4 novembre 2001

J'ai compris pourquoi j'ai tant de difficulté à répondre à ceux et celles qui m'envoient des courriels, alors qu'il est si facile pour moi d'écrire ici.

Quand je répond à du courrier, je ne peux pas écrire n'importe quoi, ça va de soi. Je dois écrire quelque chose qui ressemble à une réponse, quelque chose qui soit en rapport avec ce que la personne m'a écrit. Logique.

Cela demande un certain effort, celui d'écrire au sein d'un cadre, à l'intérieur de certaines limites. Bref, cela représente une certaine contrainte.

Et vous connaissez tous mon problème avec les contraintes...

Quand j'écris ici, j'écris ce que je veux, quand je veux, comme je veux. Je parle de ce qui me plait, quand bon me semble. Liberté totale.

Bref, écrire ici est un acte d'égoïsme absolu, avec lequel je me satisfais moi d'abord, et accessoirement ceux et celles qui me lisent. Alors que quand je répond à du courrier, c'est d'abord pour faire plaisir à l'autre.

J'ai beaucoup plus de facilité à prendre qu'à donner, finalement.

Je ne peint pas de moi un portrait très reluisant, je dois l'admettre. Mais bon, le but premier de ce journal est de me montrer tel que je suis, à vous, mais surtout à moi-même. Si on se ferme toujours les yeux sur soi, on n'est pas près de changer.


Et puis il y a quelque chose dont je veux parler ici depuis des semaines et à laquelle je n'arrive jamais à m'astreindre.

Il y a une diariste que je ne lis plus depuis des mois. Je n'ai tout simplement pas eu le choix d'agir ainsi. Je commençais à développer une obsession malsaine à son endroit. Et ça m'écoeure. Ça m'écoeure de ne pas avoir pu entretenir avec elle des rapports plus sains, plus normaux, d'autant plus que c'était l'une des diaristes dont j'appréciais le plus les écrits. Ce qui n'arrange pas les choses c'est qu'elle est plutôt prolifique. Chaque fois que je vois qu'elle a fait une mise à jour sur le site de la CEV je suis toujours terriblement tenté d'aller voir, d'aller jeter juste un petit coup d'oeil. Mais je résiste. Je suis bon pour ça, résister à la tentation. Un vrai petit prêtre, le Laqk. Je pensais qu'avec le temps ça deviendrait plus facile, mais non. Je suis comme un alcoolique devant une bouteille, un ex-fumeur devant une cigarette. Ça ne deviendra jamais plus facile. Sauf le jour où elle cessera d'écrire.

Enfin, l'important, c'est que ça ne devienne pas plus difficile.

Voilà, c'est dit. Ce qui m'inquiétait le plus, c'est que cette diariste me lise encore (ce dont je doute), se reconnaisse et soit blessée par mes propos.

Mais il fallait que ça sorte, donc je prend le risque. Encore un geste de pur égoïsme.


Quelle soirée ?

Ah oui, la soirée costumée d'hier ?

Plate. Plate Plate Plate Plate Plate.

Et pour une fois, je ne me sens même pas coupable de dire ça.

Il y avait beaucoup de monde, pour la plupart des inconnus, des confrères et consoeurs de travail de JG. Moi et notre petit groupe faisions un peu rejet. Ce qui n'aidait pas les choses, ce groupe de monde ne voulait danser que sur de la vieille musique des années 80 et rien d'autre. Et vous savez ce que je pense de ce genre de monde...

Et en plus, en toute franchise, je dois admettre que JG manque réellement de classe. Et ça parait surtout lorsqu'il a un petit verre dans le nez. Et apparemment, il a tendance à s'entourer de gens qui lui ressemble.

Pour faire une histoire courte, à un moment donné, il nous faisait presque honte...

Je dis "nous", parce que je ne suis pas le seul de cet avis. Plusieurs des autres membres de mon groupe partageaient mon opinion. Pour une fois je ne me sentais pas seul, isolé.

Le Papa m'a reparlé du souper de dimanche passé, où il m'a mis son bébé dans les bras sans avertissement. Il m'a avoué qu'il avait fait exprès pour me mettre mal à l'aise, s'attendant à voir son bébé se mettre à pleurer à l'instant. Et il m'a lui-même avoué, sans même que j'en aie fait mention, qu'il est resté extrêmement surpris de constater que son rejeton n'a absolument pas eu la réaction attendue.

Et Lolita ? Et bien elle était déguisée en sorcière. Une sorcière pour laquelle j'aurais aisément vendu mon âme, tant elle était désirable.

Nous avons à peine parlé, et seulement de banalités. Aucune allusion à la semaine passée. Il y avait un malaise entre nous.

Crotte de bique.

Bref, je suis parti tôt. D'après ce que j'ai appris de Copine tout à l'heure, les autres m'ont imité peu de temps après, laissant la gang de collègues de JG livrés à eux-mêmes.

Et une fois arrivé chez moi, j'ai dormi comme un bébé.


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