12 juin 2001

Ils sont trois !

Je peux clairement les distinguer maintenant. Ils sont déjà si gros, et pourtant ils ont à peine une semaine. Maman et papa sont beaucoup moins nerveux depuis qu'ils ont grandi, ils me laissent les observer quelques minutes avant de commencer à rechigner. De ma fenêtre, je regarde souvent les allers et retours de leur parents dévoués pour leur apporter à manger. Il y a quelques jours, ils se dressaient bien droit, leur bec disproportionné pointant bien haut vers le ciel, dès que papa ou maman se posait sur le bord du nid. Depuis deux jours, ils ouvrent maintenant le bec en direction du parent qui arrive. Leurs yeux sont ouverts. Quand je suis là à les observer et qu'ils ne dorment pas, ils m'observent eux aussi en retour. Leurs sens s'éveillent.


À me retour du travail j'ai passé une très agréable (!) demi-heure au fond de ma fosse septique, où je n'ai pu que constater avec dépit que plus aucune eau ne lui parvient. Le tuyau d'égout qui y débouche est complètement bloqué, mais comme il n'y a aucun refoulement d'eau dans mon sous-sol, celle-ci s'est nécessairement trouvée un autre chemin, ce qui laissait présager le pire.

Et en effet, le pire est arrivée. Un miroir m'a confirmé que mon tuyau est complètement obstrué par des pierres, de la terre et des racine. Autrement dit, il est brisé, et l'eau usée de ma maison s'écoule directement dans le sol. Il n'y a heureusement que peu de risque de contaminer la nappe phréatique puisque mon terrain est le dernier en pente avant le lac, et que la distance entre celui-ci et ma fosse est largement suffisante pour assurer la filtration et l'épuration de l'eau. Cependant, je ne pourrai remettre indéfiniment à plus tard l'inévitable conclusion que je devrai éventuellement faire creuser mon terrain pour réparer la canalisation. Merde, ça va me coûter une beurrée.

Je suppose que c'est le prix à payer pour être l'heureux propriétaire d'un paradis.

Je ne suis pas dédaigneux d'habitude, mais j'ai moi aussi mes limites, et je dois avouer qu'après une demi-heure passée dans ce puit rempli de limaces, de grillons et d'énormes araignées, le nez au-dessus d'un réservoir rempli à raz-bord de centaines de gallons de ma propre merde, je commençais à avoir la nausée... Et le fait que j'ai passé une très mauvaise nuit perturbée par un désagréable mal de tête n'a rien fait pour aider les choses.

Je m'en voudrais cependant de passer sous silence la belle fin de semaine que j'ai passé. Samedi: randonnée dans un parc non loin de chez moi en compagnie de Copine. Il semble que je commence à la retrouver lentement. Elle va beaucoup mieux depuis quelque temps, et sa compagnie est beaucoup plus agréable. Nous commençons lentement à retrouver notre complicité d'antan. Nous devions aller prendre une marche en ville en soirée, mais finalement, Copine a dû se désister et ce fut Lolita qui m'invita à lui tenir compagnie. Longue promenade dans les rues et ruelles, agréable conversation, tantôt rigolote, tantôt philosophique. Alors que nous étions assis dans un petit café vers la fin de la soirée, c'est là que j'ai réalisé que c'était la toute première fois depuis que nous nous connaissons que Lolita et moi faisions une sortie seuls tous les deux. Il y a bien eu ces trois heures de routes où je l'ai amené à Montréal lorsque nous sommes allé chercher Cousine à l'aéroport, mais on ne peut pas vraiment appeler cela une sortie...

Nous nous sommes revu le lendemain. Je l'ai amené voir ce merveilleux petit coin de paradis que j'ai découvert non loin de chez moi et où j'avais déjà amené Cousine et Lola à la fin de l'été passé. Comme je m'y attendais, elle a trouvé l'endroit absolument splendide, et j'ai même réussi à la convaincre de faire saucette avec moi dans l'un des nombreux petits bassins d'eau qui tourbillonnent tout le long de cette magnifique petite rivière de montagne. Lolita n'ayant pas la même tolérance que moi à l'eau froide, notre saucette fut de très courte durée. Nous n'avions que peu de temps devant nous, car elle avait fait d'autres projets pour la soirée, mais elle m'a promis de revenir à cet endroit durant l'été, et d'y consacrer une journée entière pour parcourir la rivière au complet jusqu'au lac de montagne qui l'alimente.

Ce qui me plait énormément de Lolita, c'est de voir à quel point nos rapports sont sans frictions, et ce même si nous avons souvent des opinions différentes sur certains sujets. Il semblerait que rien dans nos comportements et nos attitudes mutuelles n'irrite l'autre. Ou peut-être n'est-ce qu'une illusion. Notre amitié est encore très jeune et teintée de conformisme et de politesse. Mais enfin, je connais beaucoup de mes relations qui ont commencé de façon beaucoup plus houleuse.

Et encore une fois je n'ai pu que constater à quel point j'ai de la facilité à gérer mon attirance sexuelle pour elle, même si je la trouve très désirable. Lorsque nous sommes ensemble, je m'ai vraiment aucune difficulté à faire abstraction de cette attirance que je ressens et de lui parler dans les yeux, d'écouter vraiment ce qu'elle a à me dire.

En fait, c'est très reposant comme relation.

Nous abordons souvent le sujet du sexe, car il s'agit là d'un thème que nous affectionnons tout particulièrement. Comme moi, je crois que Lolita, qui a toujours eu une vie sexuelle plutôt conformiste, commence à se laisser séduire par la possibilité de vivre des expériences un peu plus débridées. Nous parlons souvent ensemble de cette possibilité, mais jamais aucun de nous n'a osé émettre la suggestion que nous puissions explorer ensemble cette nouvelle facette de notre sexualité que nous cherchons à découvrir.

Pourtant, ce serait bien...


[jour précédent] [retour] [jour suivant]