16 juin 2001

Je trouve vraiment dommage que tant de gens se plaignent de la canicule. Et là je ne parle pas des personnes âgées, des femmes enceintes ou autres catégories de personnes pour lesquelles la chaleur excessive constitue un réel problème. Je parle de gens ordinaires, comme la majorité d'entre nous, des gens en bonne santé et sans aucune condition médicale particulière. En fait, la plupart de ceux qui se plaignent de la chaleur sont les mêmes qui pestaient contre le froid et la neige cet hiver.

Les gens ont la mémoire bien courte...

Il y a seize ans de cela, j'attendais l'autobus en face d'un des pavillons de l'université. Il était 15h. Température extérieure: -36 degrés Celsius. Pour mal faire, ce jour là, j'avais oublié mes gants. Et en plus, l'autobus accusait une demi-heure de retard. Je n'essaierai même pas de décrire en mots l'incroyable sentiment de rage et de haine que je ressentais envers l'hiver à ce moment là.

Finalement, lorsque l'autobus arriva, toutes les places assises étaient occupées car il était déjà bondé de monde. Je suis resté debout, et j'ai littéralement accroché ma main sur la barre horizontale servant à se retenir. Je dis "accroché", car cela faisait déjà un bout de temps que ma main était devenue complètement insensible.

Ce jour là, j'ai eu besoin de rester pendant presque une demi-heure dans un bain bouillant avant de commencer à me réchauffer. Je fis alors la promesse solennelle que plus jamais de toute ma vie je ne me plaindrais de la chaleur.

À ce jour, j'ai tenu cette promesse.

Bien sûr, je prend les moyens pour. Je suis conscient que ce n'est pas tout le monde qui peut vivre sur le bord d'un lac, ou à quelques minutes de route d'un parc sillonné de nombreuses petites rivières de montagnes aux eaux si rafraîchissantes.

C'est d'ailleurs ainsi que j'ai passé mon après-midi d'hier (seul) et ma journée d'aujourd'hui (avec Copine). Farniente totale, à ne faire rien d'autre que patauger dans l'eau fraîche et lézarder sur une roche, chassant à l'occasion les rares insectes piqueurs qui venaient à l'occasion troubler ma quiétude.

J'ai bien essayé de rejoindre des gens hier soir, et aussi ce soir, pour venir faire un petit tour chez moi, question de faire griller des guimauves sur un bon feu de foyer, prendre un verre, jaser, se baigner ou faire du canot. Hier soir je n'ai pas pu rejoindre personne. Ce soir, personne n'était disponible.

La mélasse. Toujours la mélasse.

Mais je suis surpris depuis quelques temps de voir à quel point j'ai une attitude beaucoup plus saine face à l'inertie de ma vie. Peut-être est-ce l'effet de la chaleur et du printemps sur mon tempérament, peut-être est-ce le résultat de nombreux mois de travail sur moi-même qui commence à porter fruit. Quoi qu'il en soit, mon attitude face à l'avenir et à mon destin est beaucoup moins angoissée qu'avant. J'en parlais d'ailleurs hier soir avec un ami avec qui je suis allé prendre un verre sur une terrasse en ville. Par ce qu'il vivait et ce qu'il me racontait, je réalisais non seulement que cette fameuse crise de la quarantaine est bien réelle, mais que lui avait les deux pieds dedans, alors qu'en ce qui me concerne, je semble être en train d'en sortir lentement.

Le Manque est toujours présent, mais de plus en plus, je commence à être indifférent aux grimaces avec lesquelles il essaie toujours d'attirer mon attention vers lui...

Dans un tout autre ordre d'idée: le nid est maintenant vide. Le dernier oisillon l'a quitté hier dans la soirée. Je n'ai malheureusement pas été témoin de son départ, car ce n'est qu'à mon retour de ma soirée en ville que j'ai constaté qu'il était parti. Mais vers la fin de l'après-midi hier, j'ai pu le voir à plusieurs reprise grimper sur une branche et exercer ses petites ailes pendant quelques minutes, avant de retourner se coucher au fond du nid.

Je suis si content de ces beaux spectacles que m'offre la nature.

Avec un peu de chance, les parents merles réutiliseront le nid pour la deuxième nichée de l'année, dès que leur progéniture actuelle sera devenue plus autonome.


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