettre qu'il contient certaines vérités que je n'aime pas me faire jeter au visage. Mais son auteur y insinue également certaines choses que je ne prend pas du tout.

Exceptionnellement, cher lecteur, je te répondrai par la bouche de mon journal. N'y vois pas là une quelconque intention malveillante, un désir caché de te crucifier sur la place publique; tes propos ne mérites pas une telle rétribution de ma part. En fait, ton message me donne plutôt une belle opportunité de donner à mon lectorat une exemple concret de quelque chose dont j'ai déjà parlé dans un billet précédent.

Ainsi donc, si je comprend bien tes dires, c'est par peur et par lâcheté que j'ai refusé d'avoir des relations sexuelles avec une femme qui, mis à part le fait qu'elle avait déjà un conjoint, était tellement saoule qu'elle m'a presque vomi dessus dix minutes à peine après m'avoir fait des avances, et que le lendemain elle ne se rappelait même plus de ses propos à mon égard ? Je ne peux qu'en conclure qu'à ma place, tu aurais sauté sur cette occasion inespérée de prendre les avantages (femme belle, désirable, chaude) sans les inconvénients (vie en couple etc...). Je me trompe ?

Il y a un certain temps que je cherchais pour mes lecteurs et lectrices l'exemple parfait du genre d'homme que je cherche à tout prix à ne pas devenir. Merci de me fournir cet exemple.

Ceci dit sans méchanceté... du moins sans plus de méchanceté qu'il n'y en avait dans ton propre texte...

Et en passant, merci pour tes gentils mots à l'égard de mes écrits :-)


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