6 mars 2001

Mouais...

Ça ne sera pas facile...

Je m'étais bien décidé à parler à Consoeur aujourd'hui. Je voulais lui proposer de jaser. Simplement jaser. Pas nécessairement aujourd'hui, mais quand ça nous conviendrait à nous deux, quand nous aurions assez de temps pour nous sans être dérangés.

Je suis allé la voir ce soir au labo, en fin de journée. Ça m'a pris tout mon courage, mais j'ai fait un homme de moi. Nous étions seuls, l'occasion était idéale. Elle a été tout à fait accueillante. J'ai commencé par essayer d'aborder le sujet du malentendu de la semaine passée. Je ne relaterai pas les détails de notre conversation, mais disons que si je voulais résumer en une phrase ce qu'elle en a dit, cette phrase serait: "Quel malentendu ?".

Bref, elle a feint l'ignorance. Elle semblait toute surprise que je lui parle de cela, car selon elle il ne s'était rien passé de particulier entre nous la semaine dernière. Et elle était si convaincante que je suis presque tombé dans le panneau. Elle a presque réussi à me faire douter de moi, à me faire sentir mythomane et un peu parano, à me convaincre que je m'imaginais tout ça. Bref, que le problème était dans ma tête.

Mais pas cette fois.

Ce n'est pas dans mon imagination si elle m'a systématiquement fui pendant des mois à partir de mon retour de voyage dans les Adirondacks. Ce n'est pas de la paranoïa si elle est la seule personne au travail avec qui je suis incapable de m'entendre. Si je paranoyais, j'aurais des problèmes avec tout le monde, et pas seulement au travail.

Elle cherchait simplement à éviter le problème. Elle ne voulait pas l'aborder avec moi en face d'elle. Elle cherchait à se mettre en position de supériorité face à moi, elle cherchait à contrôler la situation. Par le passé, lorsque nous avions eu un différent et que je faisais les premiers pas, elle ne niait jamais le problème. Mais je la contactais toujours par écrit; et un courriel ce n'est pas menaçant. Cette fois j'étais là, en face d'elle. Et son attitude m'a fait réaliser à quel point ce que je représente à ses yeux la rend mal à l'aise. Pour résumer les choses simplement: je la terrifiais. Et elle se devait de ne pas le laisser voir, de se montrer stoïque et en contrôle. Comme je l'ai déjà dit souvent, c'est une femme extrêmement intelligente et elle savait exactement quoi me dire, quelle carte jouer, quelle attitude adopter pour garder le contrôle de la situation.

Cette femme est phénoménalement orgueilleuse. Bien plus que moi. Je ne croyais pas ça possible.

Une chose est claire: Elle voit chaque rencontre, chaque échange avec moi comme une confrontation, une confrontation qu'elle se doit de gagner.

Il semble de plus en plus évident que cette femme est profondément blessée.

Comme je le disais plus haut, ça ne sera pas facile.

Je vais devoir l'apprivoiser comme un animal blessé.

Ça va demander un tact fou.

Mais je n'en ai pas moi, de tact...

Ça se vend en pilules, ça ?


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