29 janvier 2001

Je le sens. Depuis quelques jours. Imperceptiblement. Un rapprochement commence à se faire entre moi et Consoeur. Mes barrières flanchent. J'ai eu à travailler avec elle quelques minutes aujourd'hui. Nous avons également dîner à la même table, même si nous nous sommes à peine adressé la parole. Mais ils étaient là, bien visibles, venant d'elle: les sourires timides, les coups d'oeil furtifs, les petits commentaires spirituels. Et moi, en beau con que je suis, j'y répondais. On aurait juré qu'elle était en guerre, et que son objectif était clair: vaincre ma résistance, abattre mes défenses, me faire craquer. Et à preuve, elle utilisait son arme suprême: ce chandail absolument ravissant, juste assez décolleté pour mettre en valeur sa ravissante poitrine, juste assez moulant pour souligner ses courbes délicieuses et sa taille délicate, et tout ça sans la moindre vulgarité. Elle connaît l'effet que ce chandail a sur moi.

Et moi, aujourd'hui, j'ai osé me questionner, remettre en cause mes choix face à elle. Lentement, je sens mon poing se desserrer. Bientôt, ma main s'ouvrira, et je la lui tendrai à nouveau. Et bientôt, pour la millième fois, elle y déposera un bel étron frais et fumant. Et encore une fois je ragerai, je m'en voudrai d'avoir une fois de plus cédé à ses charmes et tombé dans le panneau.

Et vous voulez savoir le pire dans tout ça ? C'est que malgré tout, malgré l'effet qu'elle me fait depuis trop longtemps, malgré les palpitations que je ressens chaque fois que mon regard se pose sur elle, elle n'a quand même pas réussi, aujourd'hui, à effacer de mon esprit l'image de Nikita...

Peut-être y a-t-il une justice après tout... ;-)

"Aille Laqk ! T'as fait quoi en fin de semaine ?" me demandez-vous. J'ai même reçu un petit courriel de France qui s'impatiente parce que je suis resté silencieux quelques jours. Non mais ! Qu'est-ce que c'est que ces manières ? On se permet de devenir exigeante maintenant ? ;-)

Je vais vous en parler de ma fin de semaine.

Mais ça m'a pris un certain temps avant de déterminer comment j'allais m'y prendre.

La raison est simple: j'ai passé la fin de semaine chez une de mes lectrices. Et bien sûr elle lira ce compte-rendu et le comparera à ses propres souvenirs. Remarquez que la tâche aurait pu être plus ardue: j'aurais pu avoir quelque chose de négatif à raconter à propos de cette fin de semaine. Ce n'est  pas le cas. Elle sera sans doute heureuse de l'apprendre, mais n'en sera pas surprise. Car si je dois retenir une chose de notre rencontre, c'est que, une fois passé le malaise initial, nous nous sommes vite retrouvé sur la même longueur d'onde. En fait, j'ai été surpris de la façon dont nous avons connecté, dont nous nous sommes ouverts l'un à l'autre, très rapidement. Dans mon cas, cette ouverture, cette mise à nu de l'âme était un de mes objectifs, facilité par le fait que le processus était déjà commencé par l'écriture de mon journal. Mais pour elle, ce n'était absolument pas une obligation. Elle était totalement libre de me montrer ce qu'elle avait bien envie de me montrer. Et pourtant, après quelques heures à peine, j'ai senti qu'elle prenait le risque, qu'elle sautait dans le vide, qu'elle m'accordait, presque inconditionnellement, sa confiance la plus totale. Ce geste, cette main tendue, m'a beaucoup surpris, parce que je n'y suis guerre habitué, mais aussi beaucoup flatté. Pour une rare fois, quelqu'un m'accordait sans trop de réticence cette confiance dont je me sais digne.

Elle m'avait donné rendez-vous dans un café et c'est là que nous établîmes le premier contact. Puis, une fois la glace cassée, elle m'amena chez elle, où nous continuâmes à faire connaissance. Après m'avoir fait faire un tour rapide de son chez-soi, elle me montra ce que je considère comme l'instrument ultime de tous les plaisirs: un sauna ! J'étais au paradis. Ce sauna eu une importance non négligeable durant la fin de semaine, dans le sens qu'il fut la plaque tournante de plusieurs de nos interactions, de nos échanges.

Peu avant le souper, j'exprimai le désir de prendre un sauna, et lui offrit de le partager avec moi. Elle refusa, ce qui ne me surprit guerre. Quoi qu'il en soit, je me délectai pendant plus d'une demi-heure de cette douce expérience qui me manquait tant et que je n'avais pas vécu depuis des lunes.

Vint le repas, et une agréable conversation qui se prolongea au salon. L'image du sauna refit surface dans ma tête et je lui proposai à nouveau d'aller y continuer notre échange. À ma surprise cette fois, elle accepta, en spécifiant clairement qu'elle n'était pas aussi à l'aise que moi avec la nudité et qu'il n'était pas question qu'elle se mette nue devant moi. Qu'à cela ne tienne, elle n'aurait qu'à se mettre une serviette autour du corps. Elle vint donc me rejoindre quelques minutes après que je me sois confortablement installé.

Elle garda sa serviette un grand total de neuf secondes. Peut-être moins, je n'avais pas ma montre à ce moment là.

