16 mai 2001

Une autoroute à voies séparées.

Moi.

Dans le fossé séparant les deux voies, une flaque.

Trois canards y pataugent.

C'est drôle de les voir plonger la tête en relevant leur petit derrière. Ils ont l'air heureux. Bien sûr, ils ne sont que de passage. Mais cette escale urbaine leur plait quand même.

La nature est infiniment patiente. On l'exploite, on la pollue, on la viole, on la détruit. Et même dans les espaces où nous l'avons presque complètement chassé, même dans ces lieux où nous avons effacé toute trace de sa beauté, elle continue à nous envoyer timidement ses enfants, comme pour nous faire réaliser ce dont nous faisons le choix de nous priver, comme une main tendue, comme un geste de réconciliation. Elle ne cesse de nous tendre l'autre joue.

La nature est infiniment indulgente. À l'image de son créateur.

Mais cette indulgence est-elle réellement infinie ? Combien de temps avant qu'elle ne cesse de tendre l'autre joue et commence à montrer les dents ?


Je ne suis pas juste et équitable envers vous. Je vous donne l'impression, par mes écrits, que ma vie est une merde depuis quelques jours alors que ce n'est pas le cas du tout.

Je ne vous ai pas parlé de ma soirée de samedi, où j'ai reçu ici quelques amis. L'idée était d'abord d'inviter Lolita à venir chez moi, pour lui changer les idées. Nous aurions fait un feu, mangé des guimauves, parlé de tout sauf de la mort.

Mais il n'a pas fait beau samedi. Alors ça s'est passé à l'intérieur. Finalement, nous étions une douzaine.

Très agréable soirée. Soirée comme je les aime, comme il devrait y en avoir plusieurs fois par semaine, au lieu de deux ou trois par année. Bonne compagnie, bonne musique, bonne boisson, beaucoup de danse jusqu'à en avoir mal au mollets. Et une fin de soirée assis les uns près des autres à nous questionner mutuellement sur les détails intimes de nos vies sexuelles qui, pour la plupart d'entre nous, sont plutôt tranquilles.

C'était la première fois en neuf ans que je recevais plus que trois ou quatre personnes chez moi. À prendre en note pour la postérité. Voilà. C'est fait.

Je ne vous ai pas non plus parlé de toutes ces soirées passées sur le chat en compagnie de Jeune Lectrice. Cette fille me plait, je me sens bien et libre avec elle. Même si nous n'avons rien de spécial à nous dire, nous apprécions simplement la compagnie de l'autre, même virtuelle. Et de toute façon, lorsque nous sommes à court de sujets de conversations, il reste toujours le sexe... et sur ce point nous sommes définitivement sur la même longueur d'onde. Et le sujet semble inépuisable...


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