3 novembre 2001

Me croiriez-vous si je vous disais que la raison que m'a donnée une femme que j'ai connu il y a quelques années pour rejeter mes avances, c'est qu'elle me trouvait trop gentil ? Étrange, j'ai toujours cru que c'est exactement ce que toute femme recherchait, des hommes gentils, des hommes francs, honnêtes, intègres, fidèles.

Je suis bien naïf de croire ça, n'est-ce pas ?

L'honnêteté, l'intégrité ne sont pas récompensés en ce bas monde. Seuls la fourberie et l'hypocrisie le sont.

Je sais que ce que j'affirme là est gros, et probablement non conforme à la réalité, mais néanmoins c'est souvent ainsi que je me sens. J'ai toujours accordé dans ma vie beaucoup de valeur aux qualités nobles, parce qu'on m'a élevé ainsi, en m'inculquant des valeurs fondamentales d'honnêteté, d'intégrité et de respect. Et qui plus est, c'était également le genre d'homme que je voulais être. Et je croyais, naïvement peut-être, que ces qualités allaient m'aider à grandir, à m'élever spirituellement, et à faire de moi un être aimable, un être bien dans sa peau et dont on aimerait et rechercherait la compagnie.

Mais regardez autour de vous, comme je me force à le faire maintenant, les yeux grands ouverts, sans idéaux ni préjugés, et vous serez bien obligés d'admettre que la réalité est toute autre.

Parce que la réalité, c'est qu'un "bon gars", en général, c'est "plate". Et que ça ne séduit personne. En fait, la plupart du temps, ça passe totalement inaperçu.

Les femmes auront beau, à l'instar de la Scrib, condamner les LEFs, les mettre au pilori sur la place publique, elles ne pourront jamais nier que ces hommes qu'elles condamnent vertement ont généralement beaucoup de succès auprès de la gente féminine, et qu'ils accumulent les aventures amoureuses comme un collectionneur accumule les timbres.

Normal, me direz-vous. Ces hommes fourbes et malhonnêtes arrivent à leur fin par la tromperie, la manipulation et le mensonge, pour ensuite laisser à plat leurs pauvres victimes éplorées lorsqu'ils ont obtenus ce qu'ils voulaient.

Vraiment ?

Leurs victimes n'auraient-elles pas une petite, une toute petite part de responsabilité dans ce qui leur arrive ? Ne serait-il pas plus conforme à la réalité d'affirmer qu'une des raisons pour lesquels ce genre d'homme ont tant de succès auprès des femmes, c'est qu'une proportion non négligeable de ces femmes trouvent ces hommes séduisants, tout en sachant exactement à quel genre d'homme elles ont à faire ?

Moi, dont le lectorat est majoritairement féminin, j'ai l'impression d'être en train de scier la branche sur laquelle je suis assis...

Mais tant pis. Je continue sur ma lancée.

Relisez le billet où la Scrib (ne le prend pas personnel ma chère, mais tu es simplement le meilleur exemple que j'aie à ma disposition...), parle de sa rencontre avec son fameux LEF. N'essayez pas de me faire croire que j'ai été le seul à deviner exactement de quel genre d'homme il s'agissait (prenant comme témoin mon propre journal), simplement par la brève description qu'elle en faisait dans ses pages... Et vous voudriez me faire croire qu'elle-même n'en savait rien ? Allons, un peu de sérieux... Les femmes sont généralement beaucoup trop intelligentes et lucides pour ne pas voir ce qui saute aux yeux de n'importe qui d'autre. À preuve, si votre meilleure amie arrivait devant vous, un LEF à son bras, vous n'auriez besoin que de trente secondes pour réaliser exactement à quel genre d'homme vous avez à faire.

Vous voulez donc vraiment savoir comment éradiquer les LEFs ? La réponse est simple: Cessez de les trouver séduisants. Cessez de les dénoncer publiquement, pour ensuite vous jeter dans leurs bras dès que personne ne regarde. Cessez de faire montre à leur endroit d'une indulgence qui frise l'obscénité. Cessez de confondre arrogance et confiance en soi.

La sélection naturelle fera le reste.


Bon. Dans quelques heures je vais me rendre à cette soirée costumée chez JG. Ça ne me tente pas trop. Pourtant, j'adore les soirées costumées. Enfant, je n'ai jamais passé de porte à porte le soir de l'Halloween pour ramasser des friandises. Et ce n'est pas parce que mes parents me l'interdisaient, bien au contraire. Mais ils ne m'y ont jamais forcé non plus, et cela ne m'attirait tout simplement pas.

C'est à l'adolescence que j'y ai pris goût. Moi et mes amies de l'époque faisions toujours un party de sous-sol à chaque année à l'occasion de l'Halloween. Tout le monde se costumait. Personnellement, je n'ai jamais loué ou emprunté un costume, je les fabriquais moi-même. Il m'en reste encore quelques uns d'ailleurs. Je vais recycler l'un d'entre eux ce soir.

Je n'ai pas envie de revoir Lolita. Je n'ai pas envie de savoir comment les choses se sont passées. Je n'ai pas envie de savoir si elle est en amour ou non.

L'ignorance est réconfortante.

Elle doit le savoir aussi. Ce n'est pas pour rien qu'elle ne m'a pas parlé de cette histoire.

Bon. L'heure est venue d'affronter ma peur encore une fois.

Ça ne devient jamais plus facile d'une fois à l'autre.


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