J'étais ravi qu'elle offre ainsi son corps à mon regard, surtout à cause de la confiance que ce geste impliquait. Je tiens à le préciser, je suis moi-même très à l'aise avec la nudité, autant la mienne que celle des autres, et le fait de se retrouver nu dans une pièce exiguës avec une personne que je rencontre pour la première fois ne représente pour moi rien de particulièrement extraordinaire. Mais, même si je la connaissais peu, je savais quand même que, pour elle, ce simple geste lui demandait beaucoup.

Cette première séance fut agréable. Sous cet éclairage, dans cet espace restreint, d'autres barrières tombèrent, une intimité commença à s'installer entre nous.

Nous prîmes un autre sauna plus tard dans la soirée, qui se termina pas un bain de neige dans sa cour, expérience absolument trippante. Pendant ce court instant, je me sentais un peu comme à Cayo Largo, lorsque je me laissais jouir pleinement de l'instant présent, sans inhibitions, sans retenu. Je fut très heureux de partager ce moment avec elle, de lui offrir ce que j'avais de meilleur en moi. Il y avait bien des années que personne ne voyait plus Laqk à son meilleur... À ce moment, j'ai constaté à quel point elle-même commençait à se sentir bien avec sa propre nudité, à se sentir libre, à habiter pleinement son corps.

Nous retournâmes dans le sauna un peu plus tard. Cette fois, les choses prirent pour moi une saveur un peu différente.

Je ne sais si c'était l'effet combiné de la chaleur, de l'éclairage, de cet air chaud chargé de nos odeurs et de la proximité de nos corps, mais je ne pouvais plus détacher mon regard du sien. Je tiens ici à préciser (et elle ne s'en offusquera guerre car nous en avons déjà parlé), qu'elle ne possède pas le genre de corps qui me plait habituellement. Pourtant, pour une raison étrange, j'étais fasciné par ses hanches, sa taille, la rondeur de ses seins, la moiteur de sa peau. Cette simple vue faisait naître en moi une grande excitation, ce qui, je le répète, est très inhabituel dans mon cas, et la seule chose qui empêchait mon sexe de se gorger de sang était la peur que la vue de mon érection lui cause un malaise. Mais avec du recul, je réalise que j'aurais pu me laisser aller complètement avec elle. À ce stade, sa confiance en moi était totale, et elle se serait elle-même délectée à la vue de mon excitation pour elle. Elle aimait sentir mon regard sur son corps, et plus la soirée avançait, plus elle se permettait de l'offrir pleinement à ma vue, sans provocation, mais sans pudeur non plus, et cela ne la rendait qu'encore plus désirable à mes yeux.

Nous savions bien que nous nous étions tous les deux fixés des limites à ne pas dépasser lors de cette première rencontre, même dans l'éventualité où nous nous serions plu terriblement. Mes limites étaient un peu moins restrictives que les siennes, et à l'occasion je cherchais à pousser un peu plus loin avec elle. Elle refusait poliment, mais en aucun cas je ne sentais de malaise chez elle face à cette situation. Encore une fois, la confiance qu'elle m'accordait était grande et j'en étais flatté. Et elle se permettait même de ressentir pleinement le plaisir que mon excitation lui procurait, sans crainte, sans angoisse. Lors du dernier sauna que nous partageâmes, tard en soirée, nous nous permîmes même quelques contacts physiques, de nature non sexuelle. Lorsque je lui offrit un massage, elle refusa finalement après une longue hésitation.

Le reste de la soirée se continua dans le salon, où nous parlâmes jusqu'aux petites heures du matin de toutes sortes de choses, mais en particulier du fait que la récit de cette soirée allait éventuellement se retrouver dans mon journal. Je crois que jusqu'à ce moment, elle n'avait pas vraiment pensé à cela, à ce que cela impliquait. Je ne crois pas que l'idée lui plaisait beaucoup. Mais je lui fit comprendre que, pour l'instant du moins, Laqk et son journal vont de pair; ils sont indissociables. Toute personne qui choisit d'entrer en contact avec un diariste, du moins un comme moi qui ne veux pas se censurer, doit s'attendre à voir une petite partie de sa propre vie exposée au grand jour. Mais sa confiance en moi était grande, et encore une fois je ne pu que m'en réjouir.

Nous nous sommes couché tard, et avons dormi seuls, chacun de notre côté.

Le lendemain, je ne pus m'empêcher de profiter encore deux fois du sauna. Comme la veille je l'invitai à me joindre, mais elle refusa. Ceci n'est que pure spéculation, mais je crois bien que cette fois, c'est elle qui ne se faisait pas confiance (si je me trompe, je vais en entendre parler de toute façon).

Peu avant mon départ, je peux affirmer sans trop de risque de me tromper que les masques étaient vraiment tombés entre nous. L'ouverture était totale, nous faisions le bilan du temps que nous venions de passer ensemble, ce que cela nous avait apporté, ce que nous avions appris l'un de l'autre, ce que nous avions ressenti l'un pour l'autre. Nous avons acquiescer cette tension sexuelle entre nous, nous nous sommes permis de la vivre et de lui laisser une place dans ce que seront nos futurs rapports. Car nous continuerons à nous écrire, bien sûr. Une prochaine rencontre ? Peut-être, qui sait. L'amour entre nous ? Peu probable, nous en avons convenu tous les deux. Encore une fois, sur presque tous les points, nous semblions sur la même longueur d'onde.

Alors que je partais, elle me dit que j'avais des beaux yeux, que quelque chose dans mon regard lui plaisait. J'en fut flatté. Quand à moi, je suis persuadé que ce qui contribuait sûrement à la beauté de mes yeux, c'était qu'elle pouvait y voir son propre reflet.


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