30 mai 2001

Je suis un arbre sans racine. Un grand arbre en apparence majestueux et fier, mais qu'une toute petite rafale suffit à renverser.

Voilà deux heures que j'écoute du Portishead et du Massive Attack. Je me sens excessivement "planant"...

Je me sens aussi vide d'énergie depuis deux jours. Mon tempérament a toujours été intimement lié à la température. Et si ce n'était de cette magnifique verdure printanière qui colore les montagnes par chez moi, on se croirait de retour en automne.

Je me demande combien de temps la femelle merle qui a fait son nid dans l'arbre à côté de mon entrée va prendre avant de s'habituer à mon va-et-vient quotidien. Chaque fois qu'elle me voit apparaître, elle continue à quitter le nid en catastrophe et à se précipiter dans un arbre voisin en laçant son cri d'alerte, appelant à la rescousse sont conjoint qui rapplique presque aussitôt et se joint à elle dans sa tentative futile de me faire fuir par ses menaces.

Bien sûr, comme je finis toujours par quitter les lieux, ils doivent se dire que finalement leur tactique a réussi.

C'est drôle, je me sens comme drogué en ce moment. Pourtant je n'ai pris ni drogue ni alcool. Tout au plus ai-je consommé pour souper quelques morceaux de goberge qui ont peut-être séjourné un tantinet trop longtemps dans mon frigo.

Ne vous en faites pas pour moi. Comme je l'ai souvent dit ici j'ai un système immunitaire à toute épreuve, et un aliment suffisamment avarié pour envoyer la moyenne des gens directement à l'hôpital ne me causerait probablement que quelques brûlements d'estomac. Et ce poisson que j'ai mangé était encore très loin d'en être rendu là !

Mes relations virtuelles me pèsent ces temps-ci. Cela me fait d'ailleurs réaliser que, dans la vie virtuelle comme dans la vie réelle, j'ai tendance à me détacher très vite des gens que je ne fréquente pas de façon régulière. Je n'ai pas toujours été ainsi. Je crois que j'ai développé cette attitude au fil des années comme moyen de défense en réaction à l'intensité de l'attachement que je ressentais pour mes ami(e)s et qui faisait fuir beaucoup d'entre eux. En fait, c'était une façon pour moi d'apaiser ma crainte de m'engager, sachant que je pourrais rapidement me détacher de ces gens pour qui je ressentais des émotions si intenses, et qui me faisaient si mal lorsqu'ils m'abandonnaient...

Mon journal en ligne ne m'apporte pas grand chose ces temps-ci. Je ne parle pas ici de l'écriture proprement dite, mais plutôt du fait de le publier sur le web. Je ne sens plus d'interaction, d'échange, de partage. Je me sens comme si j'écrivais dans un petit cahier comme je le faisais autrefois. Je sais toujours consciemment qu'on continue à me lire, mais je ne le "sens" plus.

Ce n'est peut-être qu'une phase. Espérons-le, car j'aime vraiment beaucoup écrire ici, même si de plus en plus cette nudité de l'âme me pèse.


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