15 juillet 2001

Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais lorsque je mange, j'obéis toujours à certains rituels.

Par exemple, lorsque je tombe dans un plat d'arachides, je commence toujours par manger les moitiés d'abord, quitte à farfouiller dans le plat jusqu'à ce que je sois raisonnablement sûr qu'il n'en reste plus. Alors seulement, je commence à manger les arachides entières.

Passionnant, n'est-ce pas ?


C'est en fin de semaine que l'invasion annuelle de grenouilles a eu lieu. Alors que je revenais chez moi vendredi soir, elles jonchaient les routes autour du lac. J'avais beau faire de mon mieux pour essayer de les éviter, mais j'ai quand même dû en écraser plusieurs centaines. Pauvres petites bêtes. Il y en avait encore sur la route ce soir, mais elles étaient moins nombreuses.


Je n'ai pas passé une très bonne fin de semaine. Mais je suis sûr que vous vous en doutiez. Et en plus je dois tolérer depuis deux jours un de ces maux de têtes royalement emmerdants dont moi seul ai le secret. Je dois d'ailleurs être tombé bien bas puisque je viens de prendre en deux jours la dose d'analgésiques que je prend habituellement en une année, c'est-à-dire trois. J'ai quand même pu profiter de quelques heures de soleil hier pour me faire bronzer. Et aujourd'hui, je me suis finalement décidé à m'acheter une nouvelle télé, ce qui me permet maintenant de regarder, par exemple, une émission sur la cuisine sans avoir envie de vômir.

Je m'en voudrais de passer sous silence ce téléphone d'une de mes lectrices que j'ai reçu vendredi soir. Elle m'a appelé sur son initiative, à la suite d'un petit travail de détective de sa part, facilité par le fait qu'elle connaît ma véritable identité. Normalement, ce genre d'initiative m'aurait déplu, mais je dois avouer que dans son cas, le timing était excellent et elle n'aurait pas pu mieux tomber. Nous avons jasé environ une heure et cela m'a fait un bien immense, qui était définitivement le bienvenu vu les circonstances. Nous avons convenus de nous rencontrer en personne dans un proche avenir. Comme je le disais il y a quelques jours, j'en ai marre de toujours attendre pour commencer à vivre, alors mieux vaut tard que jamais.


Il y a un certain temps de cela, alors que je faisais part à une amie de l'envie que je ressentais pour les personnes qui sont entourés de gens qui les apprécient et recherchent leur compagnie, elle m'a demandé pourquoi il était si important pour moi de me sentir désiré et apprécié. J'étais resté absolument estomaqué par cette question, comme si elle venait de demander à un éthiopien pourquoi il était si important pour lui de boire et de manger. Je n'ai d'ailleurs jamais pu lui répondre, n'ayant jamais pensé une seule seconde qu'une telle question puisse m'être posée un jour.

Ce soir, je me suis dit que cette question méritait quand même une réponse, ne serait-ce que pour le bien que pourrait peut-être me procurer le travail d'introspection requis pour y répondre.

Pourquoi est-il si important pour moi de me sentir apprécié, recherché, aimé et désiré ?

Parce que ceux qui sont entourés de gens qui les aiment, les apprécient et recherchent leur compagnie n'ont pas à vivre jour après jour, année après année, avec l'humiliation et la perte de dignité humaine entraînée par l'obligation de devoir quêter comme des mendiants le minimum d'amour et d'affection dont ils ont besoin pour avoir la force de passer à travers chaque jour, et de garder espoir que, peut-être, demain sera un jour meilleur.


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