2 mai 2001

Quel début de mois grandiose ! On se croirait vraiment en plein coeur de l'été depuis deux jours ! Si ce n'était des arbres toujours dégarnis de feuilles, l'illusion serait parfaite !

Ce soir, en rentrant du travail, je n'ai pas pu (ni voulu) résister à la tentation de faire ma première saucette de l'année. J'ai enfin redécouvert l'intense plaisir de plonger nu dans la lac, de sentir ses eaux caresser doucement mon corps. Malheureusement, cette sensation exquise était bien vite engourdie par la température de l'eau, beaucoup plus froide qu'à Cayo Largo... Mais l'expérience n'en fut pas moins délicieuse.

Au moment même où j'écris ces lignes, je me laisse bercer par la douce musique du chant des grenouilles, qui entre par ma porte patio. Ce soir, je me coucherai la fenêtre ouverte et m'endormirai au son de leurs chants d'amour. À moins que je ne passe la nuit dehors sur la galerie.

Je dois m'arrêter quelques minutes pour m'imprégner pleinement de l'instant présent, pour savourer ce moment dont j'attendais le retour depuis des mois.

J'ai d'ailleurs entendu le chant des grenouilles pour la première fois de l'année hier soir, à mon retour de Montréal ou j'ai passé la journée de mardi et la soirée de lundi.

Programme de la soirée de lundi: petit souper, en compagnie de Cousine et son chum, ainsi que Lolita et Nikita.

Il y avait quelque chose de différent cette fois entre Nikita et moi. Bien sûr notre grande complicité était toujours présente, puisque nous avons passé pratiquement tout le repas à jaser ensemble, dans notre bulle, les autres n'osant prendre le risque d'y pénétrer. Mais de mon côté, bien que je la trouvais toujours jolie et attirante, je ne ressentais plus cet espèce de subjugation des dernières fois. Je sentais davantage que je pouvais échanger avec elle comme je le fais avec une bonne amie. Et puis à un moment donné, certaines de ses interrogations à mon endroit commençaient même à m'irriter un tantinet, ce qui n'était jamais arrivé auparavant. Mais dans ce cas particulier, je crois plutôt que cet inconfort vient du fait que Nikita me pose des questions que j'évite encore de me poser à moi-même.

Nous avons passé la nuit chez Hôtesse, qui nous a hébergé avec son hospitalité et sa gentillesse habituelles. Encore une fois je n'ai pu que constater à quel point cette femme si gentille, simple et naturelle possède un charme assez particulier, sans parler de ses attributs physiques qui, comme je l'ai déjà dit, correspondent exactement à mes goûts. Et que dire de son sourire franc empreint d'un soupçon de naïveté qui la rend absolument irrésistible. Décidément, Hôtesse est un délice pour les yeux, un délice tout court, en fait.

J'ai passé la majeure partie de la splendide journée chaude et ensoleillée de mardi à arpenter les rues de Montréal en compagnie d'une de mes lectrices, elle aussi de passage dans la ville. Nous en avons donc profité pour nous rencontrer. Nous désirions cette rencontre depuis plusieurs semaines, car une grande complicité c'était très rapidement installée entre nous dès nos tout premiers échanges de courriel. Depuis ce jour, nous avions toujours échangé au moins un courriel par jour, même si nous n'avions rien de particulier à nous dire, juste pour que l'autre sache que quelqu'un avait pensé à lui cette journée là. Nous avons pris très tôt cette sorte d'engagement entre nous, et je ne l'ai jamais ressenti comme une obligation ou un boulet.

Il arrivait souvent que nos échanges prennent une tournure très sexuelles, et je dois avouer que ses écrits alimentaient régulièrement mes fantasmes, mais je crois que la sexualité n'a jamais été l'essentiel de notre complicité. Il s'agissait plutôt d'un aspect de nos vies sur lequel nous étions sur la même longueur d'onde, ce qui a contribué à notre rapprochement.

Je n'ai vraiment pas été déçu en la rencontrant. Après le compréhensible malaise des premières minutes, je me suis vite senti aussi libre et ouvert avec elle que je l'étais par courriel. Nous avons passé la majeure partie de notre temps ensemble assis dans un parc de Montréal, un soleil radieux brillant au dessus de nos têtes. J'ai eu l'impression de parler un peu trop de moi (mon petit côté égocentrique), mais ça n'a heureusement pas eu l'air de trop la déranger. Nous n'avons passé que quelques heures ensemble, nos agendas respectifs nous interdisant plus de temps, mais je sens que nous aurions facilement pu prolonger cette rencontre. Si nous habitions près l'un de l'autre, ce serait le genre de femme que je me plairais à inviter chez moi le soir, pour échanger, pour parler de tout et de rien devant un bon verre de porto :-)

J'étais un peu triste de lui dire au revoir quand nous nous sommes quitté en nous donnant la bise et l'accolade, mais au fond, je suis persuadé que notre belle complicité virtuelle n'en sera que plus profonde désormais.

C'était la deuxième lectrice que je rencontrais en personne depuis que j'écris ce journal. Encore une fois, je n'ai pas été déçu.

J'ai vraiment aimé mon attitude et l'état d'esprit dans lequel j'étais mardi. J'avais beau marcher en plein coeur d'une ville que je déteste, à respirer la pollution et des odeurs qui me lève le coeur, j'étais vraiment sur le mode "positif" et je ne voyais que les belles choses: le soleil qui brillait, la chaleur qui me caressait, et bien sûr, le seul avantage que je puisse trouver à une ville: toutes ces ravissantes demoiselles aux courbes si harmonieuses, aux tenues vestimentaires si légères et si révélatrices qui ne cessaient d'attirer mon regard dans toutes les directions...

J'étais si détendu et relax à la fin de la journée mardi que même les soixante-dix minutes passées à faire du pare-choc à pare-choc sur la 20 pour parcourir la distance séparant l'aéroport de Dorval du pont Champlain ne m'ont pas vraiment dérangé. J'ai baissé mes vitres d'auto pour avoir de l'air frais et j'ai écouté mon bon album de St-Germain à tue-tête.

Définitivement, j'aime ce que je suis en train de devenir. Je sens enfin que j'ai quelque chose de bien à offrir, que je ne suis pas juste bon à blesser les autres, que lentement, mes épines de porc-épic commencent à se ramollir, et que quelqu'un d'averti et de déterminé pourrait peut-être commencer à envisager la possibilité de s'approcher de moi et de me faire un gros câlin sans que je lui fasse trop de mal.


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