1 juin 2001
Vais-je répéter pour la centième fois que je ne passe pas mon vendredi soir comme je l'aurais voulu ?
Quelle ne fut pas ma surprise, en arrivant au travail, de trouver dans ma boîte à lettre un courriel de Consoeur.
En fait, elle m'appelait à la rescousse à cause d'un problème avec le système de courrier.
Les choses ont changé entre elle et moi depuis quelques semaines. Et d'une façon dont je ne peux vraiment dire s'il s'agit ou non d'une amélioration.
Ce que je peux en dire cependant, c'est qu'il s'agit définitivement d'un allègement de la tension entre nous deux.
Pourquoi ? Parce que nous avons abdiqué tous les deux. Je crois que nous en sommes finalement arrivé, elle comme moi, à la conclusion que toute forme de relation entre nous est impossible, et que nous avons tout simplement arrêté d'essayer. Voilà quelques semaines qu'elle a cessé de venir manger à la salle à dîner. Voyant que je refuserais obstinément de me laisser déplacer de mon dernier contrefort, elle a baissé les bras. Elle n'y vient maintenant que pour faire chauffer son lunch, puis repart dîner seule dans son bureau, et ce, même lorsque l'amant présumé est avec nous. Certains collègues ont remarqué ce changement d'attitude de sa part. L'un d'eux, hier, lui a fait la remarque qu'elle nous "quittait déjà". Elle a simplement souri, avant de quitter la pièce.
Quand nous nous croisons dans les corridors maintenant, nous nous saluons simplement avec un sourire poli. Tout se passe comme si nous avions maintenant compris que notre relation se limitera désormais à cette simple salutation, qu'il ne pourra jamais y avoir rien de plus, parce que toute autre forme d'interaction entre nous est tout simplement devenue beaucoup trop compliquée, et que nous ne savons tout simplement plus comment prendre l'autre.
C'est ainsi. Il y a des moments dans la vie où il faut tout simplement accepter que des relations entre deux êtres sont tout simplement impossibles.
Ce qui n'empêche pas la situation de me faire chier royalement.