23 juillet 2001

Je dois dire avant de commencer que j'aborde mon billet de ce soir avec une certaine appréhension...

Pourquoi ?

Parce qu'après cinq heures de route, suivies de plus de vingt-quatre heures de réflexion, je ne sais toujours pas exactement comment je vais aborder le sujet de ma rencontre cette fin de semaine avec une diariste qui m'est chère: Alegria.

En commençant par le négatif d'abord ?

Et bien pour commencer, la route. La route 148 est une merde. J'aurais cent fois mieux fait de passer par l'Ontario. Mais bon, c'est du passé, j'ai ma leçon pour la prochaine fois.

Car prochaine fois, il y aura. Définitivement.

Ensuite, après les cinq heures de route par une chaleur torride qu'a prit mon retour à la maison, un épouvantable orage m'attendait à mon arrivé. Du haut de la route, je pouvais voir toute la vallée surmontée d'un immense cumulonimbus dans lequel au moins un éclair aux deux secondes déchirait le ciel. Une vrai vision d'apocalypse, comme on les voit dans les films fantastiques ou de science-fiction. Et tout à coup, la pluie. Une pluie si incroyablement intense que plusieurs véhicules qui me précédaient choisissaient de se ranger sur le bord de la route plutôt que de continuer à rouler dans cet enfer.

Je me suis malgré tout rendu chez moi sain et sauf, pour constater qu'il n'y avait plus d'électricité. J'avais faim, j'étais tout collé de transpiration et je puais. Mais je ne pouvais ni me faire à manger, ni prendre ma douche (la pompe de mon puit fonctionnant à l'électricité), ni me baigner dans le lac car les éclairs et le tonnerre ne dérougissaient pas. Et pour couronner le tout, mon UPS émettait son cris strident pour me signaler la panne de courant. J'ai donc tout éteint en désespoir de cause. Je me suis également rafraîchis à la débarbouillette avec le peu d'eau que m'accordait le résidu de pression dans ma tuyauterie, et j'ai vidé mon réfrigérateur de tout ce qui pouvait se manger froid.

L'orage a grondé de façon ininterrompue pendant un bon deux heures. Et moi, j'étais plutôt de très mauvaise humeur. J'ignore si la nature a voulu souligner mon retour en me faisant cadeau d'un bel orage comme je les aime d'habitude, mais cette fois, elle a raté son coup.

C'est après une demi-heure de méditation en regardant la flamme d'une bougie (je n'avais vraiment rien à foutre) que l'électricité est finalement revenue, tard en soirée.

Voilà. C'est tout ce que j'avais à dire de négatif sur cette fin de semaine.

Comment parler d'Alegria maintenant.

Peut-être en enlignant à la suite une série de qualificatifs qui me viennent en tête.

Surprenante, adorable, radieuse, charmante, délicieusement séduisante, enjouée, enthousiaste, énergique, déconcertante, pétillante... et je suis sûr que j'en oublie.

Dès mon arrivée, elle m'a accueilli avec un large sourire et un gros câlin. Que demander de mieux ?

Elle et son conjoint, avec qui je me suis ma fois fort bien entendu, m'ont chaleureusement accueilli dans leur petit nid. Alegria était très hospitalière, toujours attentive à mes moindres désirs.

Cette femme est si pleine de vie et d'enthousiasme que c'en est presque intimidant au début. Mais cela devient vite communicatif. Je me sentais vraiment le bienvenu chez elle, ce qui est plutôt rare dans mon cas.

Elle a dernièrement démontré un certain intérêt pour mon habitude à me faire bronzer nu, et lors de notre dernière conversation, elle avait exprimé le désir de tenter l'expérience avec moi. Qu'à cela ne tienne (et comme si j'allais dire non), nous nous sommes retrouvé samedi après-midi (malgré un ciel plutôt incertain) sur les berges du fameux lac Meech, dans le parc de la Gatineau, où j'avais entendu dire que le nudisme se pratiquait traditionnellement depuis plusieurs décennies sur un petit bout de plage.

Je ne m'attendais évidemment pas à ce qu'elle tente l'expérience la première fois (ayant souvent vécu des situations similaires avec mes autres copines), mais j'espérais au moins lui faire connaître l'atmosphère de respect et de franche camaraderie qui règne habituellement dans les milieux naturistes. Je dois avouer que j'ai été un peu déçu. Il y avait quelques "macros" sur place qui ont quelque peu terni l'atmosphère, à un point tel que je lui ai moi-même proposé de changer d'endroit. Je dois dire que je suis resté plutôt déçu de ma première visite au lac Meech, mais, comme Alegria me l'a elle-même fait remarquer, nous avons peut-être simplement été malchanceux cette journée là...

N'empêche que la décision de quitter les lieux fut une très bonne idée car elle nous permit de découvrir un petit coin de nature absolument magnifique, avec des chutes et des bassins d'eau, où j'ai bien l'intention de retourner un jour.

Une partie de la soirée de samedi fut occupée à passer à travers son album de photo. À un certain moment donné, je faisais un peu moins attention à ce qu'elle me montrait (pardonnes-moi Alegria ;-) car j'étais totalement fasciné par l'enthousiasme quasi hystérique dont elle faisait preuve à ce moment (et pendant pratiquement toutes les heures que nous avons passées ensemble) en partageant avec moi tous ces moments si précieux de sa vie.

Lors du déjeuner dimanche matin, nous avons beaucoup échangé sur nos journaux en ligne, sur les similitudes et les différences qui caractérisent nos démarches respectives de diaristes. Derrière ses allures de petite fille enjouée, on devinait aisément un esprit vif et éveillé. Ses beaux yeux à faire craquer une banquise révélaient aussi une grande profondeur d'âme...

Cette femme est née avec le gène du bonheur. C'est quelque chose de viscéral chez elle. Elle est très semblable en personne à ce que dégage son journal, sa démarche est profonde et authentique, mue par sa grande générosité et son désir de partage.

Comment ? Vous dites que j'en parle comme un gars qui est en train de tomber en amour ? Peut-être... Vous savez, l'amour peut prendre plusieurs formes... Quoi qu'il en soit, j'envie sa vie, j'envie son bonheur, tout comme je le faisais en lisant son journal. Cette femme vivante et authentique me redonne espoir en l'humanité et en ma propre existence; elle me permet de recommencer à croire qu'il est possible de vivre la vie qu'on a choisi de vivre, que le bonheur est possible, même pour moi.

Est-ce que nous nous reverrons ? Je l'espère sincèrement. Quand ? Qui sais... quand elle en aura envie ?

Et la cerise sur le sundaie: le voyage a guéri ma voiture ! Ce voyant lumineux, qui restait toujours allumé depuis quelques semaines pour m'indiquer un problème quelconque avec mon système anti-pollution, s'est éteint dès mon arrivé chez elle et ne s'est jamais rallumé.

Décidément, un bonheur ne vient jamais seul ;-)


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