27 mai 2001

Lundi demain. Journée que je vois venir à la fois avec impatience et appréhension.

Pourquoi impatience ? Parce que mes fins de semaines sont plates ces temps-ci. Pourtant celle-ci n'a pas été si mal. J'ai passé la journée d'hier dans un parc de la région de Chaudière-Appalaches, avec un ami de longue date dont j'ai déjà parlé ici. Soleil, chaleur, verdure, une rivière de montagne aux eaux fraîches, deux lièvres qui gambadaient dans un sentier, et très peu de mouches noires. Le paradis quoi. Et aujourd'hui, même si le temps fut plutôt moche, j'ai quand même eu droit à une belle éclaircie ce matin qui m'a permis de faire ma saucette matinale et de laisser ensuite le soleil me caresser de ses doux rayons.

Pourquoi appréhension ? À cause de toutes les choses que j'ai à faire cette semaine. Plus précisément: contacter mes assurances en ce qui a trait à ma voiture, faire le plan de charpente de ma nouvelle galerie et aller chercher un permis à la municipalité, contacter un contracteur pour faire couler les piliers de ciment...

À chaque fois que j'ai à prendre contact avec des inconnus pour affaires, je ressens toujours la même angoisse. C'est là l'une de mes plus grandes peurs, et certainement celle qui m'a nuit le plus dans ma vie. Quand je pense à tout ce que je me suis empêché de faire durant toute ces années à cause de cette timidité pathologique, c'est absolument effarant. C'est d'ailleurs de cette peur que vient mon talent particulier pour la procrastination.

Je crois que je devrai apprendre à accepter le fait que chaque fois que je voudrai entreprendre quelque chose d'agréable et de plaisant, je devrai inévitablement affronter un volet déplaisant. C'est comme pour mon lac. Chaque saucette matinale, surtout au début de l'année, est nécessairement accompagnée d'une sensation de froid intense.

Je n'ai jamais voulu avoir de chat chez moi, bien que j'adore les chats, car je n'ai jamais voulu accepter les responsabilités qui viennent avec. Même chose pour ce qui est de la possibilité d'avoir une conjointe, de fonder une famille. En voulant toujours rester libre, garder disponibles toutes les options, j'ai au contraire fermer la porte à mille opportunités de vie, pour la seule raison que chacune d'entre elles impliquait une certaine forme de restriction ou d'engagement.

Mais à quoi sert donc la liberté si, pour la conserver, on doit sacrifier même son propre bonheur ?

J'ai toujours tellement tenu inconditionnellement à ma liberté qu'à la fin c'est tout ce qui m'est resté.

Prisonnier de sa liberté. Quelle cruelle ironie du destin.


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